Tout le monde sait comment on fait des bébés, mais personne sait comment on fait des papas [Maëlys]

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Papaoutai.

Jeudi, 17 heures. C'était l'heure à laquelle Julian mettait ses rendez-vous chez le kinésithérapeute pour sa rééducation du genou. Mais aujourd'hui, il n'irait pas au cabinet. Et il avait une raison valable qui expliquait un tel retournement de situation. Non, il ne retombait pas dans la dépression. Il avait simplement quelqu'un à voir. Une nouvelle conquête ? Non. Eileen n'avait aucun souci à se faire de ce côté-là, il n'y avait qu'elle qui comptait sur le plan sentimental. Qui était donc cette personne qui changeait tous les plans de Julian ? C'était sa fille, Maëlys. Il était tombé sur elle, par hasard, alors qu'il promenait Shadow dans le parc. La petite fille était avec sa baby-sitter, une jeune femme que Julian connaissait très bien. C'était sûrement la bonne raison qui faisait qu'elle le laissait s'approcher de Maëlys. Ou alors, elle avait très bien compris que Julian était le père de la petite blondinette. Il avait surpris, à plusieurs reprises, le regard soupçonneux de la baby-sitter sur lui et Maëlys. Certes, la petite ressemblait énormément à Leanne, mais elle avait aussi pris des mimiques, des expressions du Callaway. Et c'était ce qui était troublant pour le jeune homme. Quoiqu'il en soit, il avait enfin l'occasion de connaître sa fille et il ne voulait pas laisser passer une telle chance. Si Leanne le savait...

Tenant son chien en laisse, Julian se dirigea vers le parc et s'avança vers les jeux pour enfants, ses yeux verts balayant l'horizon, à la recherche de la blondinette. Quand il trouva enfin sa fille, un sourire se dessina sur ses lèvres. Cela faisait déjà deux-trois fois qu'il la voyait au parc, mais c'était toujours la même réaction : une joie immense à l'idée de la voir. Même s'il avait fauté dans le passé, qu'il avait rejeté Leanne et la grossesse de cette dernière, Maëlys était sa chair et son sang et il sentait ce besoin de la protéger. C'était inexplicable. L'instinct paternel ressortait peut-être. Il détacha Shadow, qui aboyait joyeusement et suivit son chien jusqu'à Maëlys. Il salua la baby-sitter au passage et s'approcha de la petite fille, lançant d'un ton enjoué :

Salut princesse ! Comment vas-tu aujourd'hui ?

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Maëlys était prête à partir avec sa baby-sitter. Après avoir jouée un peu dans l’appartement, il était temps de se dégourdir les jambes et de prendre l’air. Sa mère, Leanne, travaillait, la petite restait donc avec cette jeune femme qui s’occupait d’elle pendant ce temps. Maëlys l’appréciait beaucoup et aimait passer du temps avec elle. Ce jour-là, il faisait suffisamment beau pour aller se promener au parc. Sur ce, il faisait toujours beau ici. Du soleil chaque jour que Dieu faisait. Une fois sur place, Maëlys couru jusqu’aux jeux, allant de la balançoire au toboggan et ainsi de suite. Elle jouait avec les autres et riait sans se soucier de sa maladie. Elle allait bien depuis qu’elle était à Bowen avec sa mère. Cela s’arrangeait, elle était moins dérangée mais elle faisait toujours attention, comprenant qu’elle ne pouvait pas faire n’importe quoi. Cependant, cela ne l’empêchait pas d’être heureuse et c’était le principal.

Puis, elle vit un chien qu’elle commençait à connaitre : Shadow. Cela signifiait que Julian n’était pas très loin. Il était un vieil ami de sa mère, enfin, c’était ce qu’elle lui avait dit. Elle trouvait juste étrange qu’elle n’ait jamais parlé de lui avant et qu’ils devaient se voir sans que Leanne le sache. Maëlys ne voyait pas pourquoi cacher cela à sa mère, mais d’un côté, elle ne mentait pas puisqu’elle ne disait rien à ce sujet. Cela faisait plusieurs fois déjà qu’ils se voyaient au parc et la petite l’appréciait beaucoup.

-Bonjour. Très bien et toi ? fit-elle en caressant le chien qui s’était approché. J’ai eu une bonne note à l’école, maman va être contente.

