And I'll sing a song that'd be just ours, but I sang 'em all to another heart (perlia)

La vie, c'était comme un livre. C'était une succession de chapitres, certains plus longs, d'autres plus courts. Certains qu'on terminait avec plaisir, d'autres avec plus de difficultés. Ce soir, c'était sûrement ce qui risquait d'arriver. Tourner la page. Depuis quelques semaines, la relation de Tahlia avec Percy avait pris un sacré coup. Un sacré coup à six lettres : C-I-A-R-A-N. Si au tout début, elle pensait pouvoir composer avec la présence – platonique - de l'italien dans sa vie , elle s'était vite rendue compte que c'était quelque chose qui la dépassait, comme une vague qu'elle prenait en pleine face. Jouer sur deux tableaux, jouer avec le feu, ce n'était pas pour elle. Ce n'était pas juste pour Percy. L'un comme l'autre avaient bien essayé de se rattraper, mais en jouant aux funambules, le risque de basculer était bien trop présent. Malgré cela, Tahlia flirtait beaucoup trop avec les limites. Ils s'en étaient donnés les moyens, dirons-nous. Mais il était peut-être temps de faire le point. Ils ne s'étaient pas vraiment vus, ces derniers jours, de par leurs emplois du temps très chargés, mais aussi par besoin de prendre peut-être de la distance. Au détour de quelques sms échangés, ils convinrent de se retrouver dans un endroit neutre, où personne ne pourrait les déranger. Le parc de Mullers Lagoon semblait être le bon compromis. Tahlia était arrivée en avance, pour une fois. Installée à l'une des tables de pique-nique, à pianoter sur son téléphone, elle attendit l'arrivée du britannique. Elle releva la tête en sentant une silhouette s'approcher d'elle. « Hey. » le salua-t-elle avec un léger sourire, presque timide. Elle n'en menait pas large, la brunette. Elle détestait ce genre de situations, qui la mettaient toujours très mal-à-l'aise. Elle attendit qu'il prenne place sur le banc, face à elle, ses yeux l'observant avec une étrange lueur : cette lueur entre la tendresse et la tristesse. Comme si elle savait qu'ils ne sortiraient pas indemnes de cette virée au parc. Elle s'éclaircit la voix et reprit : « Je suppose qu'on sait tous les deux pourquoi on est là, aujourd'hui, non ? » Cela ne servait à rien de tourner autour du pot, les choses méritaient d'être dites aujourd'hui.

Vous aviez essayé, en vain. Un peu de distante n’avait pas fait de mal, tu avais tout essayer pour sauver ta relation avec Tahlia mais rien n’y faisait. Le fait que son ex soit de retour en ville, tu savais que c’était pas pour le mieux et que ça n’allait plus fonctionner. T’avais le coeur brisé, oui, mais tu n’y pouvais rien. C’est pas comme si vous n’aviez pas vécu une belle histoire tous les deux. Mais au moment où ça devenait encore plus sérieux, que vous parliez de laisser des affaires chez l’un et chez l’autre, tout avait basculé. C’était dans un endroit neutre que vous aviez rendez-vous tous les deux. Tu ne voulais pas faire ça chez toi ou chez elle, encore moins devant des gens au Wojna’s. Non, tu voulais un tête à tête en terrain neutre. Quand tu arrivais, en descendant de ta moto, tu la voyais au loin. Elle était là, un peu en avance. Et tu te permettais de la regarder quelques instants, avant d’aller la rejoindre. Ton casque à la main, tu arrivais finalement vers la table de pique-nique où elle était assise. « Hey » dis-tu avec un mince sourire avant de t’assoir. Tu posais le casque sur la table et tu ne pouvais t’empêcher de rire nerveusement à sa phrase. « On dirait qu’on va signer des papiers pour un divorce » soufflas-tu dans ton rire. Mais en réalité, tu faisais ce genre de vannes parce que tu n’étais pas à l’aise, mais aussi pour cacher ta tristesse. « Plus sérieusement, oui j’pense qu’on sait tous les deux » dis-tu simplement.

