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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 Home is wherever I'm with you || ft. Marcus

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MessageSujet: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptySam 3 Avr 2021 - 10:26

Les grains de sable se collaient à la peau de ses pieds au rythme du va et vient des vagues sur ses orteils, les branches des palmiers pliaient et murmuraient au gré du vent léger qui soufflait sur la mer, l’apaisant grandement. Elle regardait les rayons du soleil couchant sur la mer, laissant ses cheveux s’emmêler sans même y prêter attention. C’était cette plage, La plage de son mariage. Depuis combien de temps n’était-elle pas venue ici ? Depuis 9 ans, juste avant de partir pour Adélaïde, elle avait couru jusque là pour ramasser un coquillage. Ultime souvenir d’un passé heureux. Elle s’y était rattachée à ce coquillage, plus d’une fois, l’emmenant partout avec elle et aujourd’hui, elle rendait à la mer ce souvenir si lourd à porter. D’un geste hésitant, la jeune femme jeta le coquillage à l’eau dans un “plop” léger, le coquillage fut avalé par les vagues. “S’il revient sur le sable, je n’y vais pas… S’il s’en va, j’y vais.” dit-elle dans un murmure. Mais de quoi pouvait bien parler la jolie blonde ? Elle répéta encore un moment “S’il revient sur le sable, je n’y vais pas… S’il s’en va, j’y vais.” comme un adage magique. Mais il ne revint pas et la jeune femme tourna le dos à la mer d’un pas pressée, presque soulagée par cette décision qui semblait être celle du destin. Une semaine que l’infirmière était revenue, une semaine qu'elle se torturait l’esprit dans une chambre d’hôtel miteuse, une semaine qu’elle se saignait les pieds  à force de marcher toute la journée sur une moquette décrépit, se demandant si elle avait bien fait de revenir. 9 ans qu’elle était partie, qu’avait-elle espérée ? Être accueillie à bras ouvert ? Qu’on lui ouvrirait grand les bras sans lui demander de compte ? Elle était consciente que tout ça était chimérique et pourtant la partie complètement irrationnelle de son cerveau l’avait espérée. Elle posa la main sur la poignée de sa voiture et se laissa tomber sur le siège en soupirant, ou allait-elle bien pouvoir trouver Marcus ? Était-il seulement toujours à Bowen ? Elle était prête à retourner tout le pays pour le trouver, mais comment ? La jeune infirmière ne savait par où commencer, ses doigts fins tapotaient en rythme nerveux sur son volant alors qu’elle prenait la route vers le centre de Bowen. Alors qu’elle réfléchissait à 100 à l’heure, une devanture attira son attention. Mais bien sûr ! Elle pila et regarda un instant le pub, s’il y avait bien un endroit où elle était sûre de trouver une trace de Marcus, c’était au Elm Street. Qui ici, ne connaîtrait pas Marcus ? Même s’il était parti depuis longtemps, il y aurait forcément quelqu’un pour la  renseigner. La jolie blonde partie à la recherche d’une place et une fois sa voiture garée elle resta à regarder dans le vague un moment. Combien de temps ? Quand elle revint à elle, il lui sembla que des heures étaient passées, de lourdes heures lui pesant sur ses épaules. Et si jamais elle ne trouvait pas ce qu’elle cherchait ? S’il la rejetait ? Ce ne serait que justice. Elle tira sur le frein à main, enfila un pull et sortit de la voiture d’un pas décidé. C’était maintenant ou jamais, le moment de vérité, elle ne pouvait plus reculer. La main sur la porte du pub, elle hésita encore, ses doigts tremblaient, son cœur battait à tout rompre, s’il n’y avait pas eu autant de bruit, pour sûr tout le monde l’aurait entendu. Elle prit une grande inspiration et poussa la porte, la pénombre du pub l’enveloppa, elle cligna des yeux et dirigea son regard bleu vert vers le bar. Et c’était comme si toute la lumière des lieux était dirigée vers son mari, car c’était bien ce qu’il était, son mari. Neuf années avaient marqué le visage de Marcus et pourtant, il lui semblait qu’il était toujours l’homme qu’elle avait quitté. Une éternité semblait être passée quand Elle se décida enfin à avancer vers le fond du bar pour rejoindre Marcus au comptoir. Qu’allait-elle dire ? Que pouvait-elle dire ? C’était son époux et pourtant elle se sentait très loin de lui, ils étaient des personnes différentes désormais. “Bonsoir Marcus…” sa voix tremblait, les larmes obstruaient sa gorge et elle dut tousser “On peut parler ?”. Elle eut envie de se frapper “On peut parler ?”, sérieusement, elle n’aurait pas pu trouver mieux comme retrouvailles ? Mais ils n’étaient pas les personnages d’une comédie romantique, c’était la vraie vie, et il n’y avait rien de bien à dire après 9 ans d’absence.
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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyLun 5 Avr 2021 - 16:10

Les nouvelles allaient vite dans une petite bourgade comme Bowen. Et surtout quand elles servaient à alimenter les conversations de comptoir, comme au Elm Street. On avait commencé à en parler timidement en le regardant du coin de l’œil et en s’arrêtait dès qu’il s’approchait, Marcus l’avait remarqué, mais ce genre d’attitude l’agaçait fortement. Lui, même s’il adorait son bar, il détestait les cancans, si les gens voulaient parler, autant qu’ils discutent chez la coiffeuse, pas chez lui. Et puis on avait fini par lui demander timidement s’il savait. Non, il ne savait pas, du moins il ne se fait pas aux ragots, les deux premiers jours ça l’avait fait rire jaune, il dormait bien sur ses deux oreilles. S’était levé le troisième jour et toujours les mêmes bruits de couloir, il avait fini par se poser des questions. Ce genre de nouvelle, ce n’était pas la première fois qu’il l’entendait, à chaque fois c’était une connerie, jamais Elle n’était revenue, on avait finalement convenu que ce n’était qu’une coïncidence, une femme qui lui ressemblait, qui avait le même nom mais jamais ce n’était elle. Cette fois-ci pourtant ça devenait insistant, plusieurs personnes étaient d’accord pour dire qu’elles l’avaient vu en faisait leurs courses, sur la plage ou bien au coin d’une rue. Encore une fois, Bowen était petite, une fille comme elle ne passait pas inaperçue. Une semaine que la rumeur courait et depuis quelques nuits il ne trouvait plus le sommeil, les souvenirs de leur histoire, si belle et de son départ, si soudain, destructeur, se bousculaient dans sa tête pour le faire cogiter. Il cherchait restait de plus en plus tard derrière son comptoir pour éviter de devoir rentrer dans son petit appartement vide, même la douce compagnie de Newton et la soi-disant ronronthérapie ne faisaient plus leur effet sur notre homme. Il avait les nerfs à vif, le manque de sommeil, l’abus d’alcool, l’attente interminable, ce genre de cocktail détonnant et jamais très bon. Il ne l’avait pas cherchée, si elle était vraiment de retour, elle saurait où le trouver, si tant est qu’elle veuille le revoir. Parce qu’après tout, elle était partie comme une voleuse, elle avait piétiné tout ce qui faisait son mari, son cœur en première ligne, alors peut-être qu’elle n’était pas là pour lui. Ce soir là le bar n’était pas très plein, en semaine ce n’était jamais la foule du samedi, mais Marcus avait du monde avec qui discuter, ça lui suffisait. Il refaisait le match de rugby de la veille avec un habitué quand la porte s’ouvrit, l’équipe locale avait perdu de peu et une sombre histoire d’arbitrage chagrinait les deux hommes. Il remarqua bien une chevelure blonde qui s’approchait doucement sur sa droite, mais ce ne fut pas tant son apparence, elle aurait pu changer totalement de couleur de cheveux, de parfum, prendre du poids ou en avoir perdu, avoir changé de style vestimentaire, ça n’aurait pas empêché O’Brian de la reconnaître sans même la regarder. C’était une affaire de présence, d’aura, ce truc qui avait fait qu’il en était tombé amoureux le premier soir et qu’aujourd’hui il savait qu’elle allait le bouleverser à nouveau. Ainsi donc les rumeurs disaient vrai, alors elle était bien revenue. Il resserra un peu ses doigts sur son verre pour éviter à ses mains de trembler quand sa voix se fit enfin entendre, une voix tremblante qui le brisa. Pourtant il ne cilla pas, continuant sa conversation comme si Elle n’était pas là. Le client eut, lui, la délicatesse de se retourner sur elle et de la saluer en hochant la tête. J’vais te laisser, j’ai l’impression que tu as meilleure compagnie que moi là. Marcus souffla affichant un rictus indéchiffrable. Non, reste. Puis il osa enfin croiser le regard de la blonde, elle n’avait pas changé, elle avait sûrement vieilli, ça lui retirait un peu cette attitude de gamine fragile, ça la rendait plus femme, peut-être, mais qu’est-ce qu’elle était belle, ça ne changeait pas. Elle était parfaite et il la haït davantage. J’ai du travail, c’est pas le moment. T’as attendu neuf ans pour revenir, si tu as un truc à me dire ça peut bien encore attendre un peu. Il était dur, tant par ses mots que par son attitude glaciale. Il ne lui faisait pas de cadeau, lui aussi il avait vieilli, en neuf ans il avait changé, il n'était plus le gosse facile de l'époque, à présent il se protégeait avant tout.