Elle laissa filer Shadow tout en réfléchissant à la manière dont elle allait demander un animal à sa mère. Elle ignorait si elle accepterait mais il faudrait bien tenter la question à un moment donné.

-Cela fait longtemps que tu connais maman ? Elle n’a jamais parlé de toi avant.

Peut-être que cela ne la regardait pas mais elle était curieuse la petite malgré tout.

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Papaoutai.

Shadow s'était empressé de rejoindre Maëlys. Même lui s'était attaché à la petite fille. En même temps, il fallait être stupide ou sans coeur pour ne pas s'attacher à elle. Elle était pleine de joie de vivre, toujours joyeuse, peu importe les circonstances. C'était une belle leçon de vie pour Julian, qui avait toujours aimé claquer des doigts pour obtenir ce qu'il voulait ou se plaindre quand les choses n'allaient pas dans sa direction. S'approchant d'elle, il la salua et esquissa un sourire quand elle lui annonça qu'elle allait bien. C'était toujours bon d'entendre qu'elle allait bien, ça le rassurait. Sur un ton léger, il répondit :

Je vais bien. - Quand elle enchaîna sur sa bonne note, Julian la regarda avec fierté et répliqua - Oh bravo ! Continue comme ça. Leanne doit être très fière de toi !

Lui aussi d'ailleurs, mais il ne pouvait pas le dire comme ça, de but en blanc. Ce serait étrange. Il suivit Shadow des yeux, le surveillant afin qu'il ne fasse pas de nouvelles bêtises. Du moins, jusqu'au moment où Maëlys décida de poser ses premières questions. Julian savait qu'il allait y avoir droit. C'était normal. Il lui demandait de ne rien dire à Leanne au sujet de leurs rencontres au parc et restait évasif sur l'histoire qui liait Leanne et Julian. C'était donc logique que Maëlys soit interpellée par tout cela. Il resta muet un instant, ne sachant pas ce qu'il devait dire ou ne pas dire. Julian était dans une situation délicate, c'était le moins que l'on puisse dire.

Oui, on se connaît depuis très longtemps. Au lycée, j'étais même dans sa classe. Nous étions amis, jusqu'à ce qu'elle parte de Bowen, alors qu'elle était enceinte de toi.

C'était clair, net et précis. Il n'en disait pas trop et ne lui mentait même pas. Il était juste incapable de lui dire que Leanne était partie de Bowen à cause de lui, de sa famille. Elle n'avait pas besoin de savoir cela. Pas de cette manière. Il passerait de suite pour le méchant de l'histoire. D'ailleurs, en parlant de "méchant de l'histoire", une question brûlait les lèvres du jeune homme qui s'empressa de demander :

Dis-moi Maëlys, ta maman, elle a parlé un peu de ton papa ?

C'était peut-être maladroit mais c'était du Julian tout craché. Il fonçait, sans réfléchir. Au moins, il serait fixé. Il fallait qu'il sache ce qu'elle savait de lui, ou même ce qu'elle pensait de lui...

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Oui, sa mère allait être contente. Maëlys travaillait toujours bien à l’école, sachant que c’était important. Elle ignorait ce qu’elle voulait faire plus tard, elle était encore trop jeune mais elle pensait à des métiers que les jeunes filles rêvaient de faire : maîtresse d’école par exemple. La sienne était gentille et très bien, mais sans doute qu’elle changerait d’avis, tout le monde changeait toujours d’avis. Et puis, sa mère lui avait souvent dit qu’il fallait bien travailler pour avoir ce qu’on voulait par la suite. Maëlys n’était pas bête, elle savait que la vie n’était pas facile, bien qu’elle l’ait souvent cru. Elle voyait ce qui se passait à la télévision, aux informations. Sa mère faisait en sorte à ce qu’elle ne puisse pas voir mais la petite voyait certaines choses malgré tout. Elle savait que sa mère avait quelques problèmes financiers, que tout n’allait pas pour le mieux tout le temps. Maëlys n’était pas malheureuse, loin de là, et connaitre la vérité du monde l’a rendait forte au final.

