no rest for the wicked . niels björk

Au moment où la sonnerie de mon micro-ondes retentit, je posai immédiatement mon pinceau. Ma journée de travail était terminée et ma toile bien entamée. Hormis mon yoga du matin qui avait été troublé par les frasques sexuelles de mon voisin, dont les partenaires ne faisaient pas dans la discrétion et dont les cris semblaient traverser les murs, j’étais plutôt contente des heures qui venaient de s’écouler. J’avais été productive et, pour une fois, je n’avais pas envie de jeter ma toile à peine la peinture posée sur le châssis. J’attrapai ma part de pizza chaude dans la cuisine et vint avec délectation m’installer dans mon canapé. J’allais enclencher un épisode de True Blood quand soudain un gémissement, probablement venu de l’hyper-espace tant il était ridiculement aiguë et long, vint casser ma soirée.
— Mais c’est pas vrai ! maugréai-je à haute voix, c’est un lapin ce type, c’est pas possible !
J’augmentai le son de ma série mais même la voix stridente de Sookie Stackhouse ne parvint à couvrir le boucan qui venait de l’appartement d’à côté. Je n’avais rien contre le fait que quelqu’un prenne du bon temps, c’était naturel et sain, mais à ce rythme ça tenait de l’obsession. Deux fois, en une seule journée…et encore, c’était très loin d’être un record pour Niels Björk que je soupçonnai de tenir une véritable compétition de baise. Une chose était sûre, il était un bon challenger. Je montai le son à 50 et tant pis pour les voisins du dessus !
Quarante minutes plus tard, la porte de son entrée claqua. Au revoir, c’était sympa ! À la prochaine…ouais, c’est ça, à la prochaine.
Je soupirai.
Au moins, il ne remettrait pas le couvert dans la nuit, comme il lui arrivait parfois de faire. Souvent. Trop souvent. Et Dieu sait que j’a-do-rais me faire réveiller par les grognement d’une truie qui prend son pied à deux heures du matin…
La soirée passa, et à pratiquement vingt-trois heures, je décidai de sortir sur mon balcon pour observer les étoiles avec mon télescope. J’étais une passionnée d’astronomie, à tel point que j’avais plusieurs constellations tatouées sur les bras.
Hélas, je tombais nez à nez avec Niels qui, depuis son propre balcon, fumait sa cigarette à la belle étoile. A peine couvert. Là aussi, il fallait qu’il trouble ma paix. Ne regarde pas, Lys. Il n’est pas si beau que ça…ouais bon, ok, si, il est beau. Mais rappelle-toi à quel point c’est un con. Un petit con beau comme un dieu…
Je serrai les dents et m’avançai.
— Tu as pensé à utiliser un bâillon la prochaine fois ? Je suis sûre que ça pourrait pimenter tes ébats, et au moins ça ne ferait plus chier le voisinage…

On m’a toujours parlé de mon opiniâtreté. Combien de fois ai-je entendu les gens dire de moi que j’étais une fichue tête de pioche. Une gamine bornée qui refusait d’avoir tort. Mon frère s’amusait même à parier qu’on pouvait fendre un marteau sur mon crâne sans que je ne sente rien. À cet instant je tâchais de me rappeler de tout ça, de cette force de caractère qui faisait ma fierté car mes barrières, dès l’apparition du sourire en coin sur le visage de mon exécrable voisin, furent tout à coup sur le point de tomber. Merde, j’étais prête à me damner pour cette fossette qui creusait sa joue.  Je me serais giflé devant tant de niaiserie !
Reprends-toi, Lys !
Heureusement pour moi et ma santé mentale, Neils donna de l’eau à mon moulin. Quelle perche ! Je m’en saisi avec délice.
À mon tour, je lui servis mon sourire le plus enjôleur.
— Si je suis impressionnée ?
Je fis mine de réfléchir. Evidement, c’était déjà tout vu. Comment rater une occasion pareille ?
— Oui, clairement. Un talent comme celui là, ça n’est pas commun. J’hésite encore…suis-je bluffée par sa voix ou ses capacités de comédienne ? En tout cas, quelle coffre !

