Drôle d'impression! [L. Samuel Nightingale]

J’étais parti enquêter sur une tentative d’homicide à l’extérieur de la ville, plutôt loin, et cette affaire m’avait épuisé. Je me décidais donc à rentrer, à une heure non trop tardive pour aller me coucher après avoir bu une bière avec mon colocataire. Il fallait que je sois en forme, car demain, comme chaque jour, je me levais à cinq heures pour courir, même si en ce moment, le froid n’aidait en rien la communauté à se réchauffer. J’avais la musique qui tournait fort dans la voiture, ma belle Impala… Je ne l’utilisais que lorsque j’allais en dehors de Bowen car c’était une voiture que nous nous partagions à deux, avec Steeve. C’était sa voiture, mais en cas d’urgence, il avait la gentillesse de me la prêter. Et aujourd’hui ce fut le cas. J’écoutais It’s my life, de Bon Jovi, quand je vis, au loin, une jeune fille avec des feux de détresse faire du stop. Je fronçais les sourcils, et je me garais juste derrière, en allumant mes warning, pour éviter qu’une voiture me fonce dessus car bien entendu, il faisait nuit.

Je sortais de la voiture, en baissant la musique, et je m’approchais de la personne qui se trouvait en face de moi. « Je peux vous aider ? » Je regardais la voiture fumer, et je me disais, intérieurement, que Steeve aurait été meilleur que moi, il était concessionnaire… Les voitures… je ne m’y connaissais pas. Mais quelque chose de plus étonnant attira mon attention. Cette femme. Je pinçais mes lèvres et je la fixais légèrement sans pour autant insister et rendre cette femme mal à l’aise. « Je peux jeter un coup d’œil à la voiture, si vous voulez. » Et je m’approchais du capot sans attendre l’autorisation. J’avais vraiment une impression de déjà-vu qui me parcourait l’échine, créant de légers frissons qui me rendait un peu… étourdi.

«ce serait sympa!» répondais-je après l'avoir examiné d'un regard attentif. Je ne sais pas pourquoi, mais toute crainte d'avoir devant moi un homme méchant était parti en fumer. Il dégageait une drôle d'aura qui me donnaient une impression des plus étranges. C'était comme si une partie de moi le connaissait. Or, je n'avais jamais vu cet homme de ma vie! Je chassais cette pensée en le voyant aller vérifier sous le capot sans avoir attendu une réponse à... peut-être une question que j'avais manquée dans cette courte discussion. «Merci d'avoir arrêté... Cet endroit me donne la chair de poule!» disais-je en venant le rejoindre pour observer, sans vraiment me concentrer, ce qu'il regardait. Bien sur, je n, y connaissais pas grand-chose aux voitures et je n'avais encore moins l'envie de rester prisonnière de ce lieu s'il ne pouvait pas m'aider. D'après tout, qui transporte un matériel complet du parfait réparateur de voiture dans son coffre? Pas moi! «Vous croyez que c'est peiné perdue?» Lui demandais-je après quelques minutes de silence tout me penchant sans trop remarquer le peu de distances qu'il y avait entre nous. Encore une fois, une sensation m'envahit accompagnée d'un frisson anormal. Je me reculais d'un pas en détournant mon regard et décidant d'attendre sagement...

Je plongeais les mains dans le moteur, en cherchant le souci, et d’où provenait cette fumée particulière. J’encrassais mes doigts, mais je m’en fichais un peu. Si je pouvais venir en aide à quelqu’un, ce n’était que mieux. Et par les temps qui courent, qui sait ce que cette jeune femme seule aurait pu rencontrer au bord de la route. Elle avait de la chance d’être tombé sur moi. Je fermais les yeux et j’en profitais pour me concentrer. Il fallait me rappeler les cours de mécanique que m’avait donnée mon meilleur ami. Je commençais à comprendre le problème, et j’allais dans ma voiture chercher quelques outils que Steeve m’avait forcé à ranger. Il avait eu raison. « Je pense que vous devriez attendre ici pendant au moins trois quatre d’heure. Je vois d’où vient le problème mais je pourrais le réparer. » Il y avait une mauvaise fuite, et c’était un peu bête de laisser cette femme dans la mouise.

« Comment vous appelez-vous ? » Je frottais mon front du dos de la main, et je serrais les dents en tirant sur un fil qui avait du mal à se libérer. Je bouchais le trou avec mon doigt le temps de récupérer un torchon pour le maintenir avec du scotch, histoire d’avoir la paix pendant quelques minutes le temps que je me concentre sur le reste. Pourquoi ne pas faire connaissance avec elle tant qu’à faire ? Mais c’était troublant. J’avais l’impression de la connaitre, sans pour autant mettre un nom sur ce visage. Je tenais le capot d’une main, comme pour m’appuyer.

