T'veux pas d'mon aide ?

‘Tu peux passer chercher ma voiture au garage ?' Après quatre années dans ce pays, elle ne s'y connaissait toujours pas dans les lois, elle s'était installée avec un mari la rassurant sur tout, il ne pouvait rien lui arriver, elle pouvait faire ce qu'elle voulait. Anka n'y connaissait rien en voiture, elle ne détenait pas même le permis, elle n'avait que la chance d'avoir le même nom de famille qu'un propriétaire de voiture trop occupé pour se libérer et ramasser une voiture. Ses uniques moyens de transports étaient ses jambes, son vélo ou ses rollers, ça n'avait rien à voir, mais elle était bien trop gentille pour lui refuser ça, bien trop stupide pour voir le danger dans lequel elle se mettait. Après avoir signé les papiers, elle se retrouvait au volant d'une voiture, le cœur battant à tout rompre par l'angoisse qui s'était installée bien trop soudainement. Elle ne s'était pas posée de question avant, elle savait comment allumer une voiture, rouler sur quelques mètres, elle n'allait pas pouvoir rouler dans une ville, c'était certain. Rien qu'y penser, savoir qu'elle pourrait faire des accidents lui donnait des sueurs froides. Qu'est-ce qu'elle venait d'accepter ? Pourquoi son mari lui faisait faire un truc aussi stupide ? Elle ne pourrait que le réprimander plus tard, si elle venait à l'appeler maintenant il ne répondrait pas, de toute manière. Miraculeusement, sur quelques kilomètres, elle gérait la voiture, surfait sur la route australienne comme si elle l'avait fait toute sa vie avant que tout s'écroule et que sa voiture décide de rendre l'âme ou simplement ne plus avancer. Son cœur s'arrêtait au même moment, parce qu'elle rejetait la faute sur elle ; qu'est-ce qu'elle avait fait de mal ? Et comment elle pourrait se débrouiller si les policiers arrivaient ? Elle pourrait toujours trouver une solution sur l'instant, mais pour l'instant sa tête submergeait dans l'anxiété qui s'emparait d'elle jusqu'à l'engloutir.  Elle faisait la seule chose qu'elle connaissait réellement, mettre un triangle à quelques mettre de la voiture et envoyer un message à son ex, pour lui déballer toute son inquiétude avec seulement deux mots en majuscule ‘à l'aide !'. Qu'il arrive avant que quelqu'un d'autre le fasse, elle l'avait bien espérée, elle traînait autour de la voiture, cherchant une cause aux problèmes, à l'arrêt soudain de celle qui devait dominer les routes. Elle déposait ses yeux remplis de détresse sur une voiture qui s'arrêtait non-loin, avant de reporter son attention sur le cadet de ses problèmes. « J'ai un gros problème oui, ma voiture s'est arrêtée sans aucune raison. » Sa voix tremblait, pas de tristesse, juste de peur. « C'est même pas la mienne ! » Elle bougeait les mains avant de se tourner vers l'homme et avoir un mouvement de recul en voyant son visage, c'était clairement malpoli. Pire que ça, elle avait peur d'un homme qui venait lui demander si tout allait bien. « Euh … mh. » Si elle était douée dans les mensonges en temps normal, son visage ne pouvait pas mentir lui.