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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyLun 5 Avr 2021 - 18:29

Elle aurait voulu que son pas soit décidé, plein d’assurance, qu’elle n’ait pas l’air d’une enfant en s’avançant vers le fond du bar. Mais c’était peine perdue, elle était terrorisée à l’idée de faire face à son mari. Que ferait-elle s’il ne comprenait pas la raison qui l’avait poussé à partir ? Et d’ailleurs comprenait-elle vraiment pourquoi elle avait pris cette décision ? Il lui arrivait de se regarder dans la glace en se demandant “Si c’était à refaire, le referais-tu ?” Chaque fois sa réponse était différente. En réalité, il lui était impossible de savoir si elle avait fait le bon choix ou pas. Avec des si on refaisait le monde, on mettait Paris en bouteille… Elle n’était plus celle qu’elle était il y a 9 ans, peut-être qu’a l’époque, avec sa maturité actuelle la jeune femme aurait géré la situation autrement. Peut-être que sa vie aujourd’hui en serait différente, ils auraient une maison, ils auraient des enfants, peut-être un golden retriever et un monospace. Une petite vie bien rangée de gens heureux, mais tout ceci n’était qu’un rêve qu’elle avait brisé. C’est parce qu’elle savait exactement ce qu’aurait fait Marcus qu’elle était partie, elle était sûre, au plus profond d’elle qu’il aurait juste cherché à l’aider, mettant sa propre vie et ses propres rêves de côté. Et aujourd’hui encore, elle se doutait de ce qu’il lui dirait, il lui reprocherait sûrement de n’avoir rien dit, d’être partie alors qu’ils auraient pu traverser ça ensemble. C’était vrai, mais à quel prix ? Aussi ne fut-elle pas étonnée de la réponse de Marcus quand elle demanda de sa voix tremblante s’ils pouvaient parler. Bien sûr qu’il n’allait pas lui sauter au cou, l’enlacer, lui dire à quel point elle lui avait manqué. Sa réaction n’était que justice et encore, elle se sentait plus accueillie qu’elle ne l’avait imaginé. La jeune femme ravala sa fierté, sa douleur et ses larmes et releva la tête avec dignité, un petit sourire poli pendu à ses lèvres “Je comprends… Je ne suis pas à ça près. Je vais juste… m’asseoir et attendre donc.” Voilà ce qu’elle était devenue, une femme raisonnable, il y a 9 ans elle aurait attrapé Marcus par le col, l’aurait tiré dehors et lui aurait déballé sans hésitation ce qui lui posait problème. Colérique, elle l’était toujours, impulsive et irréfléchie ? Beaucoup moins. Pendant quelques secondes, son regard se perdit sur le visage du barman, détaillant chaque ride, chaque pli, chaque petit recoin. Ce visage lui avait manqué, il était tout ce qu'elle avait attendu de retrouver pendant neuf ans. Mais la dureté de l'expression de Marcus la ramena à la raison. La jeune femme n'était plus en terrain conquis, détournant le regard elle passa une mèche derrière son oreille, petite habitude qui avait toujours trahis son malaise avant de finalement remonter son sac sur son épaule. Elle remercia gentiment l'homme avec qui discutait Marcus et leur tourna le dos pour cacher les larmes qui menaçaient de déborder de ses yeux. Après un rapide coup d’œil à la salle , la jeune femme se laissa tomber sur une chaise vide et d’un geste beaucoup moins maitrisé qu’une minute plus tôt, elle essuya rageusement ses yeux qui avaient débordé. L’infirmière éprouvait de la rage contre elle-même et en plus de cela, parmi toutes les tables qui s'offraient à elle, Elle avait instinctivement choisi SA table. Celle qu’elle avait occupé les soirs ou elle attendait patiemment la fermeture du bar pour rentrer avec Marcus, elle y avait travaillé des heures ses cours d’infirmière, elle y avait retrouvé des amis, elle avait discuté des heures avec Marcus assis juste en face d’elle quand ils en étaient encore à se tourner autour. Quelle ironie, qu’entre toutes, elle ait choisi cette table.
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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyMar 6 Avr 2021 - 22:44

Après qu’Elle l’eut quitté, Marcus avait vécu quelques jours de stupeur, sans comprendre ce qu’il lui arrivait, il était dans le déni de ce départ si soudain, si inattendu. Il croyait qu’elle reviendrait, qu’il y avait une raison valable qui l’avait fait quitter Bowen, le quitter lui. Parce que ce départ avec un autre homme ce n’était pas possible, ce n’était pas elle, il n’y croyait pas, il ne voulait pas y croire. Et pourtant les jours étaient passés et il n’avait plus eu aucune nouvelle, ses copains avait fini par le secouer, lui dire qu’elle ne reviendrait pas, qu’elle l’avait trompé puis quitté, comme ça, chacun allait de son anecdote pour lui prouver que ce genre de chose arrivait régulièrement. Marcus avait fini par se résigner et puis était arrivée la colère, violente, brute, il avait tout cassé chez lui, jeté tout ce qui appartenait à la blonde. Elle était son épouse, elle n’avait pas le droit de le quitte sans un mot, sans une explication valable. Et finalement, avec le temps, la douleur était devenue plus lancinante, il avait repris le court de sa vie, abandonnant ses études et sa brillante carrière, se dévouant corps et âme au Elm street, là seul où était sa place, beaucoup l'avaient traité de fou, d'irresponsable, lui, il avait enfin trouvé sa voie. Il avait continué, mais sans elle, le cœur vide qu’il ne voulait plus jamais recombler. Marcus était un homme séduisant et agréable, il aurait pu refaire sa vie, trouver une nouvelle femme à aimer, mais il n’en avait pas envie, il partait à présent du principe que tout le monde pouvait mentir, surtout les femmes. Il n’en était pas non plus aigri pour autant, Marcus avait cette sympathie naturelle, il allait toujours de l’avant, du moins c’était ce qu’il montrait à tout le monde, en façade, alors que derrière ses sourires il était brisé. Ce soir il était prévisible alors que Elle qui lui faisait face, il la rejetait, tout simplement, elle pouvait attendre, qu’il disait. Et elle attendrait donc. O’Brian était surpris, il croyait qu’elle quitterait son pub, mais elle n’en fit rien, avec la douceur qui semblait toujours la caractériser et une bonne dose de résignation, elle choisit une table. Ou du moins ce fut la table qui la choisit. Pas une simple table, comme on aurait pu croire, celle qu’il détestait depuis des années, il aurait pu la brûler, la virer, mais il l’avait gardé, comme souvenir de son bonheur perdu, il avait un côté tordu, Marcus. C’était leur table, c’était le début de leur histoire. Il ferma furtivement les yeux, Elle faisait tout pour que le vernis craque. Leo passait devant Marcus, il le demanda d’aller prendre la commande de la huit et de s’occuper de la cliente. La serveuse remarqua probablement son trouble, mais elle ne broncha pas. Puis le client du barman partit et petit à petit le bar se vida, Elle ne bougeait pas de sa place. Au fur et à mesure de la soirée Marcus lui lançait des regards, il espérait qu’elle parte. Et au fond de lui il avait envie de savoir ce qu’elle avait à lui dire qui ne pouvait pas attendre un jour de plus. Leo termina son service, il était quasiment minuit. Le bar était vide à présent, seule la blonde était là, toujours à la même table. Le temps avait dû lui paraitre diablement long, elle en avait, de la résistance face à son mari qui restait imperturbable. Marcus tamisa la lumière, se servit un verre de vieux rhum et il en déposa un devant Elle, tout en s’asseyant en face. Il resta quelques longues secondes silencieux, fuyant son regard, puis lâcha un long soupire lasse, il était épuisé par cette attente. De quoi tu veux parler ?

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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyMer 7 Avr 2021 - 14:35