«D'accord!» Me contentais-je de lui répondre après qu'il m'avait annoncé qu'il pouvait réparer ma voiture dans environ un quart d'heure. Je lui adressais un joli sourire en guise de remerciement pour ce service. Surtout qu'il aurait pu repartir en me disant qu'il m'enverrait une dépanneuse dès qu'il aurait atteint la ville. «Lyvia Monroe et vous?» répondais-je en ouvrant la portière de ma voiture pour me pencher et fouiller dans le coffre à gant pour en sortir une lampe de poche. Bon s'il était un tout petit peu voyeur, il aurait pu profiter de la vue des formes de mon postérieur. Bref, je venais le rejoindre et un sourire s'affichait instantanément sur mes lèvres en le voyant appuyer sur le capot d'une main. Bah quoi, un homme c'est super-sexy quand ça fait un peu de mécanique et lui en plus... *Chut!* «Ça devrait vous aider à voir un peu plus...» Lançais-je en allumant la flashlight et en braquant la lumière où il devait effectuer les réparations. Je me retrouvais à nouveau tout près de lui sans toutefois être en position de lui nuire. «Vous excuserez votre petite copine de ma part pour vous faire perdre de vos temps.» disais-je en le regardant du coin de l'oeil pour voir une quelconque réaction. Mais pour être franche, je ne savais pas pourquoi j'avais besoin de savoir ce genre de détail. Peut-être que c'était une envie soudaine de l'inconnue qui me plaisait.

«26 ans et vous ?» Lui répondais-je en tâchant de voir après quoi il semblait forcer. Curiosité féminine quand tu nous tiens et surtout quand on ne connaît rien de ce qui se trouve dans le moteur de notre voiture. Une chose était sûr, c'est qu'il était vachement sexy et que j'aurais été pousser à le draguer si nous aurions été dans un bar au lieu de ce trou perdu. «aucun petit copain ne m'attend. J'ai juste mon chat qui doit avoir dévoré tout ce qu'elle avait à manger dans son bol.» disais-je en souriant et en détournant mon regard me sentant étrangement déconcentré. *Voyons Lyvia, tu ne le connais même pas et t'as des frissons. Une chance qu'il n'était pas un violeur ou autres, car tu serais une proie vachement facile!* «Je vous remercie pour l'aide... Attendez, je dois avoir une serviette dans mon sac de sport...» Lançais-je en ouvrant la portière arrière de ma voiture, mettant un genou contre le siège pour me pencher et attraper mon sac. *Voilà, encore une façon de se position devant une inconnue. Bravo ma grande!* Puis je me relevais en lui tendant une serviette, mais au lieu de lui donner, je venais la passer délicatement sur son front. «Désolée...» lâchais-je réalisant mon geste en lui donnant d'un geste un peu brusque la serviette et reculant d'un pas tout en le fixant. L'impression de le connaître était beaucoup trop forte et j'avais cette envie de réconfort. Ouais, vous savez se faire prendre dans ses bras! «Vous habitez loin?» Lui demandais-je.

La batterie était pleine, et je pouvais arrêter de charger, mais ça ne m’empêchait pas de rester ici. Je pouvais bien entendu partir mais je n’en avais aucune envie. Pour quelles raisons ne voulais-je pas bouger de là ? Aucune idée. Je voulais rester là, passer un moment avec Lyvia. Elle était si pure, si belle… elle m’attirait comme jamais on n’aurait pu me toucher auparavant. « J’ai vingt-neuf ans. Bientôt la trentaine. J’me fais vieux. » Je ris légèrement en levant les yeux au ciel. C’était vrai que j’arrivais à l’âge charnière de ma vie et c’était assez complexe. J’avais une situation professionnelle positive, un salaire convenable, mais je n’avais personne avec qui vivre une réelle histoire d’amour. Il serait temps pour moi de partir à la recherche non ? Pour l’instant, j’attendais que ça vienne tout seul.

