at christmas, you tell the truth (perring)

Perry a passé noël chez son père au Texas, rentrant là-bas pour quelques jours et revenant pour son anniversaire. S’y prenant au dernier moment, il n’a pas emmené Siobhan et Luke avec lui pour ne pas bousculer les plans de tout le monde seulement parce qu’il se décide toujours trop tard de faire quelque chose. Pour compenser son absence à noël, ils ont prévu, avec Aisling et leur fille, d’aller faire un tour au marché de noël tous les trois avant que celui-ci ne ferme pour cette année. Il y est déjà allé avec Jackson plus tôt dans le mois mais il se dit que c’est le bon endroit pour faire durer un peu la magie de noël. Même si Siobhan aura le droit à un goûter chez lui et à ouvrir ses cadeaux, beaucoup trop nombreux, qui se trouvent sous le sapin de la colocation. « Oh attend on va faire une photo ! » dit-il en prenant sa fille dans ses bras pour la mettre à leur hauteur. Elle porte un petit serre tête avec des bois de rennes, beaucoup trop mignon. Même si leur famille ne ressemble pas au schéma traditionnel, il l’aime bien et il est plutôt fier de ce qu’ils ont réussi à construire. Il fait un beau sourire à son téléphone et prend plusieurs photos pour être sûr d’en avoir une sympa, il les enverra à Aisling de toute façon. Perry repose ensuite leur fille par terre qui commence à s’exclamer toute joyeuse. « Vous êtes sous le gui, faut vous faire un bisou ! »

Cette année, Noël s'était déroulée avec son amoureux et ses deux filles. Et même si les parents n'étaient pas de gros adeptes de Noël, le partager avec les filles avait été un bonheur, presque insoupçonné. On disait toujours que Noël avec des enfants c'était différent, Aisling ne le découvrait pas depuis le temps passé avec Siobhan, mais en avoir deux c'était encore autre chose. Oui, elle avait pu vivre cette période comme quelque chose d'un peu plus magique que d'habitude - et elle se rendait compte qu'il n'était pas très stressant de faire des cadeaux à un enfant en bas âge, ils aimaient tout ! Ils n'avaient pas passé un Noël traditionnel, dans le sens où il n'y avait à la maison ni dinde ni crèche (végétarisme et athéisme oblige), mais ils n'avaient pas dérogés aux décorations et cadeaux.

Bref, si Perry était retourné dans sa famille pour Noël, il était revenu après. Evidemment, Sio' aurait le droit à son second Noël avec lui. Elle espérait d'ailleurs que ça n'avait pas trop contrariée sa fille de ne pas avoir son père pour le jour J. Elle ne lui avait pas montré, mais à présent elle était assez grande pour faire semblant. Bref, elle n'avait pas pu refuser de se balader au marché de Noël avec eux deux, ça faisait bien trop plaisir à Sio'. Et elle aimait la voir sourire.

Elle laissa Perry soulever Sio' pour une photo - ce qu'elle-même ne faisait plus vraiment vu la croissance qu'elle avait entamée - et se rapprocha pour prendre la pose avec eux. Elle rit en voyant les grimaces sur le défilé de clichés. Elle n'eut pas le temps de s'éloigner de Perry que la petite tête blonde pointa du bout du gui accroché. Elle leva les yeux et fit la moue.

-Ah vraiment ce n'est pas de...

Elle ne termina pas sa phrase, ne voulant pas faire râler sa fille. Elle échangea un regard avec cette dernière, esquissa un sourire et tourna la tête vers Perry pou un smack chaste et rapide. Puis elle attrapa sa fille, l'emprisonnant de ses bras.

-Mince alors, maintenant toi aussi tu es sous le gui...

Et à ses mots elle l'attaqua de baiser sur la joue et dans le cou.