Attendre, bien sûr qu’elle le pouvait, elle venait de passer neuf années à la faire, elle n’était plus à une minute près. Mais si elle s’en allait, trouverait-elle à nouveau le courage de revenir ? D’être rejetée encore ? De devoir partir à nouveau ? Pour revenir plus tard ? Non, il fallait qu’elle exorcise ses démons, elle devait alléger sa conscience tout de suite. C’était pour cela qu’Elle avait décidé de rester au pub pour attendre, de toute façon ou pouvait-elle bien aller ? Elle n’avait ni travail, ni logement, juste une chambre d’hôtel et un ordinateur connecté à un moteur de recherche d’emplois. Rien de palpitant, ni ici, ni ailleurs. La jeune femme n’avait pas eu de vie, elle s’était arrêté le jour ou elle était partie de Bowen, c’était donc logique que ce soit ici qu’elle reprenne. Mais sa vie ne pouvait pas reprendre son cours tant qu’elle ne parlerait pas à Marcus. Comment avancer définitivement si elle ne mettait pas les choses au clair avec son mari ? D’ailleurs pouvait-elle encore l’appeler ainsi ? Tout en triturant la bague qu’elle avait gardé à l’annulaire gauche, elle posa ses yeux sur le dos du barman en se mordant la lèvre inférieure. L’angoisse la gagnait. Et s’il avait refait sa vie avec une autre ? Est-ce qu’une femme occupait sa place dans leur lit ? Dans leur appartement ? L’avait-il gardé d’ailleurs ? L’infirmière ne se sentait pas légitime de se poser ces questions, elle l’avait quitté, il serait logique qu’il ait refait sa vie. Après tout, il devait la haïr. Mais c’était pour son bien, elle en était sûre. Le temps s’allongeait et Elle commençait à piquer du nez dans son coin. Depuis qu’elle était revenue à Bowen, elle dormait mal, son angoisse la tenait éveillée des heures et c’est ici, tout près de Marcus, qu’enfin elle se sentait au calme, son sommeil la rattrapait. Sa tête dodelinait doucement d’avant en arrière quand une main déposa un verre devant elle, à l’odeur c’était du rhum. La jeune femme leva les yeux vers Marcus et marmonna un remerciement. C’était si étrange de se sentir éloignée de la personne qui était censée être la plus proche d’elle. Mais c’était le résultat de ses choix. Il s’assit face à elle et pendant quelques secondes elle crut que son cœur allait lâcher. Ils n’avaient pas encore parlé, la jeune femme était pendue à ses souvenirs. Elle se revit se blottir sur les genoux de Marcus, quelques années plus tôt, quand des amis les rejoignaient et qu’il n’y avait plus assez de chaises, elle se revit à cette même table lui faisant une crise de jalousie pour une jolie brunette qui s’était montrée trop aventureuse, elle se revit l’embrasser tendrement. Leur histoire imprégnait ce bar. Enfin il parla et Elle ramena ses yeux sur le contenu du verre pour ne plus le voir. L’infirmière n’avait pas préparé de jolie discours convaincant, elle ne savait par où commencer, il y avait tant et si peu à dire. Elle prit une grande gorgée de son verre pour se réchauffer un peu et se remit à jouer avec sa bague avant de lever son regard vers Marcus “Je ne suis pas partie pour un autre.” La jeune femme ignorait pourquoi mais c’était la première chose qui lui était sortie de la bouche “En fait… Je l’ai fait pour toi.” Maintenant qu’elle l’expliquait, les raisons de son départ lui semblaient idiote. La jolie blonde n’avait qu’une envie, lui tendre les bras et venir se blottir sur ses genoux, comme elle l’avait souvent fait quand elle était jeune et qu’elle avait peur que son bonheur s’envole. Les bras de Marcus avait souvent été son rempart de protection contre le reste du monde “Je ne te demande pas de comprendre, mais je voudrais que tu m’écoutes.”  
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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyJeu 8 Avr 2021 - 22:29

Il avait jeté son alliance en même temps que toutes les affaires de son épouse. Il l'avait lancé rageusement dans la cuvette des toilettes de son appartement et avait tiré la chasse en quittant la pièce. Quelques minutes après il était revenu, le visage ravagé de larmes, plongeant son bras dans l'eau, se foutant de l'hygiène, cherchant à récupérer son anneau, il regrettait déjà, il faisait n'importe quoi. Mais là bague était déjà partie, une nouvelle salve de pleurs incontrôlables l'avait secoué, avant qu'il ne s'effondre, tête dans la cuvette, à vomir toute la bile, tout l'alcool avalé durant la soirée, toute sa misérable tristesse. Il n'avait plus d'alliance, plus de preuve physique de son mariage éclair. Pourtant il avait été heureux, ce mariage, idyllique, de cette journée si belle, à la veille du départ de Elle. Il l'avait épousée sur la plage, un lieu qu'il détestait mais qu'elle adorait, elle trouvait que c'était romantique, une cérémonie les pieds dans l'eau, lui il avait horreur du sable entre ses orteils. Et elle l'avait été, romantique, un peu bohème, avec sa robe légère qui volait dans le vent et leurs cheveux pleins de sel. C'était un souvenir parfait, cette journée, ces quelques personnes qui les avaient accompagnés, qui avaient été témoins de leur engagement, de cet amour si pur, si simple. Pour un mariage si bref. Personne n’avait compris la fuite de la blonde, mais outre l’incompréhension, le pire avait été la douleur et le vide, qu’aucun ami, même proche, qu’aucunes journées à rallonge au bar, n’avaient su combler. Seul le temps avait fini par l’apaiser. Et voilà qu’Elle venait tout réveiller. Assise à cette table où ils avaient connu leurs plus jolies heures, leurs soirées les plus animées, Marcus la maudissait déjà. Il avait réussi à avancer dans sa vie, pas à se soigner d’elle, mais à oublier et elle semblait s’en moquer totalement, elle, si belle, imperturbable sur son bout de chaise, elle avait décidé qu’il était temps qu’ils parlent et O’Brian comprenait déjà qu’il ne s’en débarrasserait pas tant qu’elle n’aurait pas dit ce qu’elle avait à lui dire. Ce soir, Elle avait face à elle un Marcus au regard sévère, il ne comptait pas lui faire de cadeaux, puisqu’elle ne l’avait pas épargné, neuf ans plus tôt. Il allait l’écouter mais il ne comptait pas pardonner. Il serra la mâchoire quand elle commença. Les souvenirs de cette soirée affluaient, cette seule nuit qu’il n’avait pas passé au Elm, cloué au lit, il l’avait pourtant attendu de longues heures, peinant à trouver le sommeil, mais incapable de se lever à cause de la fièvre. Il avait imaginé qu’elle s’était trop soulée ce soir-là et qu’une copine avait dû la ramener avec elle, il avait imaginé plein de choses, mais jamais le pire, parce qu’il lui faisait confiance, jamais elle ne pourrait le tromper… Il avait vite déchanté, le lendemain. Il soufflant en coulant un regard suspicieux sur elle. Tu l’as fait pour moi, hmm … c’est vraiment ce que tu veux me faire croire ? Non parce qu’il y a une dizaine de témoins de cette soirée, de cet homme qui t’a abordée au bar. Alors tu vois, j’ai déjà été l’homme le plus stupide au monde à croire que tu m’avais vraiment aimé, mais je ne suis plus aussi naïf. Il passa une main nerveuse dans sa barbe naissante, quelque part il savait que c’était plus complexe que ça, mais il n’était pas sûr de vouloir entendre cette vérité, il se bornait donc. Les faits sont les faits. Etrangement, face à elle, c'était l'homme pragmatique, scientifique, qui ressortait pour mieux se protéger.

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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyVen 9 Avr 2021 - 16:24

Ce soir-là, il y a neuf ans, Elle était partie sans rien, juste les affaires qu’elle portait sur elle, son sac à main ou il y avait toujours une photos de Marcus et le coquillage ramassé sur la plage avant de quitter Bowen. Cet homme, il était vrai que la jeune femme l’avait suivi sans hésitation, il n’avait pas eu besoin de dire grand chose pour convaincre Elle de le suivre. Des créanciers malhonnêtes, c’était tout ce que sa mère avait trouvé pour avoir de l’argent à mettre dans ses paris. La jeune femme avait passé son enfance à côtoyer ce genre de malfrats quand elle vivait ou rendait visite à sa mère, elle prenait très aux sérieux leurs menaces. Peut-être que si elle avait parlé de sa véritable identité, de sa véritable histoire à Marcus, il aurait été plus facile pour Elle de ne pas s’enfuir sans un regard en arrière. Mais elle avait préféré le protéger, rembourser ces dettes illégales et s’éloigner de lui. Cet homme ? Elle ne l’avait vu que 3 fois, quand il était venu la chercher au Elm Street alors qu’elle s'apprêtait à partir rejoindre Marcus chez eux, une autre fois quand elle avait perdu son emploi et qu’elle n’avait pas payé pendant un mois, ça n'avait pas été joli, et une dernière fois, le jour où elle s’était acquittée de la somme que devait sa mère. Ce visage avait hanté ses cauchemars des années durant, jamais il ne l’avait quitté, il ne la quitterait sûrement jamais. En tout cas, la jeune infirmière était partie avec lui certes, mais elle savait pertinemment que ces gens-là ne se contentaient pas d’un “non”. Elle les avait vu petite fille menacer sa mère de lui faire du mal à elle, si elle ne payait pas ses dettes. Hors de question d’infliger ça à Marcus, à Eve ou à qui que ce soit de son entourage. La jeune femme se rappelait ce soir-là dans les moindres détails, ses amis étaient partis, elle terminait son verre s’apprêtant à aller prendre soin de son mari alité et il était entré. Les gens n’avaient retenu que ça “Elle est partie avec un autre homme.”, avaient-ils vu qu’il était assez âgé pour être son père ? Avaient-ils vu la terreur dans le regard de la jeune femme ? La tristesse ? Les gens aimaient modifier les événements comme cela leur convenait. Il aurait suffit d’une main la retenant, d’une parole, pour que la jeune femme craque, mais non, les gens avaient préféré la regarder partir, interloqué, allant de leur médisance. C’était bien plus facile ainsi, comme ça avait été plus facile pour elle de partir et de tout perdre que de faire du tort à ses proches. Selon la jeune femme, il n’y avait pas de solution idéale, elle avait fait au mieux. Aujourd’hui, alors qu’elle regardait l’homme assis face à elle, sur cette table qui leur appartenait, elle regrettait d’avoir raté ses neufs années auprès de lui. Mais si elle était restée, peut-être qu’il ne serait plus là ? Peut-être que tout le monde aurait souffert ? La jeune femme n’avait pu se résigner à faire du mal à ceux qui étaient le plus précieux pour elle. Alors bien sûr, il avait le droit de la haïr, de penser ce qu’il voulait d’elle, mais elle lui devait la vérité. Les paroles de Marcus l’atteignirent en plein cœur, bien sûr qu’il allait croire les autres, comment lui en vouloir ? Elle lui avait brisé le cœur. Mais quand il remit en question l’amour qu’elle avait éprouvé et éprouvait encore pour lui, l’infirmière eut un sursaut de dépit et se redressa vivement appuyant ses deux mains sur la table dans un bruit sourd “Est-ce qu’ils t’ont aussi dit que cet homme aurait pu être mon père ? Est-ce qu’ils t’ont dit à quel point j’étais terrorisée ? Les gens ne voient que ce qui les arrange !” Elle se laissa tomber sur sa chaise et de ses deux mains, ramena ses cheveux blonds en arrière en soupirant, elle devait se calmer. L’infirmière relâcha ses cheveux qui s'éparpillèrent en cascade dorée sur ses épaules “Bien sûr que je t’aim… T’ai aimé. Et je comprends que tu en doutes.” La jolie blonde attrapa son sac et après quelques secondes, sortit une carte d’identité à son nom d'origine, Elle, Andrea, Garner, et la fit glisser jusqu'à Marcus “Voici la vérité. Toi qui aime les faits.” Tout du moins une partie de la vérité, mais il fallait bien commencer l’histoire quelque part.
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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyLun 12 Avr 2021 - 14:49