Elle avait tout pour être heureuse avec Percy. Il était l'homme parfait sur bien des points, toujours à l'écoute et aux petits soins pour l'autre. Bien sûr qu'elle aurait pu aller loin avec lui. Mais le retour de son ex avait éveillé des questionnements, des sentiments qui ne devraient pas être là. Qui ne devraient plus être là. C'était bête, avec Percy, ils étaient passés du stade à laisser des affaires chez l'un comme chez l'autre, à une prise de distance qui, finalement, montrait qu'ils étaient peut-être arrivés au bout de quelque chose. Elle ne pouvait pas jouer sur les deux plans, ce n'était pas dans ses valeurs. Elle aurait aimé lui être totalement dédiée, oh oui, mais elle n'était pas maîtresse de ses sentiments. Elle les aimait, tous les deux. L'un, tendrement, l'autre, passionnément. Et c'était sa fougue qui parlait pour elle, dans toute cette histoire. Quand Percy arriva, elle posa ses yeux verts sur lui, lui rendant son mince sourire. « Je te laisse tous les meubles, sauf la lampe du salon. » ajouta-t-elle alors qu'il tentait un trait d'humour pour dédramatiser la situation, même si c'était surtout leur nervosité qui parlait pour eux. Percy reprit la parole, affirmant ce qu'elle avait dit, juste avant. Tahlia se pinça les lèvres et enchaîna : « Je suis désolée de ne pas avoir mis plus d'énergie pour nous, pour notre relation. Pour la préserver... et la sauver. » Elle marqua un temps d'arrêt avant de souffler : « Mais tout ce que je ressens, là, ça me dépasse. Tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas te faire plus de mal que j'en fais déjà. » Parce qu'elle en faisait déjà, en n'éclaircissant pas la situation...

« Damn j’voulais garder la lampe du salon » dis-tu faussement triste avant de rire, un peu gêné. Oui c’était gênant comme moment, tu ne voulais pas que cette histoire se termine. Tu t’étais résigné même si vous alliez passé à l’étape supérieure en laissant des affaires l’un chez l’autre. Finalement, c’était la fin. Tu savais bien qu’une seule personne pouvait tout briser. Non pas le père de Thaïs, mais Ciàran. Ce gars, tu le connaissais pas, tu l’avais jamais rencontré mais t’en avais entendu parler pendant un petit moment. Et il te faisait peur, sans l’avoir rencontré. Alors quand elle t’avait dit qu’il était de retour en ville, t’avais bien compris que ton couple allait en faire les frais. Elle s’excusait, Tahlia, de ne pas avoir fait assez d’effort ces derniers temps mais elle était tiraillé. Et tu le voyais bien, tu l’avais senti. Mais c’était trop douloureux pour toi. « Je… » dis-tu simplement sans trop savoir quoi dire. « J’ai pas envie de souffrir comme ça plus longtemps, et j’ai clairement vu que tu étais pas très bien non plus… » dis-tu ensuite, baissant les yeux vers tes mains qui étaient posées sur la table. T’étais nerveux, parce que tu savais comment elle allait se terminer cette journée. « On peut pas souffrir tous les deux comme ça, c’est pas le principe d’un couple » dis-tu finalement en levant les yeux vers elle, un sourire bienveillant mais timide sur le bord de tes lippes. T’avais pas envie que cette histoire se termine mal, juste qu’elle se termine en bon terme.

"Il y a toujours moyen d'avoir la garde partagée. 3 mois chez moi, 3 mois chez toi." Finalement, cela faisait du bien d'user de l'humour pour alléger l'atmosphère. Cela montrait aussi leur résilience et leur résignation. Et ça, ça pouvait enlever la colère. Pas la tristesse, non. A l'issue de cette discussion, Tahlia savait qu'elle allait avoir le coeur brisé, qu'elle n'allait pas s'en remettre de suite de cette histoire. Mais elle ne pouvait pas se voiler la face : le fantôme de son ex planait encore sur elle. Avec Percy, ils ne pouvaient pas prendre le risque de se faire beaucoup plus de mal. Parce qu'ils s'en faisaient déjà, comme le souligna le beau britannique. Ils n'étaient pas bien, tous les deux. Il marqua un premier point, mais ce qu'il souleva ensuite était encore plus criant de vérité. Un couple, ça ne se faisait pas souffrir. Il pouvait y avoir des disputes, des discordes, mais quand on commençait à se faire du mal, ce n'était pas annonciateur d'une amélioration. Non. Au contraire, la relation sombrait davantage. "En effet, ce n'est pas le principe d'un couple. C'est peut-être mieux de s'en rendre compte maintenant, plutôt que de tenter de sauver le navire, en prenant le risque de se faire encore plus de mal... et de se détester." Elle le regarda avec douceur : "Et moi, je n'ai pas envie que l'on se déteste." Elle tenait à lui. Elle l'aimait, aussi. En amour comme en amitié. Et c'était tout ces sentiments qui faisaient qu'elle n'avait pas envie qu'ils se déchirent. "Je veux que l'on garde le positif. Tu m'as rendue heureuse, tu le sais ça ? " Ce n'était juste pas le bon moment, pas la bonne situation.