Les traditions de noël, Perry les a perdues depuis longtemps. Autrefois, lorsqu’il passait les fêtes en famille au Texas, c’était la totale, digne d’un film de noël. Des décorations partout, un énorme sapin, beaucoup de cadeaux, un repas sans fin avec toute la famille venue pour l’occasion. Il faut dire que les Jeffrey ont le budget pour mettre le paquet. Pour Perry c’était le moment aussi où il passait réellement du temps avec ses parents, un vrai temps en famille, plutôt rare au quotidien. Mais en grandissant les grandes fêtes ont laissé place à des repas plus animés où il se sentait de moins en moins à sa place, de moins en moins en phase avec eux jusqu’à son départ pour l’Australie. Jusqu’à la mort de sa mère, il y a environ cinq ans, il rentrait presque à chaque noël puis ensuite il a espacé ses retours. Cette année il a accepté de rentrer, après deux noëls passés loin du Texas. Mais là-bas il n’avait personne à embrasser sous le gui, il ne pensait pas qu’à Bowen se serait avec Aisling qu’il se retrouverait en-dessous ni que leur fille s’enthousiasmerait à l’idée de voir ses deux parents s’embrasser alors qu’elle ne les a jamais connu ensemble. Perry ne pense pas qu’elle voit si loin, mais plutôt qu’elle les a vu tous les deux sous la branche et que dans les films qu’elle voit à la période de noël, c’est là où les gens s’embrassent. Il ne pensait pas qu’Aisling s’exécuterait si vite et ça le laissa un peu pris de court, c’était sûrement le baiser le plus chaste qu’ils aient échangé tous les deux. Il n’eut pas réellement le temps de process ce qu’il venait de se passer puisqu’accompagné de la blonde, il se mit à faire plein de bisous à leur fille qui riait en se voulant à moitié s’échapper de leurs bras, ce qui fit rire Perry également avant qu’il arrête de l’embêter et la laisse s’échapper. Il se tourna alors vers Aisling « Tu l’as fait exprès qu’on se retrouve sous le gui avoue ! » Il ne voulait pas manquer l’occasion de l’embêter. Surtout que c’est lui qui s’est arrêté pour prendre la photo, sans remarquer la branche au-dessus d’eux. « J’savais pas que mes baisers te manquaient. » continua-t-il en passant ses bras autour des épaules de la jeune femme pour lui déposer un énorme baiser sur la joue.

Les deux parents semblaient s'être mis d'accord, sans un mot, pour cette attaque de bisous envers leur fille. Sans doute qu'Aisling et Perry auraient formés une horrible famille s'ils s'étaient obligés à rester ensemble à la naissance de Sio'. Mais séparés, ils formaient un très bon duo parental. Et personne n'avait jamais semblé en douter dans leur entourage. Enfin, elle ne savait pas tellement ce qu'en pensait la famille de Perry à vrai dire. De son côté... Elle se rendait compte qu'elle voyait trop peu ses parents, parce que la logistique du voyage était un peu compliquée et elle avait souvent la flemme de tout mettre en place. Heureusement, souvent, c'est eux qui finissaient par se déplacer. Elle avait eu terriblement peur de leur jugement à la naissance de Sio', avait mis beaucoup de temps à leur en parler, mais ils l'avaient accepté avec tout leur amour. Sa mère adorait Isaiah, son père se montrait un peu vieux jeu, alors que lui-même s'était pris un coup de poing de son oncle - le grand frère de sa mère - quand sa mère avait appris qu'elle était enceinte d'elle. Heureusement ce genre de drame n'était pas arrivé ici. Aisling n'avait jamais demandé à sa fille aînée si elle aurait préféré que ses parents soient ensembles, et elle se doutait que ça devait être un peu bizarre pour elle, entre l'école, ses demi-frères et demi-sœurs de chaque côté.

Une fois l'enfant hors de leur bras, la blonde se redressa, se tourna vers Perry et arqua un sourcil. Rêvait-il éveillé, l'infernal séducteur ? Ils avaient passé l'âge de ça tous les deux, non ?

-Tu prends tes désirs pour des réalités...

Et si elle avait eu envie de lui répondre de façon un peu plus trash, la présence de sa fille l'empêchait d'entrer dans ce jeu-là.

-Le jour où ça me manquera, je ne serais pas si subtile, tu devrais le savoir.

Elle esquissa tout de même un sourire alors qu'il l'embrassait sur la joue. Elle tourna sa tête vers lui et, avançant son visage prés du sien, vint décocher une pichenette sur son nez.

-On dirait que toi, tu es en manque de câlins.