Même plus jeune, Marcus n’avait jamais été du genre à se fier aux rumeurs ou aux paroles des autre, il écoutait, il se faisait sa propre opinion et généralement, il se fiait à son instinct, celui-ci le trompait rarement. C’est pourquoi, quand Elle était partie, il avait mis du temps à accepter que ce soit pour un autre, ou même qu’elle ne revienne pas, jamais. Parce qu’il sentait bien que quelque chose clochait. Il aurait pu creuser, la chercher, il aurait dû. En vérité il avait essayé, mais il n’était pas vraiment du genre détective, il ne connaissait personne qui puisse l’aider et il avait donc rapidement fait chou blanc. Cette histoire de tromperie, plus le fait qu’il ne trouve aucune piste de son épouse, tout avait mené à ce qu’il se résigne à croire qu’elle ne l’avait peut-être jamais aimé, que leurs quelques années d’idylle avaient été un mensonge et, surtout, qu’elle ne souhaitait pas qu’on la retrouve, pas lui en tout cas. Il avait fini par croire ses amis qui étaient tous là, cette soirée-là, elle avait passé du temps avec un autre, il semblait l’avoir captivé, peu importe qu’il ait été plus vieux, étranger à leur cercle, peu importe qu’ils n’aient pas cherché à creuser, à l’en détacher, ils avaient vu, ils savaient, puisque lui ne savait pas. Il s’était donc enfermé dans son monde, dans son bar, dans sa carapace de tristesse, là où il se sentait en sécurité. Il n’avait jamais quitté Bowen, à quoi bon ? Il aimait sa ville, il y avait ses repères, ses amis, il ne voyait pas bien à quoi ça le mènerait d’aller voir ailleurs. Alors il était resté dans sa ville, son cocon. Jusqu’à ce qu’elle se décide à revenir. Quelque part il s’y attendait, au fond de lui il savait, il espérait tellement, qu’elle revienne un jour, même s’il savait que ce serait destructeur. Il accueilli sa colère avec un sursaut, il savait qu’elle était bien plus impulsive que lui, plus passionnée aussi, alors ses deux mains qui frappèrent la table ne le surprirent pas, mais il était tard, il était fatigué. Il se redressa sur sa chaise, avant de se rencogner contre le dossier de sa chaise en buvant une nouvelle lampée de son poison ambré. Qu’est ce qu’ils en savaient, de tes goûts, peut-être que ça te plait, les hommes plus âgés. Elle n’aurait pas été la première à succomber aux charmes de la sagesse, de l’expérience, d’un homme qui en aurait vu d’autres, qui aurait su lui parler, la faire chavirer. Qu’est-ce qu’il en savait, lui aussi ? Il ne savait rien, il ne savait plus rien depuis qu’Elle était partie, il pensait la connaître par cœur et pourtant elle l’avait planté, alors… Il soupira. Ce geste avec ses cheveux, toujours le même malgré les années, ça lui fit mal, parce qu’il s’en souvenait, c’était ce genre de détails qui le brisaient, qu’il se rappelle, qu’il n’ait pas oublié. Et que ça le subjugue toujours autant. Merci de le comprendre ! Marcus se montrait sarcastique, c’était pour se protéger, pour lui faire un peu mal, aussi. Il se demandait bien où cet échange allait mener, quelle était cette fameuse vérité. En la regardant fouiller dans son sac il arqua un sourcil, curieux, dubitatif. Il esquissa un rictus amusé, toi qui aimes les faits, elle n’avait pas tort. Il regarda le bout de plastique qu’elle avait glissé face à lui, lisant son nom, sans comprendre au départ. Puis il fronça les sourcils. Garner ? Il crut au départ qu’elle avait changé d’identité, en l’épousant elle avait pris son nom et ils n’avaient pas divorcé, est-ce qu’elle se serait remariée ? C’était impossible. Son regard naviguait entre le nom et la photo, celle-ci était bien trop ancienne elle devait avoir quoi, dix-huit ans, pas plus, ça ne collait pas. Ton nom c’est Harper. C’est quoi ce bordel Elle ? Il commençait à s’agacer, s’il adorait les problèmes scientifiques, il détestait les énigmes, elle jouait avec ses nerfs, avec ses souvenirs, il voulait qu’elle lui parle clairement.

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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyMer 14 Avr 2021 - 11:22

Durant neuf années, Elle s’était raccrochée à ce regard gris-bleu. Les yeux de Marcus ne lui avaient jamais paru froid, pour elle, ils avaient la couleur de l’océan qu’elle chérissait. Parfois, ce regard était doux, comme une ribambelle de vagues qui vient lécher le sable chaud, apaiser les consciences, parfois il devenait orageux, agité comme une tempête en pleine mer. C’était ce qui l’avait subjugué dès le début, cela la subjuguait encore. Elle se fichait bien de la manière dont il la regardait, il la regardait c’était le principal. Ses yeux se posaient sur elle, peu importait qu’elle y lise de la haine ou de la rancœur, elle avait tellement désiré revoir ces yeux qu’elle était prête à accepter tout jugement de valeur de leur part. La blonde n’avait pas passé un jour durant ces neuf années, sans repenser à Marcus et à ses yeux couleur océan. Des occasions de refaire sa vie, Elle aurait pu en avoir si elle s’y était ouverte, mais la jeune femme ne l’avait jamais désiré. Elle avait épousé Marcus, pour le meilleur et pour le pire, elle étant le pire et lui le meilleur. Pas un seul instant, l’infirmière n’avait désiré mettre fin à ce mariage, il était son point d’ancrage, son port d’attache, la lumière au bout du tunnel. Bien qu’elle ait toujours su qu’il ne serait jamais facile de revenir à Bowen. Il était évident que sa vie d’avant ne serait plus, que Marcus la rejetterait très certainement, qu’Eve lui en voudrait, peut-être même Asher refuserait-il de la regarder en face. Mais il n’y avait qu’ici qu’elle se sentait chez elle, tant pis si elle devait affronter les fantômes de son passé un par un avant d’être de nouveau heureuse. Mais une question la hantait, serait-elle jamais heureuse un jour ? Alors que Marcus parlait de nouveau de ses goûts en matière d’homme, la jeune femme en doutait fortement. Il avait raison dans les faits, c’était à ça que ressemblait sa fuite, une fugue amoureuse et rocambolesque. Pourtant il n’en était rien, mais elle ne chercha pas à l’en convaincre davantage, elle espérait que la suite des révélations suffirait à lui ouvrir les yeux sur cette histoire. Aussi préféra-t-elle se calmer et lui glisser sa vieille carte d’identité. Il ne pourrait remettre en question ce genre de document. Le trouble que la jeune femme vit dans le regard de Marcus qui parcourait cette carte, lui fit de la peine. Au final, Elle avait l’impression de lui avoir toujours menti “Garner c’est mon nom de naissance, j’en ai changé à dix-huit ans pour Harper car je ne voulais pas que mon passé me suive jusqu’à Bowen.” La blonde inspira profondément et se prit la tête entre les mains avant de continuer son histoire “A l’époque je ne jugeais pas important de te dire que j’avais changé de nom, ce qui importait c’était qui j’étais. Je ne croyais pas un instant que ça m’apporterait des ennuis jusqu’ici.” Elle se redressa et attrapa son verre pour en boire une grande gorgée, ses joues commençaient à chauffer, mais elle avait besoin de rallumer le feu du courage pour affronter le regard de Marcus qu’elle évitait depuis qu’elle avait commencé à parler de son passé. “Mon père, je n’ai jamais su qui il était et ma mère et bien, je lui ai été retiré à l’âge de 6 ans. C’était une parieuse compulsive, elle s’endettait toujours plus, parfois auprès de gens honnêtes… Et d’autre fois…” Un souvenir enfoui de son enfance lui remonta désagréablement tout le long de sa colonne vertébrale, déclenchant un frisson de dégoût dans tout son corps. La jeune femme plongea son regard dans celui de Marcus, elle aurait voulu que ce simple contact oculaire suffise à lui révéler toute la vérité, mais elle devait parler, elle le savait. “D’autre fois, il s’agissait de créanciers malhonnêtes. Ces fois-là, elle n'était pas en mesure de me protéger. Quand ces histoires sont remontées aux oreilles de l’assistance publique, j’ai été placée. Tout ce que je t’ai raconté ensuite est vrai. Les multiples foyers et mon arrivée ici... tout ça c’était vrai, à la différence que ma mère était bien vivante.” Elle se mit à gratter le bois de la table du bout de son ongle et acheva “Elle est décédée il y a neuf ans.
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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyLun 26 Avr 2021 - 14:28