De l'essence ? Elle n'y avait pas pensée et si c'était la cause, alors elle aurait juste l'air stupide. « Euh … Peut-être. Oui, je pense qu'il y a de l'essence. » Elle ne saurait dire si elle s'en voulait plus à elle-même de ne pas connaître les voitures et ne pas chercher à passer une licence en arrivant en Australie ou si elle était en colère contre son ex pour l'avoir sollicité elle plutôt qu'un autre membre de sa famille pour sa voiture. Ils résidaient tous à Bowen, ils avaient pour la plupart le même nom et ça la vexait de se dire après ça, qu'il pensait qu'elle n'avait rien à faire de ses journées. Depuis que leur relation s'était mise en pause, elle faisait tout pour occuper son temps et son esprit, les cours et le boulot lui prenait du temps et elle s'efforçait de sortir pour agrandir son cercle ou du moins, s'en trouver un. Elle voulait connaître le pays d'elle-même et elle faisait n'importe quoi depuis ces dernières semaines. Rentrer par effraction avant de se faire prendre par le propriétaire puis faire un deal douteux avec lui et maintenant, elle conduisait sans permis sur les routes australiennes, en risquant de se faire prendre. Et si elle souhaitait que quelqu'un s'arrête, quand ça arrivait, elle angoissait de se faire arrêter. Qu'est-ce qu'elle deviendrait en prison, dans un pays qui n'était pas le sien ? Rien qu'à s'imaginer dans une cellule lui donnait des sueurs froides. Pas plus que lorsqu'elle se retourna vers l'homme qui venait la secourir. C'était nul, elle ne voulait même pas avoir peur, sauf qu'elle ne pouvait pas se contrôler, avoir la main sur les émotions qui passaient par son crâne et les idées qui en fusaient. Elle avait déjà vue des personnes s'arracher les dents pour se donner un certain style, mais c'était totalement différent, comment on pouvait se défigurer pour se donner un style ? La culpabilité venait rapidement la prendre à la gorge lorsqu'il disait avoir l'habitude de ces regards. Pas fichu d’agir comme une autre, elle se sentait sale. Elle riait nerveusement en l’écoutant. « D’accord … De toute façon je ne peux pas m’excuser si vous êtes né comme ça. » Ça aurait plus été à la mère de s’excuser d’avoir mis son fils au monde avec une partie ‘ratée’ et encore, ce n’était pas volontaire pour certaines. Parce que pour elle, c’était plus logique de se dire qu’il était comme ça de naissance, même s’il devait avoir eu une vie terrible à vivre. « Ça reviendrait un peu à regretter votre venu au monde, or vous me venez en aide au moment où j’en ai le plus besoin. » Elle ne savait jamais s’arrêter aux bons moments, quand elle ne savait pas quoi dire, elle balançait n’importe quoi. La sud-africaine tentait de se concentrer rapidement, hochant de la tête lorsqu’il demandait à voir ce qu’il y avait sous capot, elle ne savait pas comment ça s’ouvrait, mais elle pouvait tenter. La brune se posait devant la voiture, elle n’y connaissait peut-être rien en automobile, mais elle savait où se trouvait un capot, puis elle passait ses doigts dessous, essayant de tirer vers le haut. Sans résultat. Pinçant ses lèvres et retenant un rire alors que ses joues s’empourpraient rapidement. « C’est cassé. » Dans un murmure, elle tournait furtivement sa tête vers lui, avant de réessayer une nouvelle fois. « Faut … faut prendre un pied-de-biche ? Mais j’ne veux pas abîmer la voiture ... » La honte, elle voulait se cacher entièrement ou que ce type retourne dans sa voiture et finisse par oublier ce qu’il venait de voir.

Depuis qu'il s'était garé pour la rejoindre, la brune ressentait une gêne énorme, un poids qui pesait son cœur et l'empêchait de respirer correctement, elle voulait rire pour rien, elle disait n'importe quoi, tout ça guidé sous la nervosité d'être prise en flagrant délit d'être une abrutie de la route. Elle ne savait pas s'expliquer pourquoi la voiture s'était arrêtée et si l'essence était le problème, alors elle préférerait que cet homme oubli son visage pour toujours, qu'il parte sans même s'approcher de la voiture. Quelle sorte de honte pouvait-elle ressentir avec ça ? Pour le moment, elle n'en avait pas la réponse, mais elle n'y connaissait tellement rien en voiture, qu'elle se mettrait rapidement dans l'embarras et rien que penser ça, ça l'étouffait. Pour quelques secondes, elle laissait de côté la voiture, se concentrant que sur le visage de l'homme tandis que le sien se défigurait légèrement, pas de dégoût, simplement de peur. Elle détestait sa pensée d'agir ainsi, mais