Je me laissais faire quand elle approcha la serviette de mon visage. Comme si cette sensation était complètement naturelle et que je l’avais déjà vécu des centaines de milliers de fois. Je ne pouvais pas comprendre d’où venaient ces sentiments mais cela me perturbait énormément. Je n’en fis pas part à Lyvia car elle risquait de me prendre pour un fou, et je n’en avais pas vraiment envie. « Non, ça va… ça ne me dérange pas... » Je me rapprochais d’elle, le visage léger, comme si j’allais l’embrasser. Je pris sa main, mais je ne comprenais pas. Je m’arrêtais brusquement. Qu’étais-je en train de faire à l’instant ? Je ne la connaissais pas et elle… je la draguait ouvertement là. Elle allait me prendre pour un gros pervers, alors que ce geste à l’instant avait été très naturel, une habitude presque que je ne connaissais pas. Je fronçais légèrement les sourcils et je reculais d’un pas sans pour autant m’excuser. J’avais cette sensation de ne pas avoir besoin de le faire. « A une vingtaine de kilomètres. Vous voulez que j’appelle une dépanneuse pour votre voiture ? Vous vous sentez de rentrer de seule ? Vous voulez que je vous raccompagne ? » J’allais m’arrêter un jour ? Non, mon cerveau en avait décidé autrement.

«Tu vas te réveiller avec des cheveux gris!» lâchais-je en riant tout en m'imaginant parfaitement bien la scène et surtout le voir hurler en fillette devant le miroir en voyant la couleur de quelque s uns de ses cheveux. *J'ai vraiment l'air conne là!* Je reprenais vite mon sérieux voyant que je me laissais un peu trop aller devant cet homme que je ne connais même pas. Enfin, si... je me sentais proche de lui quand même. *Étrange!*

J'avais pris une serviette pour venir lui retirer les traces de moteur sur son front, mais ma conscience m'avait gentiment fait reculer. Puis, quand il s'approchait de moi d'assez près, mon souffle se retrouvait coupé un instant. *Bouge!* Pensais-je alors que j'avais le pressentiment qu'il allait m'embrasser. Sauf que, je restais immobile à le regarder droit dans les yeux. C'était comme si nous avions posé sa geste des millions de fois auparavant. Mais il se reculait en s'en savoir pourquoi, je laissais un soupir s'échapper de mes lèvres. «essaie de ne plus refaire ça!» murmurais-je en continuant de le fixer avant de détourner la tête gênée par ma demande. En fait, elle voulait plutôt dire qu'il n'aurait pas fallu me forcer la main pour céder.

«Woa! J'ai déjà le cerveau emmêlé et tu viens de l'empirer!» répondais-je un peu perdu dans ce qu'il venait de me demander. Visiblement, je n'étais pas la seule à me comporter comme une idiote ce soir. *C'est méchant ça!* Je levais le bras en faisant un pas vers l'avant pour venir poser mon index contre ses lèvres. «Chut...! Il n'y a pas de réseau dans le coin... mais se serait sympa de me raccompagner pour que je puisse faire venir une dépanneuse...» Lui disais-je en souriant en faisant glisser ma main jusqu'à sa joue sans trop réaliser mon geste. *Bon sang, c'est quoi cette force?* Quand on y pense, je devais être mignonne à voir et aussi n'importe qui pourrait penser que nous sommes ensemble... «Désolée... je ne suis pas comme cela d'habitude. Je préfères mettre des baffes!» Lançais-je tout en laissant ma main venir se poser contre son épaule et me soulevant un peu pour venir déposer un baiser sur sa joue. «C'est pour t'être arrêté!»

«Euh, tu sais que normalement, je t'aurais pris pour un fou avec ce genre de remarque? Mais... » commençais-je en me tournant pour pouvoir le regarder tout en venant m'appuyer le dos contre la portière. *Au moins je ne suis pas la seule folle ici présente.* Pesais-je en souriant. «Qui je suis? Euh... une secrétaire dans un cabinet d'avocats, qui vi seule avec son chat... » répondais-je finalement me disant que j'allais prendre une question à la fois. Bien sur, je me doutais que ce genre de détail ne lui dirait pas grand-chose et que la principale réinterrogation était de savoir pourquoi cette impression de déjà vue. «mais j'ai la même impression que toi et je dois avouer que c'est très embarrassant!» avouais-je en laissant ma tête tomber contre le dossier du siège tout en continuant de le fixer. Comment pouvais-je avoir cette impression alors que sa tête ne me disait absolument rien. Bah quoi, normalement j'ai une bonne mémoire des jolies bouilles que je rencontre et pour lui... c'était le vide total! «le pire, c'est que je ne me sens vachement pas en danger en ta compagnie... je dirais même que c'est plutôt un effet de... complément!» lançais-je en détournant mon regard et regardant la route devant nous. Pourquoi lui avais-je dit cela? Mais j'en sais trop rien moi! Tout ce que je sais, c'est que ça avait sorti tout seul et que je n'y comprenais absolument rien. «Étrange!» Marmonnais-je pour moi-même.