Quand Julian parla de sa rencontre avec sa mère, elle comprit que cela faisait vraiment longtemps qu’ils se connaissaient. Cependant, elle ne comprenait pas pourquoi elle ne lui avait jamais parlé de lui, surtout qu’elles étaient revenues vivre ici. Elle devait savoir qu’elle reverrait d’anciens amis. Maëlys réfléchissait mais les grands étaient parfois bien compliqués. La petite prit un air étrange, presque triste quand Julian demanda si sa mère lui avait parlé de son père. Ne l’ayant jamais connu, il ne lui manquait pas plus que cela. Quelque chose qu’on n’a jamais eue ne pouvait pas nous manquer. Pourtant, il y avait un petit quelque chose qui peinait Maëlys : tout le monde avait un père sauf elle. Au fond d’elle, elle avait envie de le connaitre, ou du moins, d’en savoir plus.

-Non. Elle m’a juste dit qu’ils ne s’entendaient plus et c’est tout. Ils se sont séparés et c’est comme ça.

Maëlys n’avait jamais insisté. C’était sa mère qui l’avait élevé.

-Je ne lui ai jamais dit mais j’aimerais en savoir plus. J’ai juste peur de lui faire de la peine si je lui demande. Tu as connu mon papa ? Il était comment ?

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Papaoutai.

Les questions de la petite fille sur la relation qui liait Leanne et Julian avaient été les prémisses d'une longue réflexion chez le jeune homme. Réflexion qui l'amena à aborder le sujet "tabou". Le père de Maëlys... Lui, tout simplement. Julian n'était pas dupe. Il savait qu'il ne manquait pas plus que cela à sa fille, que Leanne était une mère parfaite qui avait su combler son absence avec brio. Mais il avait besoin de savoir. C'était étrange comme réaction. Il savait qu'il ne serait pas un bon père, mais voir cette petite blondinette à ses côtés lui donnait presque envie de croire qu'il était capable d'assumer la paternité de Maëlys. "Ridicule" dirait son propre père, qui voyait en Julian un pauvre gamin qui avait perdu la tête depuis un bon moment déjà. En voyant l'expression de Maëlys, qui s'apparentait presque à de la tristesse, Julian la couva du regard, avec une douceur rare à apercevoir dans les yeux verts du blond. Il hocha la tête à la réponse de la petite fille. "Ils ne s'entendaient plus". C'était un bon moyen pour ménager cette enfant, même si oui, c'était très loin de la vérité. Au fond, Julian était rassuré. Au moins, elle ne le voyait pas comme un monstre. C'était déjà cela de pris. A ses nouvelles paroles, Julian répondit directement :

Bien sûr que je le connais ton p...

Il s'arrêta net dans sa phrase, se rendant compte de la bourde qu'il était en train de faire. Oui, il était à deux doigts de lui annoncer la vérité. Il se passa la main dans les cheveux, comme à chaque fois qu'il était gêné, avant de reprendre. Il avait envie de lui proposer une glace, afin de détourner la conversation, mais il était presque sûr que cela ne fonctionnerait pas.

Tout ce que je peux te dire, c'est que je suis certain qu'il t'aime et qu'il ne t'a jamais oublié. - ça faisait discours tout fait, mais c'était pourtant la vérité - Je ne suis pas le mieux placé pour en parler, mais si vraiment tu as besoin d'en savoir plus sur ton papa, tu devrais le demander à ta mère. Rien ne t'empêche d'essayer.

Oui, bon, Julian avait encore beaucoup de travail à faire en matière de conseils à donner à une enfant...

Invité

Il connaissait son père mais n’en disait pas plus que sa mère. Cela en était presque frustrant. Sa mère n’en parlait pas car un tel sujet n’avait pas vraiment lieu d’exister entre elle et sa fille. Pour elle, son objectif était de la protéger et moins elle en savait, mieux elle se portait. Cependant, la petite en avait des questions en tête. Plus elle grandissait, plus elle voyait ses camarades de classe avec les deux parents, plus elle voulait en savoir. C’était naturel pour un enfant de connaitre le parent manquant. Il avait besoin de savoir d’où il venait, qui était sa famille. Maëlys était ainsi également, elle arrivait à un âge où elle allait poser des questions, et à insister. Elle aimait profondément sa mère, elle ne voulait pas la voir souffrir et elle savait très bien que son père était un sujet difficile.

-S’il m’aime, pourquoi il n’est jamais venu me voir ? Je n’ai jamais eu de carte pour mes anniversaires, rien du tout.