Perry aime bien être taquin avec ses amis, qui aime bien châtie bien comme dit l’expression, même si celle a plutôt tendance à rendre légitime des harcèlements que de vraiment parler de taquineries amicales sans méchancetés. Avec Aisling, il trouve ça d’autant plus drôle vu leurs caractères assez opposés sur pas mal de points. En les voyant séparément tous les deux on ne s’imagine pas qu’ils ont pu être aussi liés et qu’ils le sont toujours beaucoup, tant leurs caractères sont différents. Mais elle lui rend bien ses petites piques sans mauvais fond et ça le fait rire. A une époque elle aurait eu raison, se retrouver à l’embrasser faisait partie des désirs de Perry, qui ne s’imaginait pas seulement l’embrasser, mais aujourd’hui à part des accolades amicales il ne s’imagine plus rien et il préfère davantage cette relation platonique qu’ils ont développés, beaucoup moins conflictuelle. « C’est vrai ! Mais ça m’va bien, parce que bon tu m’connais, quand c’est subtil j’ai du mal à le voir alors autant y aller à fond. » répond-il en riant, se disant qu’il y a bien que les sous-entendus sexuels, pas tant sous-entendus en plus, qu’il arrive à capter. Lui non plus ne fait pas vraiment dans la subtilité et à tendance à être plutôt direct, que ce soit dans la vie de tous les jours ou quand il drague. Après cette avalanche de câlins envers leur fille, il se sentait d’humeur affectueuse, affection qui retomba sur Aisling qui lui rétorqua que c’était plutôt lui, qui semblait en manque d’affection. « Nan j’profite juste que tu sois de bonne humeur pour t’en faire. » dit-il en lui souriant, même si la mauvaise humeur de la jeune femme ne lui retombe plus souvent dessus maintenant. Question affection, il n’est pas à plaindre. Il a ses enfants, ses amis et Jackson, avec qui il s’est remis il y a peu et qui lui offre toute l’affection dont il pourrait avoir besoin et que personne d’autre ne pourrait lui donner, à savoir des ébats extrêmement satisfaisants.

Aisling ne put s'empêcher d'éclater de rire à cet aveu - qui n'en était pas vraiment un. C'est vrai que Perry et la subtilité ne faisaient pas bon ménage, elle avait pu le remarquer plus d'une fois. Il faut dire que de façon générale, il ne connectait pas toujours ses deux neurones. C'était pour partie quelque chose qui faisait son charme, mais c'était aussi ce qui agaçait profondément la blonde.

-Ca, je ne te le fais pas dire ! Mais je maîtrise un peu le langage Perry à force.

Il fallait bien, au quotidien. Et puis, c'était moins dérangeant quand les choses concernaient Siobhan plutôt qu'une potentielle relation sexuelle ou sentimentale. Elle laissait aux autres le soin de gérer Perry sur la question, ce n'était plus son problème désormais.

Aisling lui tira la langue alors qu'il argumentait profiter de son humeur. Est-ce qu'il avait toujours été aussi affectueux ? Elle ne se souvenait plus trop. Elle avait sûrement effacé un certain nombre de choses de sa mémoire. Enfin ou elle, ou l'alcool, ou la drogue, à une époque. Sans doute qu'elle aussi, elle était plus affectueuse avec lui à cette époque. Elle finit par poser sa tête sur son épaule, brièvement, alors qu'elle tenait la main de Sio' dans la sienne.

-On dirait que je passe mon temps à être désagréable avec toi, je vais finir par y croire.

Même si les choses ont mis du temps, qu’ils ont connu de nombreuses périodes moins sympas que d’autres, ils ont bien appris à se connaître tous les deux, à se comprendre et à faire que les choses se passent bien entre eux, tenant compte des défauts de chacun. Le manque de subtilité de Perry en est un qui lui a causé tord plusieurs fois, que ce soit parce qu’il ne comprenait pas lorsqu’on essayait de lui faire passer un message sans trop mettre les pieds dans le plat ou lorsque lui au contraire, les mets un peu trop et balance des choses sans trop mettre d’enrobage autour pour mieux les faire passer. « Tu pourrais rajouter ça sur ton cv : maîtrise du langage de Perry Peach aka peut discuter même avec les plus débiles. » dit-il en riant, arrivant à faire preuve d’auto-dérision sur son intelligence. Il ne manque pas d’ego sur son charme, son humour ou son physique, mais il sait bien que pour ce qui est de l’intelligence et la culture, ce n’est pas du tout son point fort. Alors il en rit, préférant ça à ce qu’on se moque de lui parce qu’il ne connaît pas tel ou tel mot, tel événement. Jouer avec lui à un jeu de quiz de culture générale est une catastrophe si bien que plus personne ne veut se risquer à l’avoir dans son équipe étant donné que les seules réponses qu’il arrive à donner sont sur les dessins animés ou les marvel. « Nan c’est pas vrai mais j’me dis que si je le dis, le charme va s’envoler et que tu vas me balancer des verres d’eau à la figure. » dit-il en pinçant les lèvres avec un sourire. « Mais bon, ça fait un bout d’temps qu’on n’a pas été proches tous les deux, genre physiquement. » Là il se rend compte qu’il peut y avoir des sous-entendus alors il ajoute « Comme amis hein ! Et pas genre des amis plus plus tu vois, juste amis. » L’avantage avec Perry c’est qu’il ne s’enfonce jamais.