c'était plus fort qu'elle, les personnes aux visages défigurés, elle ne connaissait pas réellement ça, c'était la première fois qu'il y avait un cas pareil devant ses yeux et ça la faisait trembler. Se ressaisissant le plus rapidement qu'elle le pouvait, ça n'avait pas empêché l'homme de remarquer son air et commencer à parler de ce sujet. Un mot de travers et elle pouvait devenir la pire des personnes, elle se contentait de se dire qu'il était né comme ça, l'encré dans son esprit pour ne pas se faire encore plus peur. « Un accident ? Oh ... » Il enlevait tout ce que pensait Anka en une seconde, une phrase. Quel genre d'accident pouvait occasionner ça, être aussi marqué ? « Je ne sais pas, non. Enfin, je veux dire … peut-être, mais pas des comme ça. » Elle s'était déjà brûlée, mais n'en gardait pas de marque, parce que ce n'était pas énorme, se brûler la langue avec du lait chaud ou se brûler en touchant une plaque chaude, ça n'avait rien à voir. « Qu'est-ce qui vous est arrivé ? Si ce n'est pas indiscret, puis si vous ne voulez pas en parler, ce n'est pas grave. » Lançait-elle rapidement, en bafouillant presque. Ils n'étaient pas là pour faire de la conversation et pourtant, elle semblait bien s'y lancer dedans. Peut-être pour cacher le problème et repousser ce qui allait l'embarquer en prison. Il finissait par lui demander d'ouvrir le capot et elle s'exécutait rapidement. Du moins, elle essayait, parce que rien ne se produisait. Ce qui semblait si simple dans les films ne l'était pas dans la réalité, peut-être qu'il était là le problème, mais elle doutait qu'un capot puisse endommagé la fonctionnalité de la voiture. En parlant de pied-de-biche, elle tournait son regard vers son sauveur, qui ne semblait pas réceptif, pas comme elle le voulait du moins. La sud-africaine suivait ses instructions du mieux qu'elle pouvait traduire, car les abréviations de mots étaient toujours un peu difficile pour elle, Anka ouvrait la porte et regardait sous le volant avant de se concentrer autour des pédales. « Haha. Oui je savais, mais l'angoisse me fait un peu … perdre mes esprits. » Ou le comment elle essayait de se rattraper sur ses bêtises, pas certain qu'il puisse la croire. Surtout qu'elle n'était pas capable de voir de quelle manette il parlait, pour elle, tout ressemblait à des manettes, même les pédales, alors elle appuyait partout et finissait par tirer sur ce qui semblait être la bonne.  « Et voilà, vous n'avez pas besoin de vous fatiguer ! » Presque fièrement, elle se redirigeait vers l'avant avant de réessayer et finalement voir un moteur pour la première fois de sa vie. Rien ne semblait anormal à ses yeux puisqu'elle n'y connaissait rien. Peut-être que c'était la fiesta à l'avant de sa voiture et qu'elle ne le savait pas, peut-être qu'elle avait récupéré au garage une voiture à moitié finie. Quelle poisse. « Le moteur tourner ? » Mauvaise traduction. Il s’y connaissait réellement en voiture ? L'image en tête, elle trouvait ça étrange le fonctionnement d'une auto, un vrai manège. « J'ai pas  trop osée. J'avais peur de casser encore plus la voiture. Enfin, elle sort du garage en plus, je suis certaine qu’ils ont fait n’importe quoi ! » La brune voulait se faire passer pour innocente. Elle s'emballait sûrement, elle ne savait même pas pourquoi la voiture avait été là-bas de base.

Elle n'assumait pas de lui demander ce qu'il lui était arrivé, mais si ça pouvait lui éviter d'avoir son visage défiguré par un accident, ça pouvait l'aider. Même si c'était une cruelle pensée. Il ne l'avait pas demandé lui non plus. Quand il finissait par lui parler de voiture, son sang se glaçait, son sourire se déformait à cause de ses lèvres tremblantes, peut-être que ce n'était qu'une blague pour lui faire peur, parce qu'elle aussi sa voiture s'était garée. Ses yeux se perdaient au-dessus de son épaule, pour zieuter la voiture qui se trouvait derrière. « Je vois … Ils sont quand même venu vous sauvez. » Aucun mot ne pouvait réparer ce qui s'était passé, personne ne pouvait effacer un passage d'une vie pour la réécrire comme ça lui chantait. Cet homme en avait conscience, il disait même qu'il n'aimait pas les gens désolés pour lui. « Vous n'avez pas peur de reprendre votre voiture après ça ? » Parce qu'il avait réussi à la terrifier elle à l'idée de retoucher au volant. Si même les personnes qui avaient le permis venaient à se blesser avec quelque chose qu'ils maîtrisaient, elle en venait presqu'à se dire que prendre ses rollers