Marcus ne ressentait aucun soulagement dans le fait que Elle soit de retour à Bowen, il l’avait pourtant espéré, rêvé, un temps, avant de se résigner au fait qu’elle soit partie pour de bon. On pouvait dire ça, pour de bon, quand l’absence et le silence frôlaient les dix années. Depuis qu’il avait accepté, Marcus avançait, à sa façon, fragile, mais fort d’apparence, il n’espérait plus grand-chose de l’amour, en vérité il était même heureux qu’il le laisse tranquille, ça faisait moins de mal, les potes, son bar, sa petite vie rangée, ordonnée, c’était tout ce qui comptait pour lui à présent. Alors le fait qu’elle soit là, face à lui, ce soir, ça foutait tout cet équilibre en l’air, ça faisait mal, plus qu’autre chose. Avec le temps il avait presque fini par oublier les détails, le manque, le quotidien à ses côtés. Et elle, en toute innocence semblerait-il, foutait un grand coup de pied dans toute cette vie de solitaire, comme s’il n’y avait qu’elle qui comptait, Elle et cette vérité qu’elle semblait tellement vouloir clamer. Sauf qu’il n’en voulait pas, Marcus, il était trop tard pour expliquer, il ne voulait pas remuer tous ces souvenirs. La rage s’était petit à petit, avec les années, transformée en une tendresse relative quand il repensait parfois à leur bonheur, au moins, il avait aimé une fois, il pouvait cocher cette case. Mais l’avoir ce soir dans son bar faisait ressortir la colère, cette rage sourde et violente qui ne l’avait jamais totalement quitté. Et quand il parlait, sans savoir, de son type d’hommes, il ne souhaitait qu’une chose, lui faire mal, au moins un peu, l’égratigner, pour qu’Elle ressente ne serait-ce qu’une once de ce qu’il avait pu ressentir à cause d’elle. Il aurait pu se défouler encore un peu mais elle n’était pas là pour ça et elle ne releva pas sa dernière réflexion. De toute façon à quoi bon, c’était il y a si longtemps, ça paraissait presque ridicule finalement. Elle, bille en tête, sortit sa pièce d’identité pour que son mari s’en tienne aux faits, aux preuves, puisqu’il était si terre à terre. Alors bien qu’il n’eût pas envie d’entendre sa version de l’histoire, il s’énerva rapidement, il ne comprenait pas où elle voulait en venir, quitte à parler, qu’elle le fasse clairement. Il l’écouta alors, fronçant tanto les sourcils, passant tanto sa main dans sa barbe, dubitatif. Il se permit même un petit rire amer qui sortit du fond de sa gorge alors qu’il l’observait boire une grande lampée de son rhum, le sien face à lui était tristement vide, déjà. Pas important ? Lors de notre première rencontre, d’accord. Mais quand on s’est dit qu’on allait passer devant le maire, ça ne t’a pas traversé l’esprit qu’il aurait été judicieux de m’en toucher deux mots ? Il bouillonnait, plus elle parlait plus tout en lui n’était que colère, il avait chaud, il avait envie d’un nouveau verre. Il comprenait surtout que le mensonge, quel qu’il soit, avait commencé bien avant sa fuite neuf ans plus tôt, tout dans leur histoire était mensonge. Il crevait d’envie de se lever mais il resta à la fixer quand elle plongea son regard dans le sien pour bien lui faire comprendre qu’elle était sérieuse, que c’était ça, la vérité. Et quand elle eut terminé, elle s’attendait visiblement à une réaction d’O’Brian, il se contenta de soupirer, il avait besoin d’assimiler de reformuler dans sa tête, d’être sûr de comprendre. Pourtant une chose, une seule, revenait sans cesse, son histoire était horrible, terrible pour une gamine. Mais en fin de compte ce n’était pas ça qu’il voyait, lui. Il hocha la tête et se leva, passa derrière le bar pour récupéra carrément la bouteille, ils en auraient bien besoin. Qu’est ce qui me dit que tu me dis la vérité aujourd’hui ? Ta pièce d’identité tu aurais pu la trafiquer, à priori tu sais faire. Il ouvrit les bras en la fixant avec un regard hautain. Et quand bien même, admettons que je te crois. Qu’est ce qu’il y a de si terrible dans ton histoire pour que tu n’ais pas trouvé bon de m’en parler ? En quoi tu te sentais si peu en sécurité auprès de moi pour ne rien me dire ? Je t’ai parlé de ma mère, de mon absence de père, tu sais tout de moi, tu sais tout de la fusillade à laquelle j’ai assisté ici, au Elm, de mon obsession pour ce bar depuis ce jour. C’est quand même quelque chose de confier tout ça. Et toi, tout ce temps, tu m’as menti sur toi, à cause d’une histoire d’argent ? Le ton montait, la colère grondait en lui, elle ressortait telle une mauvaise bile, il lui en voulait, tellement, d’être partie, d’être là ce soir, de ses mensonges, de poser sur lui ce regard si tendre et si dur à la fois. Il avait besoin de la haïr pour ne pas finir totalement fou.

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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyJeu 29 Avr 2021 - 0:21

Elle avait bien espéré que son amour pour Marcus s’amoindrisserait avec le temps, qu’il serait moins intense, qu’il la prendrait moins aux tripes chaque fois qu’elle penserait à lui. Elle avait espéré qu’elle finirait par y penser avec tendresse, comme un doux souvenir d’un passé heureux. Mais elle n’avait jamais pu s’y résoudre, parce que chaque fois qu’elle y pensait, une douleur intense lui vrillait l’estomac, lui compressait les poumons, la faisant parfois tomber à genoux. C’était ainsi que les crises d’angoisses avaient recommencé, quelques semaines après être partie de Bowen, lorsqu’elle avait réalisé qu’il lui faudrait bien plus que quelques mois pour régler ses soucis et qu’elle ne reverrait sûrement jamais Marcus. La jeune femme avait toujours fait des crises d’angoisses, du plus loin qu’elle s’en souvienne. Elles étaient apparues alors qu’elle était encore enfant, chaque fois qu’elle était seule et que l’on frappait à la porte. Une sorte de symptôme post-traumatique. Ces crises lui donnaient l’impression de mourir doucement, de ne plus pouvoir ni bouger, ni respirer ou même penser. Elles n’avaient jamais cessé mais elle avait appris à vivre avec. Et puis Marcus était arrivé dans sa vie et les crises avaient disparu. Et elle l’avait aimé, elle avait aimé cet homme pour toutes les petites choses qu’il faisait, pour la manière qu’il avait de la regarder comme si elle était la plus belle femme au monde, de tourner les pages de ses livres, dont ce pli se formait entre ses sourcils quand il se concentrait, dont sifflait son nez quand il dormait… Alors quand la jeune femme avait seulement songé à laisser tout cela partir, les crises étaient revenues et ne l’avaient plus quittées. La blonde était revenue, parce qu’il le fallait, il n’avait jamais été question d’une autre solution pour elle. Tant pis s’il la rejetait, elle pourrait peut-être avancer. Le laisser partir. Mais dans le fond, la jeune femme savait qu’elle en serait incapable. Elle l’écoutait parler, le rhum faisait son effet, elle s’échauffait un peu et maintenant, la chaleur qui colorait ses joues lui montaient à la tête. La blonde ne buvait presque plus depuis des années, alors le peu d’alcool suffisait à lui tourner rapidement la tête. Elle finit son verre d’une traite et se pris la tête dans les mains, cherchant ses mots “Je n’étais plus cette personne là. Je voulais être Elle Harper ! C’était la personne que je m’étais construite !” La jeune femme se radoucit et fronça les sourcils, retenant ses larmes “C’était la personne que je voulais être… Pour moi et pour toi, je voulais être Elle Harper parce que je ne voulais plus être celle que j’étais avant. C’était mon départ, ma vie a commencé là, je ne voulais pas de ce passé, il semblait appartenir à quelqu’un d’autre.” Peut-être ne pouvait-il pas comprendre cela, ce besoin d’abandonner qui elle était pour être qui elle voulait être. Son but n’avait pas été de lui mentir, elle voulait sincèrement qu’il rencontre Elle Harper. En l’entendant parler, elle n’avait qu’une envie, le prendre dans ses bras, faire un rempart de son corps contre toute cette douleur qu’elle lui avait infligée, mais elle savait que rien ne serait suffisant pour effacer la peine qu’elle lui avait faite. La jeune femme le suivait du regard, retenant de plus en plus difficilement ses larmes. Elle ne voulait pas pleurer, c’était trop facile, comme si elle utilisait cela comme une arme contre son mari. La colère qui émanait de lui la faisait frémir, elle ne l’avait jamais mise dans cet état, mais c’était légitime et pour être tout à fait honnête, elle s’était attendue à pire. Alors qu’il passait derrière le comptoir pour prendre une bouteille, Elle se leva et attrapa son poignet dans ses doigts délicats. Il était chaud et elle était si fraîche, toujours ces contrastes entre eux, lui si grand et sombre, elle si petite et lumineuse. Pourtant Marcus était loin d’être sombre, sauf en cet instant. Ce contact, neuf années qu’elle l’attendait, et il l’a fit frémir si fort qu’elle le lâcha aussitôt, dans un sursaut, comme s’il l’avait brûlé. “Je sais bien tout ça... Mais c’est parce que je me sentais en sécurité avec toi que je suis partie ! Je sais exactement ce que tu aurais fait Marcus !” Ses larmes coulaient pour de bon en même temps que ses paroles “Tu aurais tout pris sur toi ! Tu aurais arrêté tes études, tu aurais payé ces dettes ! Tu aurais pris les coups à ma place ! Comment j’aurais pu t’infliger ça ? Au nom de quoi j’aurais pu t’infliger ça ? De notre amour ? Vraiment ? Qui laisse son amour se faire taper dessus ? Qui laisse sa famille se faire maltraiter ? Je ne voulais pas te faire subir ce que moi j’avais subis ! Était-ce si mal que ça, dis-moi, de vouloir te protéger ? Et Eve ? Et les autres ? Alors oui je suis partie et oui je vous ai fait souffrir, mais crois-moi, je nous ai épargné le pire !” Et pourtant, elle comprenait cette rage, elle aurait éprouvé la même chose à la place de Marcus ou de Eve, mais elle savait exactement pourquoi elle avait fait ça. Par amour, et tant pis s’ils en doutaient. La jeune femme se laissa choir sur une chaise du comptoir et le fixa, sans savoir quoi faire ou dire, elle n'osait pas le toucher encore, rétablir ce contact.
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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyLun 3 Mai 2021 - 15:06