Aisling esquissa un sourire fasse à la remarque de Perry. Elle fit mine de prendre un air sérieux pour réfléchir.

-Tu as raison je devrais le valoriser, je verrais plutôt ça comme "capable de vulgarisation de langage complexe pour le grand public".

Une qualité qu'il ne fallait pas négliger dans le monde de la recherche. Cela dit, elle ne savait pas si c'était si vrai que cela. Certes, elle comprenait Perry mais parce qu'elle le connaissait bien. Elle n'était pas aussi douée pour comprendre les personnes qui, de son point de vue, ne réfléchissaient pas beaucoup, en temps normal. Il faut dire qu'elle n'était pas du genre à sociabiliser et faire la conversation. Elle laissait cette lourde tâche à Isaiah.

Elle arqua un sourcil quand il évoqua l'épisode du verre d'eau. Cela semblait beaucoup l'amuser, alors que c'était toujours lui qui prenait dans ce genre de moment. Un peu plus et elle pourrait le qualifier de masochiste.

-Tu ne devrais pas me provoquer comme ça. Qui sait ce que je lancerais la prochaine fois ?

Lui rappeler qu'elle pouvait lui envoyer des verres d'eau à la figure risquait juste de répéter l'évènement. Bon, bien sûr, elle ne le ferait pas sans raison, et encore moins devant Siobhan qui semblait si joyeuse aujourd'hui. Elle éclata de rire alors que Perry s'enfonçait dans son explication "d'amicalité". Elle hocha la tête avec un sourire en coin.

-C'est vrai, ça fait longtemps.

Au même moment Sio' se retourna vers eux, un air innocent sur le visage.

-Qu'est-ce que c'est des amis plus plus ?

Perry fronça les yeux face à la réponse de la jeune femme. « Ça fait vachement complexe comme phrase pour un truc censé être simple. » Avec lui la complexité linguistique et intellectuelle commence assez tôt. Il ne sait même pas comment il a pu intéresser une femme comme elle, qui a quand même un doctorat, tandis que lui a arrêté ses études après le lycée. S’il complexe parfois là-dessus, il sait aussi que l’intelligence et la culture ne font pas tout, qu’il y a certains domaines où il est très cultivé, seulement ils sont moins valorisés. Et que bon, pour être honnête, les discussions intellectuelles, ça n’a jamais fait partie de leur occupations à tous les deux. La taquinerie en fait davantage partie et il ne se gêne pas pour rire de sa supposée méchanceté. « Beaucoup d’amour ? » tenta-t-il en riant, se demandant à quoi pouvait ressembler une projection d’amour avant d’avoir des images auxquelles il vaut mieux pas penser alors qu’on est en petite balade familiale avec son enfant. Il tente d’enrober ses propos sur l’amitié et s’enfonce malgré lui dans explications, que sa fille ne manque pas de relever en demandant ce que sont des amis plus plus. « Euh... » commence-t-il en essayant de faire réfléchir son cerveau à une réponse adaptée à une enfant de sept ans. « C’est un peu entre des amis et des amoureux. » résume-t-il en se disant que ça semble pas trop mal comme définition. « Et ils se font des bisous ? » lui demande-t-elle alors, toute innocente. Si ça reste sur les bisous, ça va il peut gérer. « Oui ils peuvent, s’ils ont envie. » explique-t-il avant que Siobhan ne s’empresse de répondre. « Donc avec maman vous êtes amis plus plus ? Parce que vous avez fait un bisou. » Les enfants arrivent beaucoup trop facilement à faire des liens. « Non, non ! C’est pas pareil. » dit-il ne sachant pas trop comment rattraper la chose. Il imagine déjà sa fille annoncer fièrement à Isaiah et Jackson que lui et Aisling sont des amis plus plus. Les rumeurs peuvent commencer si facilement !