Oui, pourquoi ? Si son père l’aimait vraiment et qu’il ne l’avait pas oublié, pourquoi il n’avait jamais fait acte de présence ? Au moins pour une carte aux anniversaires et à Noël. Il était resté silencieux durant tout ce temps. Dans le fond, peut-être qu’il le resterait. Sa mère semblait peu convaincue et le fait qu’elle gardait le silence à son sujet pouvait dire beaucoup de choses. La petite Maëlys espérait pourtant au fond d’elle, elle espérait quelque chose qu’elle risquait sans doute d’attendre pendant longtemps. Demander des informations directement à sa mère ? Non. Cela n’était pas possible même si la petite osait insister. Elle aimait trop sa mère pour aborder ce sujet tout en sachant que cette dernière ne le souhaitait probablement pas.

-Je ne sais pas. Elle ne parle presque jamais de lui, jamais en fait. Quand j’ai posé la question une fois, elle ne m’a pas dit beaucoup de choses et on en n’a pas reparlé depuis. J’ai peur de lui faire du mal si je redemande.

Et cela, elle ne le voulait pas.

-Si tu le connais, tu dois le voir souvent, non ? Il parle de maman et moi ? J’aimerai le voir un jour mais je ne sais pas si maman serait d’accord.

Au moins le rencontrer une fois pour qu’elle le connaisse, qu’elle se fasse sa propre opinion de lui. S’il n’était pas méchant, pourquoi n’aurait-elle pas le droit ?

HRP : Désolée du retard, j'étais en vacances durant une bonne partie du mois d'Août.

Invité

Papaoutai.

Bon... Julian allait devoir apprendre à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire de nouvelles bêtises. Il venait de faire une gaffe phénoménale en révélant qu'il connaissait le père de Maëlys. Lui, en l'occurrence. Comment allait-il pouvoir se sortir de la situation sans faire de mal à la petite fille et sans occasionner de nouveaux dégâts ? Le jeune homme était perdu. Pire, il était en plein dilemme : d'un côté, il voulait lui dire la vérité, même s'il devait se mettre Leanne à dos. D'un autre, il n'avait pas confiance en lui, ne se voyait pas comme un bon père pour Maëlys et avait envie de la protéger en lui épargnant sa présence. Deux points de vue contradictoires et pour lequel il avait du mal à départager. Alors qu'il venait de lui affirmer qu'il l'aimait, les paroles de la petite furent comme un coup de poignard. Elle reprochait l'absence de son père et doutait de l'amour qu'il lui portait. Ce qui était normal, mais difficile à entendre. Pourquoi n'était-il pas venu la voir ? Parce qu'il était un lâche, voilà tout.

Euh... bon c'est vrai, il n'est jamais venu te voir, il ne t'a jamais envoyé de lettres ou de cartes, mais il devait probablement avoir ses raisons. Cela ne l'excuse pas, certes, mais il doit le regretter. J'en suis même sûr et certain.

Julian s'enfonçait de plus en plus, c'était le cas de le dire. Et encore plus en poussant la petite fille à demander à sa mère des renseignements sur le géniteur de Maëlys. Pour Julian, c'était normal. Il avait toujours tout demandé à ses parents et n'avait jamais vraiment eu de sujet tabou. En grandissant, cela ne s'était pas arrangé. Quand il voulait savoir une chose, il faisait tout pour arriver à ses fins, même si cela était blessant pour quelqu'un.

Tu es en droit d'en savoir plus sur ton père et je pense que ta mère le sait très bien.

Sachant que Leanne était revenue à Bowen avec l'idée de faire assumer ses responsabilités à Julian, elle était désormais dans l'obligation de parler de lui à la petite fille. Il y tenait, ne serait-ce que pour préparer Maëlys au fait que Julian était son père. Il ne voulait pas passer pour le méchant de l'histoire. Cette époque était révolue et son ex devra s'y faire. En entendant la voix de Maëlys, Julian sortit de ses pensées et reposa son regard sur elle.

Il m'arrive de le voir, oui. - Qu'il avait honte de mentir à ce point, mais que faire d'autre ? - Il parle de toi et de ta mère, en effet. Encore plus ces derniers temps.

Autant donner un peu de vérité dans cette grande comédie improvisée. Julian n'aimait pas parler de lui comme s'il était une autre personne, mais il n'avait pas le choix. Il ne pouvait pas lâcher une telle bombe. Pas comme ça, pas ici, pas maintenant ! Néanmoins, les dernières paroles de Maëlys l'intriguèrent quelque peu.

Tu as vraiment envie de le voir ? Malgré le fait qu'il ait été totalement absent jusqu'à présent ?

Spoiler:

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