above the clouds (fede)

Je n’arrive pas à la quitter des yeux. Cette enfant qui a décidé de pointer le bout de son petit nez alors que mon monde menaçait de s’écrouler. Comme si elle avait voulu me dire de tenir bon, comme pour me montrer que la lumière pouvait percer à travers le chaos. Milla. Si petite Milla. Elle est née un mois trop tôt mais elle semble si forte déjà, et si fragile à la fois. Voici deux jours que ma fille et moi sommes réunies. Hier, Emilia m’a emmenée voir Livio. Toujours dans le coma, il n’a pas cillé en voyant la merveille que nous avions conçu tous les deux, à la force de notre amour, mais je sais au fond de mon coeur qu’il m’entend, qu’il a hâte de voir notre enfant. Je lui ai parlé de ses magnifiques yeux bleus, comme ceux de son papa, et je lui ai parlé de son prénom. Milla. Un de ceux que nous avions choisi à deux. Nous sommes ensuite retourné dans notre chambre. La nuit a été rude, la fatigue s’accumule. J’ai peur pour Livio, je suis terrifiée de le perdre. Me raccrocher à ma fille n’est plus suffisant pour m’apaiser, mais j’essaye de tenir. Pour elle. Et pour Leandro qui devait venir avec Fede aujourd’hui. Quand j’entends les babillements de mon fils dans le couloir et la voix de mon frère ainé, mon coeur se met à battre tout d’un coup dans ma poitrine. Fede entre, Leandro dans ses bras. Une vive émotions me gagne. Ma fille, dans son petit lit à côté du mien dort encore, mes yeux s’embuent de larme. Mon fils…il me parait si grand tout à coup. « Mon bébé… » je dis en sanglotant. Leandro, impressionné, me regarde avec des yeux ronds. Je lève le regard vers mon grand frère, puis pince les lèvres pour me retenir de fondre en larme. Fede, après Emilia qui m’avait tenue la main pendant l’accouchement, avait été le premier à rencontrer Milla. Il avait attendu de longue heure dans le couloir de l’hôpital qu’on l’autorise à venir me voir. Depuis, il était retourné auprès de Léti, de leurs jumeaux et de mon fils qu’ils gardaient. C’était la première fois qu’il revenait accompagné de mon premier bébé. Leandro me toise sans trop savoir quoi faire, sans doute est-il impressionné de me voir pleurer. « C’est rien, mon ange, regarde », j’essuie mes joues, puis ourle mes lèvres d’un grand sourire. « Tu viens voir maman ? » Je tends les bras, Leandro hésite un court instant, avant de tendre, à son tour, les bras vers moi. Je l’attrape et le sers contre moi. Je lève à nouveau le regard vers Fede. « Merci d’être là » je souffle dans un murmure.

@Fede Luciano

Tu étais dans la plus grande des détresse, ce soir-là. Lorsqu’Emilia t’avait dit que ta petite soeur était en salle d’accouchement alors que son mari venait de se faire percuter par une voiture, tu étais dans la plus grande des paniques. Tu n’avais pas hésité une seconde, à venir à l’hôpital pour être là pour elle. Le jeune Manzoni était avec tes enfants et ta femme, pendant que tu ne pensais qu’à une chose, que ta soeur aille bien. Aujourd’hui, tu avais prévu une visite avec Léandro pour qu’il puisse rencontrer sa petite soeur. En bon parrain que tu étais, tu prenais soin de lui comme si c’était ton propre fils. Il était si facile à vivre, plus que les jumeaux qui sont tout bébés. Une fois dans l’hôpital, tu avais le petit dans tes bras et tu lui répétais sans cesse : « On va rencontrer ta sorellina » à voix basse. Il ne comprenait pas vraiment ce qu’on faisait ici, mais tu faisais de ton mieux pour le rassurer. Il était entrain de s’exclamer dans les couloirs, ce qui suscitait tous les regards des infirmières attendries par ton neveu. Puis, tu trouvais la chambre de ta petite soeur. Tu entrais avec ton filleul dans les bras, un grand sourire sur les lèvres. « Regardes, c’est mamaaaaan ! » dis-tu en pointant ta soeur du doigt. Le petit était un peu perturbé, il ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Aura était, quant à elle, aux anges, les larmes aux bords des yeux de voir son fils. Elle lui tendait les bras et il lui rendait en retour. Alors tu déposais le petit dans ses bras, en embrassant son front ainsi que celui de la jeune femme. « Ne me remercie pas » dis-tu avec un sourire. Tu allais à ton tour, voir dans le petit berceau la petite qui était née il y a quelques heures. Et c’est là que tu t’émerveillais devant cette petite créature. « Va falloir arrêter de faire des enfants aussi beaux, hein » dis-tu à ta soeur avec un léger rire, pour la détendre un peu.

Ma fille est là. C’est réel, j’en ai parfaitement conscience, mais une part de moi ne peut s’empêcher de penser qu’elle évolue en plein songe. Tout ce qui s’est passé ces derniers jours tient de l’irréel, de l’improbable. Et pourtant…Je ne sais pas encore comment les choses vont évoluer, ni si Livio sera tiré d’affaire bientôt. Ca me terrifie, aussi je préfère vivre heure par heure. Je fais au mieux. Ma fille ne doit pas vivre ces premiers instants en partageant mes peurs. J’essaie de la préserver de ça, de lui sourire, de déverser mon amour sur elle, de la couver comme elle le mérite. Je tiens le coup, pour elle. Mais quand Fede arrive avec mon fils, mon premier bébé qui, tout d’un coup, me parait si grand alors qu’il m’apparaissait encore si petit, il y a moins de quelques jours, je lâche complètement les vannes. Je tâche de me contenir un minimum, pour ne pas faire peur à Leandro. Mon petit bout vient se lover dans mes bras, au moment où son oncle le dépose contre moi. Je lève un regard emplie de gratitude vers mon frère ainé quand il dépose un baiser sur mon front. Il me demande de ne pas le remercier, mais je ne sais pas faire autrement. Il est là pour nous, et ça signifie beaucoup. J’aime autant qu’il le sache. Sa remarque, quand il se penche sur le berceau de Milla me fait rire. Je câline mon fils qui s’est lover contre moi, puis m’adresse à Fede. « C’est toi qui dis ça ? Comment vont les jumeaux, et Leti ? »

Maintenant que tu savais qu’Aura avait accouché sans soucis, que Livio allait s’en sortir, tu te sentais un peu plus soulagé que les jours précédents. Tu avais pris soin de son fils comme si c’était le tien, après tout, tu es un tonton parrain en or évidemment. Bon, si on arrêtait de se jeter des fleurs, hein ? Tu emmenais donc ton neveu voir sa maman et sa nouvelle petite soeur. C’est avec délicatesse que tu avais déposé le petit garçon dans les bras de sa maman pendant que tu allais te pencher sur le berceau de la nouvelle née. « Est-ce que je peux la prendre dans mes bras ? » demandas-tu à ta petite soeur. Il fallait demander avant, ça se trouve elle était trop fragile ou même ta soeur n’avait peut-être pas envie. Puis tu riais à sa réflexion. « Leti est fatiguée, mais elle est partie chez sa mère avec les jumeaux pour la journée pour qu’elle puisse souffler. Un de ses frères est venu nous aider à la maison parce qu’on était débordé mais ça va, on s’en sort bien » dis-tu avec un sourire en coin. Tu étais toujours autant amoureux de ta femme et de tes enfants, il n’y avait pas de doutes là-dessus.