ou faire du vélo toute sa vie n'était pas si mal. Au moins, quand elle faisait un accident, ce n'était en aucun cas grave, elle avait de petites éraflures pour deux jours, pas une vie. Elle s'avançait vers la portière, tirant sur la manette dont il parlait et comme excuse, elle sortait que l'angoisse lui faisait perdre ces moyens, ce qui n'était pas faux quelque part. Elle avait toujours fonctionné comme ça, si quelque chose lui faisait peur, son cerveau se bloquait, elle agissait comme une débile. Ça devait être pire en sachant qu'elle n'y connaissait rien au sujet, elle devait simplement encrasser l'image qu'elle renvoyait à cet homme. « Je vous ai dit, c'est pas la mienne. » La brune tournait son regard vers lui, se demandant s'il pensait que c'était de lui qu'il parlait. Qu'il ne fallait pas angoisser de sa présence. Puis elle se sentait mal en pensant que la peur  ressortait tant alors qu'elle essayait de l'enfouir. Parce qu'elle se montrait trop timide et qu'elle ne savait pas réellement ce qu'il avait en tête, elle ne faisait que pincer ses lèvres. « Euh … » Ça lui semblait nettement plus clair et elle s'expliquait, qu'elle n'avait pas osée, pour ne pas faire exploser le tout comme dans les films. Et si la voiture était piégée ? Elle n'était pas dans la merde. « Je … mh. J'en sais trop rien. Je sais juste que sur le logo y'a deux … trucs pour les boulons qui s'entrecroisent dessus. » Elle grimaçait, ça ne l'aidait pas réellement. Il allait encore se poser des questions alors que c'était l'explication que son ex lui avait donnée, le nom de la rue et le logo, comme ça elle n'allait pas se tromper. Et quand elle avait remplie les papiers, elle n'avait jamais pensé à regarder. « Enfin, un garage ne peut pas arnaquer les gens, hein ? » C'était rhétorique, elle pensait que la bonne foi des gens dans ce monde du travail était présente. « J'dois clairement pas aider, j'suis désolée. » Anka riait nerveusement ne voulant que se cacher de la honte dans laquelle elle s'enfonçait. « Elle a commencé à aller de moins en moins vite puis j'ai fini par la garer là. » Déjà que de base, elle s'était appliqué pour ne pas rouler vite, tellement froussarde qu'elle était. C'est pour ça qu'elle avait emprunté les petites routes, pour ne déranger personne avec ses quelques kilomètres heures.

Si elle n'avait pas consommée d'alcool ces dernières heures, elle ne pouvait s'empêcher de paniquer à l'idée que ça pouvait faire autant de choses sur le mental et en même temps, elle se sentait soulagée de ne pas avoir pris la voiture avec de l'alcool dans le sang parce qu'elle ne finirait pas défigurée. C'était toujours un peu méchant de se comparer à lui, en se disant qu'elle avait de la chance. Et qu'est-ce qu'elle pouvait lui dire ? Tant mieux s'il ne buvait plus ? Non, c'était stupide. Le plus intelligent était de faire une mine étrange proche de la compassion et garder le silence pour les minutes qui suivaient. Sauf qu'elle ne gardait jamais longtemps la langue dans sa poche, elle avait toujours quelque chose à dire, même si c'était inutile, même si c'était stupide. Comme les gestes maladroits qu'elle montrait devant cet homme, vouloir ouvrir son capot avec un pied-de-biche, forcer dessus, tout ça devait donner mal au crâne et elle devait avoir l'image d'une abrutie après ça. Décrire d'où la voiture sortait était tout aussi compliqué, elle n'avait pas pris le temps de retenir le nom du garage, seulement le logo et elle n'y connaissait pas grand-chose en mécanique alors elle se débrouillait avec ses mots à elle. Des trucs. Il la corrigeait vite, parlant d'écrous, ce à quoi elle répondait par un mouvement positif de la tête. « Il me semble que c'est Danny, oui ! » Elle ne savait pas réellement si c'était vrai, elle avait juste de l'espoir que ce soit cette personne, sur son bleu il y avait bien un 'd' mais rien de plus. Son sourire se déformait une fois de plus lorsqu'il faisait son discours avec des mots qui lui étaient presque inconnus. Elle n'y connaissait réellement rien, elle ne pouvait pas le vérifier. Ce n'était pas réellement de sa faute non plus. Les gens qui étaient payés pour réparer des voitures pouvaient arnaquer. Elle n'était pas sortie de la merde avec ça, son regard se faisait plus inquiet, elle ne voulait pas se rendre compte qu'elle avait sortie une voiture avec un moteur cassé sans avoir fait de crise au garage. « Ça l'est clairement pas. » Dans le métier qu'elle faisait principalement, la brune était plus