Je ne pouvais pas dire le contraire. J’étais très à l’aise avec cette femme, et je n’avais aucune idée du pourquoi. Je voulais juste qu’elle se sente en sécurité en ma compagnie et elle me confirma ce que je souhaitais. Je voyais que nous étions à une vingtaine de kilomètre de la ville, le temps me paraissant passer de manière trop rapide, et ça commençait à me gonfler. Je regardais de temps en temps dans le rétroviseur qui était tourné vers Lyvia. J’avais besoin de la voir, de la regarder, de voir ses yeux, ce qu’elle pense… « Je suis agent fédéral, moi. » Je souriais car il était vrai que mon métier était complètement différent du sien, et il fallait parfois que je concilie vie privée, vie publique, et ce n’était pas spécialement une facilité. Je devais me battre contre monts et merveilles et quand la famille s’en mêlait c’était d’autant plus compliqué de finir une affaire en cours. La course était tranquillement en train de suivre son cours, et je regardais mon téléphone. Aucun réseau. Les gens s’affolaient peut-être car c’était le jour de fin du monde, et devaient passer leur vie sur le téléphone a appelé leurs proches. C’était d’un ridicule… « Tu as passé ton enfance où ? Peut-être qu’on se connait du passé. » En fait, ça ne pouvait pas être vrai. J’avais passé mon enfance dans une cave à me faire torturer. Donc bon. Ca ne devait pas être ça, mais autant explorer toutes les pistes.

«Oh, c'est un bien meilleur boulot que le mien. T'as du courage, ce ne dois pas être toujours évident.» Répondais-je face au fait qu'il était agent fédéral. Alors, mettons le fait que je me sentais autant en confiance à cause de ce travail qu'il faisait. «Je viens de New York, la grosse pomme!» répondais-je en portant mon attention sur la route un bref instant avant d'attraper mon sac pour fouiller dedans et en sortir un sac de croustille. «Désolée, j'ai un petit creux qui me tiraille depuis quelques minutes... » M'excusais-je en lui en proposant tout en sortant une bouteille d'eau avec mon autre main. Bien sur, je ferais attention pour ne pas faire de dégât dans sa voiture. Des plans pour qu'il me déteste à mort par la suite et juste à cette idée, j'en avais des frissons. «Sinon, je suis allé dans une école privée tout le long de mes études... J'ai fait mon cours comme agente administrative, mais je ne suis pas encore prête pour ouvrir mon propre commerce. Donc je me contente d'un boulot de secrétaire...» continuais-je avant de prendre une gorgée de ma bouteille d'eau et sans trop réfléchir lui tendre pour lui en offrir. *Bravo, tu veux boire dans la même bouteille que ce mec!... Conscience, la ferme!*

J’étais allé une seule fois à New-York. C’était pour voir ma meilleure amie danser. Elle avait été juste exceptionnelle, tant j’avais aimé ce que j’avais pu y voir. La visite avait été courte, mais le parc géant avait été mon lieu préféré. J’aurais bien aimé y retourner une fois, mais en ce moment, le temps me manquait pour prendre ne serait-ce qu’un jour de congé. Donc je restais dans ma bonne vieille ville, à Bowen. Toujours à Bowen. Je plongeais ma main dans le paquet en remerciant d’un signe de tête ma passagère, et je fis croustiller la nourriture sous ma dent. Je passais ma langue entre mes lèvres, et je regardais dans mon rétroviseur. Il y avait une moto qui voulait jouer. Elle voulait accélérer mais je n’étais pas seul, je ne pouvais pas faire l’idiot car Lyvia était à mes côtés, mais la moto s’amusait à me narguer pour que je continue à rouler un peu plus vite. Sans réellement m’en rendre compte, j’accélérais légèrement. Mon Impala était puissante, donc je savais que j’allais gagner, mais je ne pouvais pas me permettre de faire le con. Je pris la bouteille d’eau pour boire à l’intérieur rapidement, et je la lui rendis. « Merci, c’est gentil. » Je passais une vitesse supérieure, et je respirais lentement pour me concentrer. La route était large, droite et lisse. Je pouvais accélérer sans rendre la situation dangereuse. « On ne s’est pas connu là, alors, j'ai été chez moi toute mon enfance. » Et je fronçais les sourcils. Comme un rêve éveillé, durant trois secondes, je voyais Lyvia dans une cabane, hurlant à la mort, transpirant, ma main dans la sienne, et je lui disais de respirer, que ça allait bientôt passer. Puis je revins à la réalité, et que je tournais d’un coup le volant car je déviais de la route. C’était quoi ça ? Je n’en avais aucune idée, mais nous avions failli avoir un accident. Je retrouvais la raison, et je ralentissais rapidement pour retrouver une vitesse constante. « Je suis désolée. Je ne sais pas ce qu’il m’a prit. »