Cette fragilité qu’Elle voulait tant cacher, Marcus l’avait perçue, quelques rares fois, durant toute leur relation. Une fois lors d’un contrôle de police tout à fait banal, un test d’alcoolémie, coup d’œil aux papiers, il l’avait vue se crisper, sans comprendre. Une autre fois ce fut un cauchemar qui l’avait secouée, il l’avait sentie tremblante, contre lui, cette nuit là elle était restée longtemps inconsolable alors il l’avait serré du plus fort qu’il pouvait, pour qu’elle se sente en sécurité, pour qu’elle comprenne que, quoi qu’il lui arrive, il serait toujours son phare, inébranlable, pour la protéger ou seulement la soutenir. Il n’avait pas cherché à comprendre les raisons de ses angoisses, il se les était expliquées lui-même, avec l’histoire qu’elle lui avait racontée. Et si ce n’était pas ça alors il aurait toute une vie pour apprendre à la comprendre, à mieux être là pour elle, pour être sa bouée. Il l’avait promis lors de leur échange de vœux sur la plage, ce n’était pas rien, c’était pour toujours. Et encore aujourd’hui il le savait, ça ne changerait pas, il n’avait pas le cœur extensible, Marcus, il avait épousé cette femme parce qu’il l’aimait, il n’aimerait qu’elle, jusqu’à la fin de ses jours. Il avait cette vision là de l’amour, ce n’était pas du romantisme poussé à l’extrême, il n’avait aucune référence en la matière, c’était juste quelque chose qu’il avait su, dès qu’Elle avait croisé son regard, dès les premiers mots échangés, les premiers sourires, la première nuit passée dans ses bras, il avait su qu’elle serait la femme de sa vie. Et si à l’époque il avait vu cette condition comme une chance, aujourd’hui c’était presque une malédiction. Je ne suis pas d’accord. Ce passé il fait partie de toi, regarde comme il t’a rattrapée, bouffée même ! Il fait partie de toi mais il ne défini pas qui tu es, ni qui tu deviendras, ça c’est toi qui le décides, ce sont tes choix. Et tu as fait le choix du mensonge. Alors cette Harper, elle faisait rêver, mais c’était une vaste mascarade qui m’a enlevé la femme de ma vie. Il déversait toute la colère contenue depuis tellement d’années, il s’en voulait de l’aimer encore, à tel point que toute son histoire le touchait, l’atteignait là où il s’était dit que plus personne n’irait, en plein cœur, dans ses tripes, au plus profond de lui pour l’ébranler, le faire vaciller. Il détourna le regard face à ces yeux brillants qui le fixaient, elle retenait ses larmes, il le voyait, c’était délicat, parce qu’il ne supporterait pas de la voir pleurer par-dessus le marché. Il s’échappa pour aller chercher sa bouteille, petite bouffée d’air frais histoire de souffler, temps mort, quelques secondes, histoire de recharger les batteries. Mais elle ne le laissa pas respirer longtemps, déjà elle le rejoignait derrière ce bar, son bras qui retint son geste, celui d’ouvrir la bouteille et d’en déverser le contenu directement dans sa bouche sans passer par un verre. Au diable les bonnes manières, de toute façon le pauvre rhum ne survivrait pas à la soirée. Elle ne le connaissait pas comme ça, Elle, elle n’avait connu que le Marcus solaire, fêtard, avec cette envie de vivre contagieuse. Il s’était assombri depuis son départ, il buvait plus, trop, plus seulement pour s’amuser en soirée. L’alcool calmait ses angoisses, occupait la solitude, rendait ses nuits plus paisibles, son sommeil plus lourd. Il n’était pas alcoolique, il aurait horreur d’être étiqueté comme tel, mais, au fond, on n’en était pas bien loin. Il avait en lui cette noirceur qui remontait parfois, celle qui n’était jamais apparue avant Elle, celle d’avoir manqué d’une mère, d’avoir été abandonné par un père et de n’être à présent que lui, tout seul, depuis le départ de sa grand-mère, Elle aurait pu être cette famille qui lui manquait tant, cette ancre dans sa vie, mais il n’était à présent qu’un navire à la dérive. Seul son bar le forçait à tenir, c’était son radeau de fortune. Alors la gorgée de rhum attendrait, il frissonna à ce premier contact, sa main si froide sur son bras brûlant, ce ne furent que quelques secondes, déjà elle retirait sa main, mais ils étaient si proches, elle pouvait sentir sa respiration s’accélérer, voir ses narines se dilater par la colère et la peur qui se mêlaient dans un cocktail inattendu. Il avait peur d’elle, peur de ses mots qui le cueillaient, peur de sa présence et de l’après, quand elle laisserait à nouveau ce bar vide de son absence. Tu ne sais rien du pire, Elle ! Tu ne sais rien de l’absence, du silence. Tu ne sais rien des questions qu’on se pose et qui rendent fou à force de rester sans réponses. Tu parles d’amour, de me protéger ? Moi je ne vois que de la lâcheté. Tu as quitté ta première vie, plus la suivante. Et te voilà aujourd’hui, combien de vies as-tu eu depuis ? Je ne sais même pas qui est la femme que j’ai face à moi ce soir. Le regard douloureux il les observa, elle et ses larmes, son chagrin qu’elle portait contre elle sans en avoir honte, elle ne mentait pas, elle ne jouait pas la comédie, on ne pouvait pas inventer ce genre de détresse là. Elle l’aimait encore, il le voyait, ça le rendait malade de tristesse. Parce qu’il avait envie de la prendre dans ses bras et en même temps il ne savait plus qui elle était. Il s’adossa contre l’arrière du bar, déboucha la bouteille et avala une bonne rasade de poison. Elle le sait, Eve, que tu es revenue ?

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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyMar 4 Mai 2021 - 12:59