Il était doué, très doué…
Sa proposition en filigrane était comme une bombe lâchée dans le désert qu’était actuellement ma vie sexuelle.
Je me le représentai, soudain, nu et en sueur entre mes jambes tandis que ma propre tête se renversait dans une expression d’extase et que mes doigts agrippaient les barreaux du lit. Voilà que je m’imaginais gémir son prénom, saccadé entre deux souffles. L’idée était dangereuse, trop dangereuse. Ressaisis-toi, Lys, bordel !
Je ne pouvais pas céder. De nature gourmande, je n’envisageais pas de me contenter d’une seule morsure. Si j’y goûtais, il me faudrait la pâtisserie entière, avec supplément chantilly et plus de cerise sur ce délicieux gâteau que la décence ne l’autorisait. Si aucune de ses partenaires n’avait simulé, ce type était un roi. Avec une plastique et une audace pareille, cela n’avait rien d’étonnant. Si je succombais, je ne saurais me contenter d’une seule fois. Il m’en faudrait encore, et encore, et encore…jusqu’à me rendre folle, le corps vibrant et le visage baigné de larmes de plaisir. Si je succombais, je me brûlerais les ailes. C’était certain.
Croisant les bras sur ma poitrine, davantage pour cacher la pointe dressée de mes seins que pour me donner une constance, je m’approchai lentement. À présent, seule la rambarde de nos deux balcons nous séparait.
— Je pourrais, dis-je en gardant les yeux fixés sur sa bouche moqueuse, si je ne craignais pas ne passer à côté de ta performance optimale. La journée, pour toi, a été éreintante, n’est-ce pas ? Qui choisirait de se contenter des restes quand on peut avoir toute la pièce montée ?
Le rembarrer aurait été trop facile, trop attendu. Non, au lieu de ça je préférai lui montrer que j’étais tout à fait capable de jouer sur son terrain. Je n’étais pas si candide et douce que mes yeux rêveurs et mon sourire le laissaient entendre.
— Enfin, encore faudrait-il que j’en ai envie…

Il avait la sensualité d’un guépard, les muscles roulants sous sa peau avec une volupté folle, donnant presque vit à ses tatouages. C’était divin à regarder et une torture de s’interdire d’y toucher. Il se rapprochait, dangereusement. Si je cédai, j’allais me laisser dévorer, c’était une certitude. On ne retrouverait de moi que la carcasse, avec, autour, les plumes que j’avais laissées dans un moment d’abandon total. Tant pis ? De l’endurance, je savais qu’il en avait a revendre, il l’avait déjà prouvé à plusieurs reprises, à mon grand damne. À mon tour je m’avançai, à tel point que mon bassin se colla à la rambarde. Nous ne pouvions pas être plus proche, du moins pas sans amorcer les hostilités. À cette distance, je percevais déjà la chaleur de son corps et une chose était certaine : il avait le sang chaud.
— Et s’il s’avère que je suis insatiable ?
Langoureuse, je plantai mon regard dans le sien. Ses iris semblaient de feu, bouillonnant comme de la lave en fusion. De l’index, j’effleurai avec lenteur le tatouage qu’il avait sur la main et remontai doucement sur l’avant bras.
— Et si je ne veux plus m’arrêter, s’il me faut dévorer jusqu’à la dernière miette ?
Je touchai à peine le biceps, puis l’épaule. Je me demande un instant ce que signifie cet œil tatoué et capture à nouveau les prunelles de mon voisin.
Un sourire en coin fend mon visage d’ange.
— Prendrais-tu ce risque ?

À sentir ce souffle brûlant sur ma peau, à imaginer la caresse de sa langue, j’étais prête à me damner sur six générations rien que pour que ça ne s’arrête pas. Mes seins, lourds de désir, ne réclamaient que ses mains. Tout mon corps hurlait pour être à lui. Lorsqu’il s’éloigna, ce fut comme s’il déroba une partie de mon âme, qu’il me l’arracha littéralement et je réprimai un gémissement terrible de frustration. Le sang battait dans mes temps et à entre mes jambes, si fort que c’en était douloureux.
Malgré tout, j’affichai une moue faussement désolée.
— Oh c’est dommage, oui.
Je pinçai les lèvres et fit claquer ma langue, toujours dans l’exagération.
— Alors que de mon côté…je n’attends personne. Je m’apprêtais plutôt à aller prendre une douche, en fait. À moins que…
Je me hissai sur mes bras et vins m’asseoir sur la rambarde, basculant mes jambes, que ma robe d’été laissait nues, de son côté.
—…tu n’aies quelque chose de plus alléchant à me proposer ?
Je ponctuai mon invitation d’un sourire gourmand, espiègle. J’en voulais plus, il n’étais pas difficile de le comprendre.