Aisling eut un sourire à la remarque de Perry. Il n'avait pas entièrement tort. Même si pour elle ce n'était pas complexe... Pour les personnes à qui justement on voulait vulgariser, ça l'était. Mais parfois, les choses qui semblaient les plus simples étaient en fait complexes. La vulgarisation l'était. Tout comme la démonstration du fait que tous les multiples de 2 soient pairs ne coulaient pas de source comme on pourrait le penser au premier abord. Bref.

-Dans la recherche on aime les tournures compliquées et pompeuses. J'imagine que c'est pour conserver un certain entre-soi.

Le monde scientifique comme toutes les hautes sphères intellectuelles aimait se montrer élitiste.

Elle arqua un sourcil et adressa un léger sourire amusé. Elle était meilleure pour envoyer sa haine et sa colère que son amour, et il était bien placé pour le savoir.

-Tu peux toujours espérer !

Siobhan s'interroge sur le terme utilisé par Perry, et Aisling a bien hâte de voir comment il s'en sort. Elle éclata de rire face au résultat, il ne s'était pourtant pas trop mal débrouillé. Elle glissa une main dans les cheveux blonds de sa fille.

-Les amis tout courts peuvent se faire des bisous aussi. Moi et papa, on est juste amis.

Elle attrapa sa fille dans ses bras pour l'avoir à sa hauteur - chose qui ne durait jamais bien longtemps parce qu'elle pesait son poids.

-Pour les amis plus plus... C'est un concept d'adultes tu sais. Disons que ce sont des personnes qui peuvent faire des choses d'amoureux mais sans être amoureux... C'est compliqué hein ? Tu sais, les adultes non plus ils comprennent pas toujours bien où sont les limites. Tu verras quand tu seras grande.

-Et c'est quand que je serais grande ?

Aisling esquissa un sourire avant de jeter un regard à Perry.

-Je ne sais pas... Quand tu auras quinze ans ?

Le monde de la recherche scientifique est aussi éloigné pour Perry que celui de la culture des crevettes grises pour un rugbyman (cette analogie est très précise pour aucune raison). Il voit à peu près ce qu’elle veut dire quand elle parle d’entre soi, parce qu’il n’a jamais réussi à s’intéresser à ce monde, à se dire qu’il pourrait y comprendre quelque chose et au final ce sont les cours de Penny qui lui en apprennent le plus même s’il commence déjà à être perdu. « Ouais ça doit être ça, puis des fois c’est juste pour faire genre vous faites des trucs hyper complexes alors que bah pas toujours. » Il a vu passer un truc sur instagram l’autre jour, sa principale source d’information en matière de sciences, sur des articles scientifiques au nom hyper compliqué alors que ça parle de trucs bateau. Il tenta un peu de l’amadouer ensuite, lui suggérant de lui donner beaucoup d’amour mais elle ne semblait pas de cet avis. « Et je garde espoir, tous les jours. » répond-il en souriant avant qu’il ne s’embarque dans une définition d’amis plus plus réclamée par leur fille, tout innocente de son jeune âge des relations que peuvent avoir les gens entre eux. Aisling tenta aussi une définition, ce qui fit rire Perry à son tour, voyant qu’elle ne s’en sortait pas forcément mieux que lui. Mais elle a raison, les relations entre les gens sont compliquées et lui non plus n’y comprend pas toujours tout et ne sait pas toujours bien ce qu’il ressent ni l’assumer. « Hum..ouais quinze ans tu comprendras sûrement, pour l’expérimenter bon, on va dire après hein...fais pas tout comme papa. » conclue-t-il seulement en riant. Il est en plein dans les grandes discussions sur l’amour et le sexe avec Penny, alors il préfère ne pas penser à ça avec Siobhan qui a encore de nombreuses années devant elle avant que ça soit un sujet. Lui a commencé tôt à s’y intéresser et à expérimenter des choses et il ne sait pas si ça serait une bonne chose qu’elle en fasse de même. Dans tous les cas il sera là pour l’accompagner et répondre à ses questions pour que tout se passe pour le mieux pour elle.

Aisling ne put réprimer un léger rire alors qu'il les accusait de prétendre faire des choses plus compliquées qu'elles ne l'étaient réellement. Elle haussa les épaules en y réfléchissant. Est-ce que c'est vraiment ce qui se passait ? Peut-être un peu.

