Soirée rétro [Amélie]

Une soirée sur le campus. Ça faisait longtemps qu'il n'y en avait pas eu et je dois dire qu'en voir une me fait extrêmement plaisir. Je commençais à tourner en rond entre les cours, les révisions et l'apprentissage de mon texte pour la représentation de fin d'année du théâtre. Bref, m'aérer l'esprit et faire une petite fête ne peut me faire que du bien. J'ai donc pris soin de m'habiller simple et de façon à pouvoir me sentir à l'aise. Le thème de la soirée étudiante étant "soirée rétro", j'ai cherché dans les vieilles affaires que ma mère a gardé de mon père voir si je pouvais trouver de quoi me vêtir sans avoir l'air d'un plouc. Et me voici donc dans une tenue fin des années 70 début des années 80 un peu Hippie, un peu baba cool et franchement en accord avec tout le monde à la soirée. Personne ne semble faire tache là au milieu.
La musique par contre c'est un truc d'enfer. Des tas de tubes vieux comme personne mais qui ne semblent pas démodés le moins du monde. Je dirais même que celui qui se trouve aux platines a trouvé un bon filon ! ça bouge, ça balance, ça rock à mort même ! Un réel plaisir. Si Tia était là ça lui plairait certainement. Mais voilà elle est en tournée en Europe depuis un mois maintenant et si son absence me parait longue, j'ai de moins en moins de mal à sortir avec des potes pour m'amuser un peu. Sauf ce soir, Tim et Jimmy m'ont fait faux bond au dernier moment. A cause de leurs parents qui ont trouvé qu'un week-end ensoleillé est propice à redécouvrir les joies de la sortie en famille. Bref c'est aussi pour ça que je me suis pointé seul à cette petite soirée !

« Au moins y'a du monde ! »

Me faire bousculer par les filles pour me faire remarquer ? C'est ma marque de fabrique. A vrai dire, j'essaie toujours de m'arranger pour qu'il y en ait une qui me rentre dedans à un moment ou à un autre et généralement ça marche toujours. Au départ ce sont des excuses polies presque gênées, puis lorsque la glace a un peu fondu ça passe mieux.

« Ce n'est rien, ce n'est rien ! Y'a pas de mal ... toi non plus ?»

Non parce que c'est bien beau de se mettre au milieu pour se faire bousculer, mais il y a parfois des couacs avec ce genre de technique. Il se peut que la personne qui vienne à me rentrer dedans se fasse vraiment mal et là je te dis pas comme ça craint. Commencer une rencontre par une grosse contusion c'est jamais marrant. Mais cette jeune femme avec ses yeux ...

* Verts ! *

Oui verts, un vert intense qui s'illumine à la lumière des projecteurs. Avec ma tenue rétro je dois avoir l'air presque naze ... mais sans doute pas plus que lorsque je me présente :

« Moi c'est Bastiàn ... sympa comme soirée non ? »

Et oui, seul ! Complètement seul même. Sans doute même que c'est une des raisons qui m'ont poussé à venir ici sans quoi je ne serais peut-être jamais venu. La solitude et l'envie de voir un peu de monde, de m'aérer l'esprit et de vivre un truc sympa.

« Seul oui. Et toi ? »

Je la tutoie pour la seconde fois, je me permets puisqu'elle s'est permis la même chose et qu'au final c'est une soirée étudiante où on est là pour faire des rencontres alors autant oublier les formalités d'usage.

« Je recherche une cavalière qui voudrait bien danser un peu avec moi ... mais personne pour l'instant. »

Enfin, danser est pas franchement le plus important pour moi, mais je vais pas lui avouer ça de but en blanc directement dans la conversation. Je pense que ça serait mal venu.

Parler de moi à la troisième personne, voilà quelque chose à laquelle je ne suis pas vraiment habitué. Mais passé l'instant de surprise, je lui réponds avec un large sourire

« Et bien pourquoi pas ... je suis pas un très bon danseur ... »

Mais je me débrouille tout de même. Tia m'a appris à un moment donné, puis on s'était inscrits ensemble à un cours de salsa avant que nos études nous prennent tout notre temps. Enfin, les études et ses auditions aussi, mais là c'est autre chose.

« Mais je me défends ... Ça te plait la musique rétro comme ça ? »

A la base c'est pas mon style, mais au final je dois bien avouer que j'aime bien ce mélange de rythme beat box et de mélodies au synthétiseur. Un truc hors du temps, et au final qui donne envie de bouger !

Moi ? J'aime bien, mais surtout parce que ça me rappelle l'époque ou ma mère et mon père étaient ensemble. Les années 80 et leurs tubes disco parfois pourris mais indémodables. Je ne le montre pas trop même si ça a un effet euphorisant sur moi.
Je suis Amélie au milieu de la piste de danse et tente de danser tant bien que mal

« Disons surtout que j'ai de bons souvenirs de ces musiques ... »

Et c'est vrai que cela se remarque dans ma danse, je me déhanche d'un côté et de l'autre sans trop me prendre au sérieux et le sourire au lèvre fait que bientôt tout ceux qui nous entourent semble tout aussi joyeux que je ne le suis ! Étrange !

« Viens ! »

Et d'un coup je l'entraine par la main, dans une danse qui ne ressemble à rien du tout mais où nos bras tournent et volent au dessus de nos têtes, on dirait presque une chorégraphie, mais totalement improvisée.
Un vrai plaisir.

Et me voilà donc, en train de danser, ou plutôt de gesticuler sur une piste de danse. Mais visiblement ça ne semble choquer personne de voir un mec tel que moi se déhancher de la sorte. Il y en a même qui finissent par m'imiter. Ou alors ils sont aussi mauvais que moi, ce qui me rassurer un petit peu.
Amélie pour sa part semble prendre son pied, elle ondule avec cette grâce infinie et je dois dire que c'est très plaisant à regarder. Très très plaisant même !

« On dirait que ça te plait ça !!! »

Je me demande alors ce qu'il y a d'autre qui lui plait dans la vie. Pas seulement d'un point de vue intime, mais général. Ça me dirait plutôt bien de faire plus ample connaissance avec elle; mais lui avouer tout ça de but en blanc dès le premier soir ça fait dragueur qui sait pas s'y prendre. Mais qui sait, ça peut aussi lui plaire ?

« Tu as vraiment l'air à l'aise ! »

Bah oui j'aime, j'aime même plus que je ne me le serai jamais imaginé en fin de compte. J'essaie de lui répondre quand un gars vient la collé de très près, juste derrière elle.

« J'aime bien moi aus... »

Amélie se trouve à présent vraiment très près de moi et je dois dire que je suis quelque peu pris au dépourvu. Pas que cette proximité me dérange, loin de là, mais j'avais prévu que ça se passe autrement.
* Mais bon puisqu'elle est là *
Je pose mes mains sur ses hanches parce que sinon en remuant comme je remue je risque de lui donner un coup et forcément ça me rapproche tout près d'elle.

* Trop près ? *

Seule la suite me le dira, j'espère juste pas passer pour un profiteur ! Même si la tirade suivante est digne des plus mauvais dragueurs de la planète toute entière :

« Alors comme ça t'es mannequin ? »