Ses gestes étaient étonnamment doux, malgré une légère rugosité sur les doigts, dues probablement à la pratique de a guitare. Je l’entendais souvent jouer, cela n’avait rien d’étonnant. En vérité, cette légère callosité avait quelques d’agréable et d’excitant. Je ne parvins à retenir un frisson lorsqu’il s’aventura sous ma robe et serrai les dents pour ne pas le supplier de continuer. Je souris, amusée.
— Alors comme ça tu veux voir mon intérieur ? plaisantai-je en riant.
Une de mes mains glissa sur son épaule et remonta sur sa nuque où je plongeai mes doigts dans la base de ses cheveux. Le défiant du regard, je m’approchai comme pour l’embrasser et stoppai net ma course à la lisière de ses lèvres.
¬— Moi aussi, j’en crève d’envie…
De mon autre main, je cramponnai sa ceinture et tirai dessus jusqu’à le faire buter contre la rambarde tandis que je repassai de mon côté.
— Tu me suis ?
Je me mordis la lippe et m’éloignai jusqu’à la baie vitrée.

Il avait remarqué ma peinture, un bon point pour lui. Non pas que je tienne réellement des comptes, mais c’était agréable de voir mon travail complimenté. Je préparais une exposition, avec des toiles, comme celle que j’étais en train de peindre, très abstraites, en clair-osbcur. Je suivais du regard ses doigts qui jouaient avec la bretelle de ma robe, je commençai à avoir du mal à respirer correctement. Humidifiant mes lèvres, je laissai mes iris migrer dans ceux de Niels, dont les pupilles dilatées trahissaient l’excitation. Il avait l’air d’un chat, prêt à bondir sur sa proie. Sans le quitter du regard, je glissai innocemment une main sous ma robe, puis sous l’élastique de mon sous-vêtement que je laissai finalement tomber au sol.
— À toi de me le dire…
Je m’approchai de lui et du plat de la main sur son torse, je le forçai à reculer jusqu’à ce qu’il bute contre ma table en bois massif. Sans me départir de ma bouille d’ange, je laissai descendre mes doigts sur ses muscles abdominaux. Comme assoiffée, je l’embrassai enfin, alors que d’une main habile, je passai la barrière de son pantalon. Aussitôt, un sourire s’imprima sur mes lèvres.
— Ah…je comprends mieux ! fis-je, taquine, avec un instrument comme celui là, il est normal de sortir de si belles notes…

La fièvre montait en moi, comme la lave un volcan près à l’éruption. Quand il me jeta sur mon lit et qu’il fondit sur moi à la manière un tigre à l’assaut je crus me liquéfier sur place, mais ce ne fut que les prémices des émotions que j’allais ressentir par la suite. Il embrassa mon corps avec une avidité et une douceur qui me fit sourire.
— Eh bien, je ne suis pas la seule gourmande dans la pièce à ce que je…
Ma phrase mourut dans un gémissement que je ne contrôlai pas. D’instinct, je plongeai la main dans les cheveux de Niels, agrippant leur base avec ferveur. Je relevai ma robe sur mon ventre pour lui donner plus d’aisance. Les dents serrées, la tête reversée, je ne cachai pas mon plaisir. Du talent, Niels n’en manquait pas, c’était une certitude. Je dus le forcer à relever la tête pour ne pas devenir folle. Je l’attirai à moi, et basculai mes jambes pour me placer sur lui à califourchon. Le regardant droit dans les yeux, lascive, j’ôtai complètement ma robe et la balançai dans un coin de la pièce pour enfin revenir à ses lèvres que j’embrassai et mordillai. À mon tour, je partis en exploration, dessinant un sillon avec ma langue, de la base de son cou jusqu’à son abdomen. Entre mes dents, j’attrapai un morceau de chair et mordis en gémissant, jusqu’à laisser ma marque. Mes doigts s’attaquèrent à sa ceinture, jusqu’à la déboucler, les boutons sautèrent en suivant et enfin, passant une main dans son boxer, je libérai son érection. Mes lèvres, immédiatement, glissèrent sur lui avec le désir de lui rendre le plaisir qu’il m’avait donné plus tôt.