« Faisons comme ça » dis-tu, un peu amusé. Mais le drôle de ton changeait rapidement. Tu étais triste parce que tu savais ce qui allait se passer, et comment vous alliez finir la journée. Ça n’allait pas être joyeux. Mais c’était la meilleure des solutions pour vous tous. Un couple, c’est pas fait pour souffrir, comme tu l’as dis précédemment. Et tu ne voulais pas continuer à souffrir, comme tu ne voulais pas que Tahlia souffre de la situation non plus. Alors il fallait faire un choix, un choix que vous aviez murement réfléchi chacun de votre côté. Il était venu, le temps de la fin de réflexion. Ciàran était à Bowen et même si tu menais une bataille sans relâche, tu sais très bien que ça finirait mal dans tous les cas. « J’ai pas envie qu’on se déteste non plus » répondis-tu simplement en baissant la tête. Ça serait triste d’en venir à ce point là. Quand elle te disait qu’elle t’avait rendu heureuse, tu levais vers elle, un léger sourire sur les lèvres. « Tout comme tu m’as rendu heureux, tu le sais aussi j’espère » soufflas-tu simplement. Les yeux dans les siens, une question te taraudait l’esprit. « J’ai pas envie de devenir un inconnu dans ta vie mais… pas non plus dans celle de Thaïs » commenças-tu par dire simplement. « J’te demande pas de la voir de temps en temps mais juste prendre de ses nouvelles de temps à autres, si c’est ok avec toi bien sûr » finis-tu par dire. T’avais vu quelques fois la petite, et tu t’étais attaché à elle. Alors tu voulais pas non plus devenir un inconnu pour elle.

Le ton léger avait finalement laissé sa place à quelque chose de bien plus sérieux. Ils n'étaient pas dupes, Percy et Tahlia, ils savaient bien que leur relation n'était plus toute rose. Lucides, ils savaient qu'il valait mieux prendre les choses en main, avant de se faire du mal. Parce qu'un couple, ça ne se faisait pas de mal, comme le disait si bien le britannique. Les sentiments de Tahlia étaient en vrac et elle n'était pas en droit de l'infliger à Percy. Elle l'aimait, lui aussi. Il était hors de question qu'elle le trahisse. Et il était hors de question qu'elle laisse leur relation s'envenimer au point qu'ils se détestent. Elle esquissa un léger sourire alors qu'il confia que ce n'était pas non plus son but. Finalement, c'était peut-être leur plus belle preuve d'amour : séparer leurs chemins sans se faire du mal. Il affirma qu'elle l'avait aussi rendu heureux, ce qui la rassura un peu. « J'aurai aimé pouvoir te donner plus. » Tout ce dont il rêvait : une relation saine, de confiance, un avenir ensemble. Mais son cœur était trop en peine pour cela. Gardant ses yeux sur lui, elle l'écouta avec attention, secouant la tête à ses mots : « Je ne veux pas que tu sois un inconnu, je n'ai pas envie qu'on fasse comme si on ne connaissait pas. » commença-t-elle à dire. Ils se connaissaient bien d'avant, avec Percy. Il avait une place importante dans sa vie. Une fois que la tristesse serait passée, que les sentiments se seront atténués, elle espérait qu'ils parviendraient à retrouver une relation. Son cœur se serra néanmoins quand il parla de Thaïs. Elle ne put s'empêcher de penser à sa fille qui finira forcément par lui demander quand elle reverra Percy. La petite s'était attachée à lui et ça la touchait de voir que c'était aussi le cas de Percy. Ses yeux s'embuèrent à ses mots, répondant aussitôt : « Thaïs n'a pas à pâtir de notre histoire. Si tu veux prendre des nouvelles d'elle, je t'en donnerai. Si tu veux lui faire un coucou, je ne t'en empêcherai pas. Elle tient aussi à toi. »

Finalement, commencer cette discussion ultra sérieuse sur un ton léger, ça avait peut-être apaisé un peu vos sentiments. Ça allait quand même faire mal, on va pas se mentir mais au moins, vous n’étiez pas rentré dans le vif rapidement. Vous vous confiez tous les deux que l’autre vous avez rendu heureux. Et ça te faisait du bien de l’entendre. Parce que t’avais un peu l’impression que votre rupture emmenait à une potentielle relation avec Ciàran en suivant. Elle aurait aimé te donner plus. T’aurai aimé recevoir plus, t’aurai aimé plein de choses avec elle. « J’avais tellement de projet pour nous » soufflas-tu à voix basse, remuant la tête. Y’avait ce trip en moto que vous aviez prévu avant de mettre de la distance. Installer des affaires de Tahlia chez toi, pour qu’elle se sente à l’aise. Partir en Angleterre avec elle pour lui faire rencontrer tes parents, ta ville natale. Mais vous n’irez pas à Bristol ensemble, c’est un beau voyage utopique. « Merci » dis-tu avec un sourire en coin en relevant la tête quand elle te disait qu’elle ne voulait pas que vous soyez des inconnus. Mais tu voulais lui faire comprendre que tu ne voulais pas non plus être un inconnu dans la vie de sa fille. Tu t’étais attaché à elle, toi qui a toujours voulu avoir des enfants, tu avais réaliser ce petit rêve en t’occupant de la petite Hamilton de temps en temps avec sa maman. « C’est gentil Tahl, merci. J’ai vraiment pas envie de la perdre de vue cette petite, elle est incroyable » dis-tu avec un sourire en coin avant de reprendre. « Comme sa mère » dis-tu en plantant ton regard dans le sien. Tu te sentais mal, tu sentais que les larmes montaient mais tu ne voulais pas lui montrer. Tu voulais être plus fort que ça.