-Moi je dirais qu'on pense qu'on fait des choses complexes parce que certaines personnes refusent d'entendre parler de science même quand c'est simple. Ca nous fait prendre la grosse tête.

Plus la conversation se poursuivait, et plus elle se souvenait pourquoi elle s'était prise d'affection pour lui. Perry avait cette répartie qui ne la laissait pas indifférente.

-Tu n'es vraiment pas facile à décourager.

Expliquer à une enfant un concept qui n'était pas toujours maîtrisé par les adultes était un vrai tour de force. Et les deux parents avaient lamentablement échoué à tour de rôle. Elle n'aimait pas vraiment dire à sa fille qu'elle verrait plus tard, mais pour le coup elle n'avait pas l'impression d'avoir de meilleures réponses. La sexualité... C'était encore un peu tôt pour lui expliquer et quinze ans, ouais c'était assez exagéré. Elle demanderait à Isaiah s'il avait des idées d'explication un peu plus solide que les leurs. Elle eut un rire quand Perry demanda à sa fille de ne pas tout faire comme lui.

-Ne fais rien comme lui, oui !

Elle lui tira la langue avec un regard malicieux avant de se baisser vers sa fille.

-Ca arrivera quand ça arrivera de toute façon, l'important c'est juste que tout se passe bien.

Si c'était tôt... Et bien ce ne serait pas facile à gérer pour elle, c'est certain, mais mieux valait qu'elle sache ses parents ouverts à la discussion plutôt que de le faire en cachette.

En dehors d’Aisling, Perry imagine globalement les scientifiques comme étant des vieux mecs en blouse à lunettes, pas très sympas et assez hautains, alors ouais, des gens qui ont la grosse tête, ça correspond bien. « Bah j’ai lâché les sciences à la fin du primaire j’dirais donc ouais, même quand c’était simple, j’étais pas là. » répond-il en riant, repensant à ses années d’études, quand c’était obligatoire et qu’il ne pouvait pas ne pas aller en cours. Il a rapidement lâché les sciences quand l’occasion s’est présenté, gardant la littérature et l’histoire, parce qu’il fallait bien avoir des matières mais finissant toujours avec des notes catastrophiques. Il n’a jamais lu aucun livre pour les cours, regardant les adaptations à la place ou lisant des résumés détaillés, les finissant pas la moitié du temps. « Tu es mon plus grand défi. » dit-il avec un sourire. Il n’est pas toujours très persévérant, mais pour ce qui est de se faire apprécier par Aisling, ce fut un travail de longue haleine, surtout lors de son retour à Bowen. Siobhan avait un peu moins de trois ans à cette époque et aujourd’hui elle leur demande ce que sont des amis plus plus, même si ces choses là ne sont pas encore de son âge. Les deux parents essaient de lui expliquer simplement, parce qu’ils n’aiment pas tous les deux la laisser sans réponse, estimant qu’elle a le droit de savoir. « Hey ! Franchement j’ai fait des trucs bien ! Bon j’ai pas d’exemples là mais j’en ai fait ! » se défend-il en riant. Même s’il ne conseille pas à sa fille de suivre la même trajectoire que lui, il ne regrette pas pour autant toutes les expériences qu’il a pu avoir, seulement de ne pas toujours avoir été suffisamment attentif aux envies de ses partenaires ou à leur non-envie (le consentement c’est important, demander l’autorisation à quelqu’un c’est sexy, please arrêtons de plaquer violemment au mur avec fougue quelqu’un qui n’a peut-être pas du tout demandé ça). « Je sais pas si t’es un exemple à suivre non plus. » dit-il en lui souriant, sachant bien qu’elle n’est pas parfaite non plus. « Oui ! Et surtout, peu importe ce qu’il y a, tu peux nous parler. J’pense qu’on est des parents plutôt cool quand même. » Il a vraiment envie que leur fille puisse avoir confiance en eux, que ce soit dans plusieurs années lorsqu’elle découvrira, ou non, la sexualité ou actuellement avec les choses qu’elle peut vivre dans sa petite vie d’enfant. « C’est les parents nuls qui disent qu’ils sont cools ! » rétorqua leur fille.

Elle réprima un rire, se contenta d'un sourire amusé devant cet aveu - un peu ridicule à ses yeux. Mais enfin, ce n'était pas une découverte que Perry n'ait pas été quelqu'un de très scolaire. Il s'en était sorti quand même - enfin parce que papa et maman étaient riches, quand même. Elle espérait bien que leur fille ne suive pas ses traces en la matière. Elle ne la pousserait jamais à épouser une carrière scientifique, mais à être autonome, oui. Et elle espérait bien que son père ne la gâterait pas trop.