vers les animaux et lorsqu'il lui arrivait d'aller autour des véhicules, ce n'était que des tracteurs ou des quads, elle ne s'occupait pas de tout ce qu'il y avait autour. Et sûrement que ce n'était pas réellement légal ce qu'elle faisait, comme maintenant, mais c'était pire car elle roulait à la vue de tous. Il finissait par regarder et elle zieutait à son tour, essayant de comprendre où étaient reliées les affaires, à quoi ça servait, les symboles aidaient, mais elle ne pouvait dire si tout était normal. « Y'a autant de problèmes !? » Ou peut-être qu'il avait fait qu'une liste, mais elle avait mal compris, sans doute parce que la colère contre le garage remontait. « Je vois ... ça ne sert à rien d'essayer ... » Elle se pinçait les lèvres. « Je fais comment, du coup ? » Disait-elle en tournant ses yeux remplis de détresse vers lui, le suppliant presque de l'aider à faire quelque chose. Sauf qu'elle ne pouvait pas le regarder bien longtemps. C'était dégoûtant de sa part, mais il lui donnait des mauvais frissons. « Vous êtes sûr que ça vient du moteur ? » Après tout, peut-être que lui essayait de l'arnaquer pour avoir des faveurs derrière, maintenant qu'il l'avait prévenu, elle voulait faire attention, même si de base, il l'aidait.

Elle fronçait les sourcils, il n'avait en effet pas besoin de dire grand-chose puisqu'elle ne comptait pas parler sur la tête de Danny. Anka n'allait pas lui cracher dessus parce qu'il avait fait un mauvais boulot ou parce qu'il l'avait arnaqué, elle osait croire pour calmer sa colère intérieure que tout le monde avait une mauvaise période, des idées tristes et que c'était pour ça qu'il ne fallait pas blâmer un mauvais boulot, il fallait chercher un peu plus loin que les apparences. Elle se contentait de retenir son prénom et elle irait dire à son ex qu'il ne fallait pas retourner dans ce garage, qu'il valait mieux aller voir ailleurs, ce n'était pas les sous qui manquaient il pouvait rajouter quelques billets pour que son bijou soit entre les mains de personnes qui ne laissaient pas leurs émotions prendre le dessus sur leurs concentrations. Si c'était vraiment l'humeur qui avait joué. « Je suis étudiante en histoire et aide agricole occasionnellement. » Quand du boulot s'offrait à elle, ce n'était pas comme si elle était salariée dans une ferme, quelque chose de plus stable. Elle, c'était plus quand un agriculteur ne pouvait plus se lever de son lit ou qu'il décidait de voyager, elle prenait le relai de la ferme. Et si quelque chose devait lâcher là-bas, elle n'aurait qu'à appeler un autre salarié sur les lieux pour qu'il fixe le problème. Du moins, c'était dans ses pensées, parce que heureusement, rien n'était encore arrivé. En regardant ce qu'il y avait dans le moteur de la voiture, il exposait plusieurs problèmes et une nouvelle fois, elle comprenait de travers et passait pour la femme la plus abrutie de Bowen, ce qui avec l'angoisse ne devait pas être loin de la vérité. Elle perdait toujours ses moyens quand elle savait qu'elle allait devoir annoncer des mauvaises nouvelles aux gens ou quand elle devait demander de l'aide. Là ça ressemblait à un combo ; elle allait devoir dire à son ex qu'il avait perdu de l'argent parce qu'elle n'avait pas été capable de vérifier si tout semblait correct et elle essayait indirectement de demander de l'aide à cet homme qui comprenait bien mieux ce qu'il se passait sous ce capot. « Ouais ... c'est vrai. » Puis ils avaient parlé  d'arnaqueur avant, donc elle avait bien le droit de croire qu'il y avait autant de problèmes dans cette voiture, non ? Il disait pouvoir remorquer la voiture et un éclat venait illuminer son regard. « C'est vrai !? Vous pourriez faire ça pour moi ? » Elle ne voulait pas mourir à essayer de rallumer cette voiture et avancer sur quelques mètres, ça serait une mort triste. Puis en plus, elle serait coupable d'avoir été au volant sans permis. « Euh ... Je ... je sais pas. » Qu'est-ce qui était le mieux ? « Je ne veux pas trop prendre de votre temps, j'en ai déjà trop fait, alors ça ne serait pas mieux au garage ? » C'était une question uniquement parce qu'elle avait extrêmement de mal à prendre des choix soi-même et qu'elle avait toujours l'impression de faire les mauvaises choses. Encore plus aujourd'hui, c'était la poisse. « Oui, je comprends ... » Qui voulait passer deux heures sur le bas-côté en compagnie d'une personne qui parlait trop sans y connaître rien ? Personne. Alors, elle ne pouvait que le comprendre.