Elle se rappelait parfaitement de sa rencontre avec Marcus, chaque seconde était gravée dans sa mémoire. Elle sortait de sa relation avec Asher, brève amourette d’été qui s’était transformée en une très forte amitié. La jeune femme n’avait pas été triste de cette rupture, Asher non plus d’ailleurs, mais elle s’était sentie seule. Alors quand ses amis l’avaient invité à un anniversaire, elle n’avait pas rechigné à venir, elle n’était jamais allé au Elm Street avant. La blonde avait été commander les boissons et c’était Marcus qui l’avait accueilli au comptoir. Ses cheveux sombres, son regard lumineux et son sourire éclatant. On aurait dit un preux chevalier sorti tout droit d’une de ces séries idiotes, le coup de foudre avait été immédiat. Il avait suffit d’un sourire, d’un toucher, d’un mot, pour qu’elle soit à lui. Après ça, elle ne se rappelait pas avoir passé un seul jour loin de lui. Le lendemain de leur première nuit ensemble, elle se rappelait avoir dit à une de ses meilleures amies “Si ce n’est pas lui, ce ne sera personne.” Et elle s’y était tenue. Elle n’avait eu personne depuis lui, à quoi bon ? Avec lui, la blonde se sentait être la meilleure version d’elle-même, lui mentir ? Elle n’en avait pas eu l’impression un seul instant. Mais maintenant qu’il le soulevait, c’était sûrement ce qu’elle avait fait. En voulant les protéger, elle avait provoqué leur malheur à tous. Mais au final tout ce que l’infirmière retint malgré elle c’était ça, elle était la femme de sa vie. Malgré le mal qu’elle lui avait fait, elle était la femme de sa vie. La culpabilité la coupa en deux, la scia littéralement sur place et elle ne trouva pas tout de suite ses mots. La blonde trouva tout juste la force de lui dire “Je suis désolée…” Mais elle se redressa bien vite, les excuses ne suffisaient pas, elle le savait bien “Je suis désolée. Je voulais disparaître, qu’on ne me retrouve pas, je pensais que c’était la solution ! J’étais jeune Marcus… Je sais bien que ce n’est pas une excuse. Mais j’étais jeune et apeurée.” La colère de son époux déformait les traits de son visage, la jeune femme se rappelait ne l’avoir vue que peu de fois en rage. Mais jamais encore, cette colère n’avait été dirigée contre elle. Des disputes ils en avaient eu, comme tous les couples, mais jamais il n’avait haussé le ton sur elle, alors forcément la jeune femme était apeurée. Évidemment qu’elle n’avait pas peur qu’il s’en prenne à elle, c’était plutôt l'étendue des dégâts qu’elle avait causés qui l’effrayait en cet instant. Cette bouteille entre eux l'inquiétait, qu’était-il devenu ? Qui était cet homme face à elle ? Son mari était encore présent, mais il y avait aussi cet autre homme, plus sombre et plus cynique. Et elle en avait peur. La jeune femme était effrayée qu’il ait fait disparaître tout ce qu’il y avait entre eux du cœur de Marcus. Dès que leurs peaux se touchèrent, la blonde sentit ce courant électrique entre eux, le même qu’elle avait senti la première fois qu’il l’avait touché en remettant une mèche de cheveux blonds derrière son oreille. Que ne donnerait-elle pas pour qu’il le refasse ? Sentir à nouveau ses doigts rêches frôler sa pommette, glisser le long de la courbe de son visage jusque derrière son oreille, pour finir sur sa mâchoire. Elle se rappelait en avoir frémi de nombreuses fois. Mais elle remit de la distance entre eux, il le fallait, elle ne pouvait pas tricher avec lui en utilisant cette alchimie qu’il y avait toujours eu entre eux. Sa bouche s’était soudainement ouverte sous les paroles de Marcus, elle ne savait quoi dire. C’était trop vrai à son goût, une amertume se répandit dans sa bouche et pendant un instant elle crut bien qu’elle allait vomir. De la lâcheté. Il mettait un mot sur ce qu’elle était, une personne lâche. Tout comme sa mère. Tout comme son père. Tout comme ces familles qui l’avaient baladé et abandonné chaque fois que c’était trop dur. Elle reproduisait un schéma de lâcheté et il avait mis le doigt dessus. “Aucune… Aucune ! Je ne voulais pas d’autre vie que celle-là, que celle que j’avais avec toi !” Un peu plus et de rage elle aurait jeté tout ce qui était autour d’elle, mais elle choisit plutôt de retirer ce pull qui lui donnait maintenant bien trop chaud et le jeta par terre pour rester en débardeur. “Je ne voulais pas d’une autre vie que celle-là ! Je n’aurais pas pu… Pour le meilleur et pour le pire, on se l’est dit.” Elle croisa les bras sur le comptoir et posa sa joue sur le bois frais en soupirant “Je ne savais juste pas que c’était moi le pire de cette histoire.” Cette révélation brisait le cœur de la jeune femme, pas un moment elle n’avait douté avoir agi correctement. Mais son mari avait raison, elle avait été lâche, elle avait voulu éviter les ennuis au lieu de les affronter comme ils se l'étaient promis, ensemble. La vie qu’ils auraient pu avoir tous les deux la frappa au visage, lui coupant le souffle pendant un instant et elle se demanda si c’était cette même douleur que Marcus baladait depuis des années. Quand elle le vit boire directement au goulot de la bouteille, elle remarqua qu’il ne portait plus son alliance. La rage l’étreignit toute entière, elle ressentie un besoin irrépressible de faire une chose stupide. De son éternel pas décidé, la jeune femme se planta face à lui et se hissa sur la pointe des pieds pour attraper la bouteille. Leurs corps se touchèrent alors qu’elle s’appuyait légèrement contre lui. Pendant quelques secondes qui parurent des heures, elle sentit le souffle de Marcus sur son visage et cela lui sembla être la plus belle chose au monde. Finalement elle retomba sur ses pieds et remit de l’espace entre eux, s’appuyant sur le bar derrière elle. Ce face à face paraissait étrange, ils s’affrontaient du regard et la souffrance ambiante était palpable. La blonde bu trois longues gorgées à son tour et reposa la bouteille d’un geste sec sur le bar. “Oui. Je l’ai vue au salon de thé…” Que pouvait-elle ajouter d’autre à cela ? Elle aurait plutôt eu envie de savoir s’il avait quelqu’un dans sa vie, mais elle ne s’en sentait pas légitime. “On a discuté.

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Marcus O'Brian
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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyMar 4 Mai 2021 - 17:25

Il avait quelques principes, Marcus, rien de bien sorcier, mais il avait, par exemple, horreur du mensonge et de la lâcheté, il prônait l’honnêteté, le dialogue, c’était important pour lui. Jeune il s’était entouré de tout un tas d’amis qui comblaient la solitude et petit à petit il s’était rendu compte que toutes ces relations étaient factices, il s’était petit à petit dépouillé de beaucoup, pour ne garder que le meilleur, les amis de toujours, ceux sur qui il pouvait compter et qui pouvaient compter sur lui également, c’était primordial selon lui. Le départ de Elle avait déjà fait un grand tri dans ses relations, étrangement ce genre d’événement dénouait les langues et tout n’était pas bon à dire, ni à entendre, alors il avait commencé à ce moment là et depuis il se sentait bien plus riche. Ça ne l’empêchait pas de nouer de nouvelles amitiés, de créer un lien, mais il lui fallait plus longtemps pour faire confiance, il était plus méfiant. Avec les femmes c’était pareil, il aurait pu avoir d’autres histoires, peut-être qu’il s’était empêché de vivre de belles choses, mais il était tellement échaudé qu’il n’avait plus jamais réussi à ouvrir son cœur, seulement son lit avait accueilli quelques jolis corps, pour des moments de tendresse ou d’égarement, mais quelques nuits seulement, avant qu’il ne se ferme à nouveau. Il était capable d’être charmant, doux, fougueux, mais il n’était plus capable d’aimer. Seule Elle avait ce privilège, bien que ce soir ce n’en soit pas forcément un, son amour il le lui crachait au visage, déversant toutes ces années de douleur silencieuse. Elle était la femme de sa vie, il n’avait pas peur de le lui dire, mais ça ne semblait pas être positif, dans sa façon de le dire, ça sonnait comme un reproche, un regret amer. Il lâcha un soupire, évidemment elle était jeune, les fameuses erreurs de jeunesse, celles qu’on devait pardonner, quand la sagesse de l’âge le permettait. Il douta un instant, est-ce qu’il n’était pas trop dur avec elle ? Mais il se reprit, elle l’avait blessé, mis plus bas que terre, elle l’avait brisé, il ne pouvait pas flancher si facilement. Non, ce n’est pas une excuse, parce que t’es allée trop loin. Je ne sais pas si le mariage signifie autre chose qu’une jolie robe et une jolie bague pour toi. Mais on est marié tous les deux ! C’est pas juste pour une journée de princesse, Elle ! Alors pour ça aussi t’étais jeune ? T’as pas réfléchi ? Alors oui t’étais jeune, oui t’avais peur. Et t’avais le droit. Mais pas au point de disparaitre durant neuf ans. On aurait pu, on aurait dû trouver une solution, ensemble. Il passa une main sur son visage pour essayer de contenir ses émotions. Tu crois que tu as limité la casse en plaquant tout ? Regarde, t’as pas eu à chercher bien longtemps pour me retrouver. Tu le vois le brillant docteur en physique ? Il est encore barman et il a parfois du mal à payer les factures ! Moi aussi j’ai tout plaqué quand t’es parti. Et j’t’en veux pas, je t’en remercie même, parce que ce bar c’est chez moi, ça l’a toujours été. Mais ne crois pas que ça n’a pas eu de conséquences, ton départ. Il le voyait, ce regard effrayé qu’elle posait sur lui, il avait horreur de ça, qu’elle le voit comme un homme qui lui fasse peur. Il n’était pas méchant, Marcus, il n’avait rien de mauvais ou de violent en lui, mais il n’était plus le jeune homme rêveur et joyeux qu’elle avait connu. Il n’en était pas encore à ce genre de réflexion, il était aveuglé par sa colère, mais peut-être qu’elle n’aimerait pas celui qu’il était devenu, peut-être que leur histoire était perdue à jamais, après tant d’années, ils avaient changé et ils devraient apprendre à se connaître à nouveau. Nouvelle salve de reproches, une nouvelle fois le ton qui montait chez le barbu pour que sa voix finisse par se briser sous le poids de la douleur, il ne savait pas qui il avait face à lui, c’aurait été vrai de toute façon, mais après les révélations qu’elle venait de lui faire ça prenait tout son sens, Elle Harper, Elle Garner, Elle O’Brian ? Ou bien une autre, qui était cette femme, elle avait les traits de celle qu’il avait aimé, mais il était juste totalement paumé. Elle n’aima pas ça, qu’il doute de sa sincérité, son petit pull fin échoua sur le sol, bien malgré lui il laissa son regard glisser sur sa poitrine, sur ces centimètres de peau qu’il avait adoré embrasser, les mauvaises habitudes n’étaient jamais loin. Il rit, jaune. Moi non plus, je ne le savais pas… Il ne la contredisait pas, au contraire, pour lui aussi, le meilleur et le pire, ça voulait dire quelque chose, mais il était d’accord, le pire, c’était elle qui l’avait infligé. Et comme pour appuyer tout le poids ce ses mots, il bu à cette bouteille qui le tentait tant, sans s’attendre à ce qu’Elle le rejoigne, ne s’appuie contre lui pour un nouveau contact. Il la fixa de son regard sombre, brillant, brûlant. L’alcool lui tournait la tête, décuplait les sens, la rage et le désir. Putain elle était belle, elle était toujours la même, si volontaire, si entêtée, elle était cette même gamine qui l’avait fait chavirer, avec quelques années de plus et le charme qui allait avec. Elle était parfaite et lui piètrement faible. S’il la ramenait contre lui alors leurs souffles se rencontreraient, s’il le voulait il pourrait l’embrasser. Et il le voulu, ça le bouleversa de voir qu’il en avait encore tellement envie malgré cette haine qu’il tentait d’entretenir. Il voulait se protéger mais il brûlait toujours bien trop pour elle. Heureusement Elle fut raisonnable, plus que lui pour une fois, elle attrapa la bouteille et s’appuya contre le bar, ils ne se touchaient plus mais elle était encore bien trop proche de lui, face à lui, à le fixer en buvant à son tour au goulot de la bouteille. Il soupira. Ça ne te va pas, de boire comme ça… Il ne trouvait pas ce geste bien élégant, déjà lui, ça l’énervait de se rendre compte qu’il était rendu à ce stade là, mais Elle, pas elle... Peut-être que sa femme aurait voulu aborder d’autres sujet, clore celui pour lequel elle était venue ce soir, mais O’Brian, lui, avait besoin de souffler, de faire retomber la pression, c’était trop pour lui. Et puis clairement tout ne serait pas réglé en un soir. Alors puisqu’elle avait parlé de Eve, il la questionna à son sujet. Ça lui fit mal, d’apprendre qu’elle savait elle aussi et qu’elle n’avait rien dit, mais sûrement qu’elle voulait le protéger, comme toujours. D’accord… Visiblement elle ne serait pas très bavarde sur le sujet, en même temps il n’y avait pas grand-chose à rajouter, ça ne le regardait pas, ce qu’elles s’étaient dit. T’es revenue ? Il attrapa la bouteille des mains de la blonde, prenant grand soin d’éviter un nouveau contact, nouvelle gorgée, pour se donner du courage, celui de finir sa question, celui d’entendre la réponse. Pour combien de temps ? Ça l’effrayait, peu importe la réponse de la blonde qui le fixait.