Son coeur se serra à ses mots. Sûrement parce qu'elle aurait aimé les entendre et répondre qu'elle aussi, elle avait des projets pour eux. Elle aurait aimé trouver sa place et lui donner celle qu'il méritait. Parce qu'elle y avait cru, en cette histoire. "J'aurai aimé qu'on les mette en place, ces projets." répondit-elle, doucement. Mais c'était un concours de circonstances : des doutes, un retour inattendu, une histoire pas réellement terminée, une autre qui en pâtissait. Pour autant, elle n'avait pas envie qu'il redevienne un inconnu. Dans sa vie, comme dans celle de Thaïs. Cela la touchait de voir qu'il s'était attaché à sa fille, qu'il avait encore envie de la voir, le temps de tourner la page, sans aucun doute. Le temps qu'il fasse sa vie et qu'il ait, lui aussi, un jour, son petit être à aimer. Parce que cela allait arriver, elle en était persuadée, et ce jour-là, ce bébé pourra dire qu'il a un père plus que formidable. Elle secoua la tête quand il lui souffla qu'elle était aussi formidable que sa fille. "Mais je ne l'ai pas été suffisamment pour toi." C'était lui qui était formidable. Sa gorge se serra, regardant Percy sans détourner les yeux, comme pour s'imprégner de lui une dernière fois. Une dernière fois en tant que couple. "C'est super cliché ce que je vais dire, mais je vais quand même le dire parce que je le pense au plus profond de moi : tu sais que tu mérites vraiment d'être heureux, Percy ? Alors, ne te renferme pas ou ne te remets pas en question parce que notre histoire n'a pas fonctionné. Je te souhaite de trouver ta perle rare. Celle qui sera à ta hauteur." Celle qui lui serait complètement dédiée parce qu'il se devait d'être aimé à sa juste valeur. Oh oui, ça, elle le souhaitait de tout son coeur...

T’avais énormément de projet pour cette relation avec Tahlia, t’avais envie de plein de choses avec elle. Les plus folles comme les plus logiques. Mais ça n’arriverait pas, c’était bel et bien fini entre vous. Elle aussi, semblait peinée par ça. Mais bon, il fallait pour votre bien que ça s’arrête. Pourtant, tu n’avais pas envie de devenir un inconnu dans la vie de Tahlia. Ni dans celle de sa fille d’ailleurs. Et tu lui confiais ça. Avoir des enfants, c’était le rêve de ta vie. Et même si tu n’étais ni le père ni le beau père de Thaïs, cet enfant comptait énormément pour toi. « Dis pas ça, Tahl’ » dis-tu en secouant la tête de gauche à droite. Elle est formidable et ça personne ne te l’enlèvera. Vous aviez eu des hauts mais aussi des bas. Mais ça arrive dans toute relation fonctionnelle et tu en étais conscient. Il était pas parfait, votre couple mais au moins vous aviez de l’amour l’un pour l’autre et ça se voyait. Ça s’était senti. Tu riais légèrement à sa petite tirade. « C’est vrai que c’est cliché » dis-tu en souriant de façon bienveillante à la brune. Tu entendais ses mots, tu savais qu’ils étaient sincère. Mais t’avais l’impression de pas avoir droit à l’amour, de pas avoir droit à cette vie de famille dont tu rêves. « Toi aussi, tu sais. T’as le droit d’être heureuse, t’as le droit de faire ce que tu entends dans ta vie et tu le mérites. T’es une femme formidable et exceptionnelle et ça personne ne pourra te l’enlever » ajoutas-tu avec un sourire en coin. Ça allait être dur de te remettre de cette relation, mais tu savais que vous vous en remettriez chacun de votre côté. Vous aviez le droit au bonheur. Ensemble ou séparés.