home is behind, the world ahead - ft. Bessie

__________________________________________

home is behind, the world ahead
__________________________________________

@bessie baratti & @lys r. kickett

Cela devait bien faire une heure que nous grimpions, et la pente était sacrément raide. Je n’étais pas du genre à rechigner dans l’effort, au contraire, j’aimais plutôt ce genre d’expédition en pleine nature qui nous laissait face à soi-même, même si, dans ce cas précis, je n’étais pas tout à fait partie seule.
— Bessiiiiiie, dis-moi qu’il y a encore de l’eau dans la gourde !
Je pouffai avant même d’entendre la réponse de la jolie brune qui me suivait. Bessie, l’amie d’enfance d’Azriel, avait accepté un peu à la dernière minute de m’accompagner dans cette expédition totalement improvisé. Je connaissais le côté aventureux de Bessie et j’étais quasiment sure, en lui proposant, qu’elle serait d’accord pour sauter dans des chaussures de randonnée et me suivre avec un sac à dos pour bagage de la journée. Nous avions décidé de sortir un peu de Bowen, et de longer la côte qui pouvait être assez écharpée, sans parler du sérieux dénivelé de certains petits chemins. Heureusement, le temps était clément et le soleil ne nous écrasait pas de trop.

Une pause, je n’étais clairement pas contre, et j’étais d’ailleurs bien heureuse qu’elle me le propose. Si tôt Bessie eut-elle suggéré de s’arrêtait que je me stoppai net, m’écroulant presque au sol. Ma respiration était accélérée, mais malgré tout, c’était une sensation agréable et cela me plaisait d’être en plein air. J’avais grandement besoin de voir du large.
— Ca grimpe pas mal, quand même, commentai-je en contemplant le chemin que nous avions parcouru.
J’attrapai la gourde que me tendit Bessie et avalai une longue rasade d’eau. J’avais l’impression de pouvoir ingurgiter mon poids en liquide tant j’avais soif. Je pris le temps de me poser, de reprendre gentiment mon souffle, laissant mes yeux parcourir le paysage devant moi. Dieu que l’Australie était magnifique. Je laissai sa beauté m’enivrer et une douce sérénité m’envahit du même coup. Je fermai les yeux alors, comme pour prendre du recul. J’en avais grandement besoin ces derniers temps.

Bessie avait raison, l’endroit était à couper le souffle. Je laissai un instant mon regard balayer la vue, avant de me concentrer à nouveau sur le visage de l’italienne à qui je souris. Elle me demanda comment j’avais trouvé l’Italie. Y penser me rendit tout à coup nostalgique.
— C’était magnifique ! Les Pouilles, c’est vraiment une très jolie région.
Tu peux faire mieux que ça Lys, on dirait que t’es en train d’écrire une carte postale… Mon sourire s’élargit quand un souvenir refit surface dans mon esprit.
— On a voulu me gaver de lasagnes et de tiramisu mais…
Je pouffai. Je me souvenais du moment où j’avais avouer à la grand-mère d’Azriel que je n’avais plus faim, elle avait eu dans le regard une sorte de compassion étrange qu’on a quand on tombe sur un petit oiseau affamé ; sans doute n’étais-je pas suffisamment en chair pour elle. Je n’étais pas vraiment maigre, pourtant.
— Les grands-parents d’Az sont…vraiment des gens géniaux. Généreux, tellement solaire aussi…je comprends mieux d’où il tient ça.

Je fronçai les sourcils à la remarque de Bessie puis pouffai à nous, m’illustrant dans un petit rire.
— Evidemment que je ris ! ripostai-je d’un ton joyeux, pourquoi ça ne serait pas le cas.
Le voyage en Italie, et la vision de Azriel si triste, le cœur et les émotions a vif m’avaient ébranlée, il était vrai. Eprouvée, même s’il fallait mettre un mot exact sur ce que j’avais ressentis. La simple pensée de mon meilleur ami, face à sa maison d’enfance, le visage douloureux, me remuait les tripes. Je préférais la chasser, à chaque fois qu’elle me venait, car je ne savais pas la traiter. Bessie sembla insister, je haussai les épaules.
— Le voyage…n’a pas été simple pour Azriel disons. Du moins…à certains moments. Il était heureux de revoir sa famille, mais ça lui a aussi ramené des souvenirs douloureux, et je n’ai pas aimé le voir comme ça. Ca m’a fait mal. J’aurais aimé pouvoir lui éviter ça…