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MessageSujet: Re: Home is wherever I'm with you || ft. Marcus   Home is wherever I'm with you || ft. Marcus EmptyMar 4 Mai 2021 - 23:59

Tout lui semblait flou et confus désormais. Elle avait toujours pensé avoir fait ce qu’il y avait de meilleur pour lui, pour elle, pour les gens qu’elle aimait. Elle avait pensé qu’en fuyant, elle leur épargnerait les souffrances de son enfance. Elle n’avait songé qu’à ses traumatismes de petites filles, elle n’avait pas songé à l’impacte qu’un tel comportement pouvait avoir sur des adultes. Mais elle était désormais face à l'ampleur des dégâts qu'elle avait causés. En voulant faire le moins de tort possible à son entourage, elle s’était précipitée et avait emmené tout le monde avec elle dans sa chute. La jeune femme se sentait si désolée pour ce qu’elle avait causé malgré elle, bien sûr qu’elle était impardonnable. Elle prenait conscience du mal qu’elle avait fait, de ce qu’elle s’était infligée à elle, à Marcus, à Eve et à tous les autres. Mais elle avait été si longtemps persuadée d’avoir agi en personne responsable qu'elle avait du mal à l’accepter, à accepter neuf années d’erreurs. Elle repensait à sa mère, incapable de l’abandonner, qui s’était battue pour la garder, qui l’avait faite souffrir, elle songea à quel point elle aurait aimé qu’elle sorte de sa vie. C’était pour cette raison qu’elle était sortie de la vie de Marcus, elle avait eu peur de le voir souffrir comme elle, de le voir désirer qu’elle parte pour ne plus avoir mal. C’était égoïste, elle n’en prenait conscience qu'en l’écoutant. La blonde avait songé qu’en partant elle le préserverait de bien pire, mais il avait raison, l'absence, le silence, le manque détruisaient de l’intérieur. Elle s’était faite souffrir tout autant qu’elle l’avait fait souffrir, elle aurait pu leur épargner ça à tous les deux. Mais elle avait eu si peur de ce qu’on infligerait à Marcus ou à Eve si elle restait. Le pire pour elle fut qu’il remette en question leur mariage, ses propos la firent sortir de ses gonds. “Pardon ? Je me suis mariée dans une robe bon marché car on a fait ça sur un coup de tête ! On a mis toutes nos économies d’étudiants dans ces bagues alors qu’on avait un appartement à payer ! Ce n’était pas un caprice de princesse ! Je rêvais d’un grand mariage oui… C’est vrai. Mais quand tu as prononcé tes vœux j’ai su avec certitude que j’étais au bon endroit. Je sais qu’on avait promis de tout traverser ensemble, mais je croyais vraiment que ma mère ne m’atteindrait pas ici.” Pourtant il avait raison, ils auraient dû traverser ça ensemble, mais en neuf années, elle s’était enfoncée dans le mensonge, se persuadant qu’elle ne pourrait régler qu’un problème après l’autre. Une fois qu’elle avait quitté Bowen, elle ne se voyait pas revenir sans solution et pourtant c’est ce qu’elle aurait dû faire, elle le voyait dans le regard de Marcus. La jeune femme frissonna si fort qu’elle s’en tapa le coude dans la table, il l’en remerciait ? Ses yeux restèrent à flotter dans le vague un instant et elle pinça les lèvres “Je vois. Donc tu es en train de me dire que tu me remercies de mon départ ? Que ça t’a permis de rester ici ?” Elle était à deux doigts de s’emporter, de lui hurler dessus à quel point il était injuste de lui dire cela. S’il avait voulu rester dans ce bar miteux, ce n’était en rien de sa faute. Ses poings tremblaient tant elle les serrait. Elle ne pensai pas vraiment que le Elm était un endroit miteux, au contraire, il était un point de repère essentiel dans leur histoire. Mais finalement, elle se contenta de se lever pour retirer son pull. Leurs rires, leurs reproches, le ton qui montait et descendait, les larmes, l’alcool. Elle sentait qu’ils vivaient un moment crucial de leur histoire. Que ce qui serait dit ce soir, ce qui serait fait, auraient un impact sur leur avenir. Commun ou séparé. La jeune femme se calma quelques instants avant de revenir à la charge dans un corps à corps court mais intense. Ce souffle sur ses lèvres, ses yeux qui la fixaient, l’ondulation de son corps contre le sien. Elle eut envie d’attraper ses cheveux bruns à pleine main, de les tirer comme elle l’avait si souvent fait, mais sa main s’égara plus loin, en quête de la bouteille. Une relation charnelle, tout aussi tentante qu’elle fût, n’était en rien une solution à leur problème. Elle but une longue rasade et reposa la bouteille en le jaugeant, puis elle eut un éclat de rire alcoolisé. Ce genre de gloussement cristallin qui se répercutaient tout autour d’elle comme des milliers de petits éclats de verre. C’était son rire d'antan, celui qu’il avait fait éclater bien des fois et qu’elle avait oublié pendant longtemps, elle en fut la première surprise et regarda Marcus de son air légèrement vitreux “C’est vrai que toi ça te va à ravir ! Arrête, ça te donne des airs de capitaine à la dérive. Et puis, j’ai presque arrêté de boire en neuf ans, mais ce soir… ça me donne du courage pour affronter tout ça.” C’était clair qu’Elle arrivait à un stade d’alcoolémie relativement élevée. Si par le passé elle avait eu une tolérance à l’alcool tout à fait admirable, ce n’était plus vraiment le cas. La distance entre elle et Marcus était trop grande et en même temps pas assez, il lui aurait suffit d’un pas, d’un bras tendu, pour le toucher. Mais elle se contenta de le jauger sagement, ou presque. Eve ? Bien sûr qu’elle mourrait d’envie d’en parler, mais était-ce le moment ? Elle ne voulait pas devoir avouer à Marcus combien elle avait souffert de ne pas la voir grandir, il lui dirait qu’elle en était la seule fautive et c’était la vérité. Quand il esquissa un mouvement dans sa direction, Elle sursauta, mais il attrapa la bouteille et une pointe de frustration lui transperça le cœur. Pourtant, elle avait conscience que ce serait bien plus compliqué que ça entre eux, il ne suffisait pas de se frôler pour réparer les torts. L’alchimie était là, mais ils étaient devenus des étrangers en neuf ans. La blonde hocha la tête, oui elle était revenue, cela avait toujours été son plan, mais il était logique qu’il lui pose la question. Elle eut à nouveau un rire et pencha la tête en arrière, elle se sentait alourdie par l'alcool. Elle planta de nouveau son regard dans celui de Marcus et essuya les larmes qui commençaient à sécher sur ses joues “Jusqu’à ce que la mort nous sépare.” C’était sûrement idiot comme réponse, elle n’en savait rien, c’était ce qui lui était venu naturellement à la bouche. Elle était sérieuse, la jeune femme était revenue pour de bon “J’ai trouvé un emploi à l’école. Je vais me trouver un appartement et faire ma vie je suppose...“ Elle haussa les épaules et le regarda tristement “Tu vis toujours…” Elle allait dire “chez nous” mais elle se contenta d’ajouter “... au même endroit ?” Avec qui ? C’était la question qui lui brûlait les lèvres. La blonde avait toujours fait preuve d’insécurité en cette matière, la peur d’être remplacée, de ne pas être assez bien pour lui, qu’il trouve mieux. En neuf ans, il aurait pu trouver mieux, elle n’aurait même pas pu lui en vouloir. Mais elle n’osait pas poser cette question par peur d’entendre une réponse qui lui déplaise.
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