La brune s’était lancée dans l’histoire parce que c’était quelque chose qui l’intéressait, elle n’avait jamais pensée que ça pouvait lui servir pour son avenir. Elle aurait pu se contenter de faire quelques recherches sur internet pour satisfaire ses envies de connaissance, mais elle s’était dite qu’elle en apprendrait plus sur les bancs de cours. Aujourd’hui, elle ne savait pas si c’était vrai, mais ça la passionnait toujours. « Pas certaine que je serais en train de l’étudier si c’était chiant. » Elle ne voulait pas se louper dans ses études, elle voulait ressortir avec le meilleur diplôme qu’elle pouvait pour ne pas faire tâche dans la famille de son mari. Ses études, elle n’y dépensait pas un rond dedans, alors elle avait une pression supplémentaire. Elle se sentait un peu mal à l’aise aussi de dévier de conversation, parce qu’elle avait un plus gros problème sous les yeux et qu’elle ne savait pas le régler autrement, qu’il n’y avait que lui qui pouvait le sauver et pourtant il préférait savoir si ses études étaient intéressantes. Peut-être que ça le saoulait lui, de parler que de voiture. « Vous avez fait des études en mécanique ? » Elle restait sur le sujet de sa voiture, mais parlait des études, puisque ça semblait l’intéresser un peu. Ou pas d’ailleurs. Après quelques erreurs de compréhension, il venait à dire qu’il pouvait peut-être faire quelque chose et suggérait de la remorquer soit jusqu’à chez-elle ou jusqu’au garage. La seconde option semblait la meilleure, parce que son mari n’aurait pas à appeler un remorqueur de chez-elle jusqu’à un garage de nouveau et comme ça, elle serait plus vite réparée. Enfin c’est ce qu’elle pensait, elle n’en savait rien. Anka se contentait juste de se montrer trop heureuse du fait qu’il pouvait l’aider une fois de plus sans se douter qu’à la fin, elle pouvait passer pour une personne étrange, flippante. « Vous êtes trop bon, merci beaucoup ! » Il valait mieux le complimenter sur sa bonté parce qu’elle s’était suffisamment montrée effrayer par son physique dont elle avait toujours un peu de mal à regarder. Même si c’était terrible à s’avouer qu’elle était une abrutie pas capable de regarder des personnes malformés. « Oh ! Si vous pouvez me ramener chez-moi, c’est génial. » Il ne faisait qu’accumuler les bons points à l’instant, il se proposait volontaire pour presque tout et elle n’allait pas s’en plaindre. « J’le pensais pas, mais vous êtes quand même quelqu’un d’incroyable. » Sortait-elle sans s’en rendre compte, en pensant un peu trop fort. Elle gardait son sourire béa, trop contente que quelque la sorte de la misère et de savoir qu’elle n’allait pas exploser en allumant la voiture. « D’accord … je peux le faire, je crois. » Même si ça l’emmerdait, parce qu’elle pensait qu’elle n’avait plus rien à faire, qu’elle avait peur de faire n’importe quoi. Puis finalement, il mettait tout en place  - parce qu’elle n’était capable que de regarder sans comprendre quoi faire  - et elle rentrait dans ‘sa’ voiture, faisant tout ce qu’il disait à la lettre pour ne pas passer une nouvelle fois pour une débile. Après quelques minutes, ils finissaient par s’arrêter à ce qui semblait être le garage. Elle posait ses pieds à terre, attendant l’homme. « Y’a pas photo ! Vous conduisez bien mieux que moi ! » Est-ce que c’était une expression qu’ils utilisaient ici ? Qu’importe. Elle ne pouvait pas sortir en criant ‘je vous guide jusqu’à chez-moi maintenant’ il y avait déjà bien trop de possibilité de compréhension derrière cette phrase et ça ne se disait pas, elle avait un minimum de politesse.