-Je devrais te faire des cours de rattrapage, je crois que je commence à comprendre pourquoi tu as eu autant... de problèmes de fertilité.

Elle n'allait pas dire "d'enfants non désiré" devant Siobhan, elle avait trop peur de lui filer des complexes.

-Et si j'étais peu subtile, je te dirais que t'étais sûrement meilleur en langue.

Ca l'amuserait sûrement ce genre de blague, non ?

Elle secoua la tête de gauche à droite, à la fois amusée et désespérée par ses bêtises. Cela dit, peut-être bien qu'il lui disait la vérité, et qu'il avait abandonné pour toutes les autres personnes un peu difficiles de caractère. Elle arqua un sourcil face à sa misérable défense. Des choses bien ? Elle pointa du doigt leur fille avec un sourire.

-Tu l'as faite elle, mais on n'est pas pressé qu'elle fasse la même chose.

La blonde lui adressa un regard outré alors qu'il avançait qu'elle n'était pas un but à suivre. Elle n'avait pas toujours - jamais - l'autodérision de Perry, et c'était pratiquement une attaque personnelle. Elle finit donc avec une moue boudeuse en détournant le regard. Mais la moue s'effaça quand elle éclata de rire face à la réponse cinglante de leur fille.

-Je me demande bien de qui elle tient cette répartie...

Taquine, elle mit ses mains dans les cheveux de sa Siobhan pour la décoiffer.

-On n'est pas nuls nous d'abord.

Il rit quand Aisling fit un lien entre ses connaissances en science très restreintes et le fait qu’il ait eu deux enfants un peu par surprise, sans que ça ne soit prévu. « Hey j’sais comment on fait les bébés quand même ! Genre y’a un chou, une rose, euh...j’sais plus la suite. » plaisanta-t-il histoire de noyer un peu le poisson et que leur fille ne vienne pas leur demander comment on fait les bébés. « Mais si tu veux me donner des cours, j’essayerais d’être attentif. » dit-il avec un sourire tout sauf innocent, même si clairement il n’y aura plus rien entre eux, c’est une certitude. Il aime bien plaisanter là-dessus. Elle enchaîna même sur ses capacités à être bon en langue et elle ne parle pas du français et du latin. « J’donnais des cours de langue à toute l’école, professeur particulier pour tout le monde. » Et ce n’était pas si loin que ça de la vérité. Bon bah en primaire mais après, il a rapidement été connu comme le coureur de jupons et de pantalons et que si quelqu’un voulait un cours particulier sur comment manier les langues, il répondait présent et partageait son expertise à qui veut l’entendre (ou le sentir plutôt). Par la suite, ils discutèrent tous les deux sur le fait qu’ils n’étaient pas forcément des exemples à suivre pour leur fille, Perry cherchant des choses bien qu’ils auraient faits dans sa vie, il ne trouva pas tout de suite alors que pourtant, comme le souligna Aisling, il l’a juste sous ses yeux. « Oui c’est vrai ! Mais oui, si elle peut attendre d’être prête, si elle en a envie, ça sera mieux. » Il adore ses enfants mais ils sont arrivés par surprise dans sa vie. S’il n’avait pas eu Penny il ne se serait peut-être jamais découvert cet amour pour le fait d’être père mais avoir un peu plus de prise sur les choses lui aurait plu aussi. Perry rassura ensuite sa fille sur le fait qu’elle pourrait toujours tout leur dire et qu’il se montrerait bienveillant avec elle. Celle-ci répliqua simplement que c’est les parents pas cools qui disent qu’ils sont cools. « De moi c’est sûr ! » plaisanta-t-il à propos de la répartie de sa fille, clairement héritée de sa mère. « Tu vas voir jeune fille, on va te mettre dans un camp de redressement et tu vas voir si on n’est pas des parents cools après ça !...enfin tu diras que non parce qu’on t’a dit dans un camp de redressement. Mais ouais on est cool, c’est pas un point à débattre ! » Perry papa sévère en 1800 qui envoie ses enfants en camp de redressement pour leur apprendre la vie, alors qu’en vrai rien que les laisser aller dormir chez un copain ou une copine l’inquiète et que ses enfants lui manquent quand ils sont chez leurs mères.